Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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4o6 HISTOIRE DU CINEMA a voulu donner a cette expression un sens pejoratif. Morceau de bravoure, certes, si, conformement au dictionnaire, on entend par la que le talent de celui qui l'a concu et execute s'y deploie largement, mais morceau de bravoure qui se trouve si exactement a sa place et, encore mieux, si parfaitement en situation qu'on ne voit pas bien comment la scene dans laquelle il s'insere pourrait sans lui avoir sa pleine signification. Ce qui, sans doute, est plus critiquable c'est la longueur de la scene de la mort de Kean, la complaisance avec laquelle Volkoff a fourni la a son interprete l'occasion de se montrer grand acteur et, si averti que Ton soit du gout que le romantisme a montre pour les morts th^atrales qui n'en finissent pas — rappelons-nous Hernani ! — on ne peut s'emp£cher de penser que pour l'ceuvre non moins que pour l'interprete un peu plus de discretion etait souhaitable. Cette insistance a peut-etre son excuse dans la volonte bien arreted que Volkoff avait eue de placer son film sous le signe, non de la virtuosite, mais de l'emotion et dans le desir de Mosjoukine de conquerir le cceur des Parisiennes qui le connaissaient encore peu par les larmes qu'il ferait couler de leurs beaux yeux. Mais la reconstitution de l'6poque et de l'atmosphere anglaise est si exacte avec ses nuances tant6t de stylisation ironique tantot d'exag£ration tendant a la bouffonnerie ou les Russes sont sans rivaux, les images sont si bien composees, Interpretation est si remarquable avec Nathalie Lissenko, Mary Odette, Deneubourg, Bras, Otto Detlefsen et surtout avec Nicolas Koline, unissant le pittoresque le plus sur a l'emotion la plus discrete dans un personnage de sourBeur devoue au grand acteur qu'il a souvent tire d'un mauvais pas que, de la premiere a la derniere image, on a l'impression de se trouver en face d'une ceuvre de grande classe. Quant a Mosjoukine, c'est sans doute ici qu'il a trouve l'expression la plus harmonieuse de son talent, sinon la plus complete de sa forte et complexe personnalite, une des plus curieuses du cinema, nous essaierons de le montrer plus loin. La meme annee 1924, Alexandre Volkoff realisa un autre film d'un genre bien different : Les Ombres qui p assent. Kean etait la transposition d'un drame romantique. Les Ombres qui passent est un conte philosophique a tendances vaudevillesques, a propos duquel on pourrait prononcer bien des noms, de grands noms peu habitues a voisiner, de JeanJacques Rousseau et Voltaire dans la premiere partie a Chariot et a Buster Keaton dans la seconde. Le h6ros des Ombres qui passent est, en effet, un jeune homme qui a grandi a la campagne, loin de l'atmosphere a tous egards malsaine des viUes et sans autre compagnie que celle de son pere, un vieux philosophe qui en est reste aux idees du XVIIIe siecle et d'une petite amie d'enfance qu'il a epous^e lorsqu'elle est devenue une charmante jeune fille. Eleve