Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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4i4 HISTOIRE DU CINEMA gent et savant et elle est tout a l'honneur de Poudovkine. Mais elle est aussi tout a l'honneur de Mosjoukine car elle montre que celui-ci, tout comme Sessue Hayakawa, savait combien expressive peut etre la discretion m£me poussee jusqu'a l'impassibilite car cette image a laquelle tous ceux qui l'avaient vue avaient prete trois expressions profondement differentes en avait une particuliere, mais l'intensite de cette expression etait telle qu'elle pouvait correspondre a tout sentiment profond profondement ressenti mais sobrement exteriorise. Ainsi, sans avoir pris exemple sur Sessue Hayakawa c'etait au m&me resultat que Mosjoukine etait arrive tout simplement parce qu'il avait compris que, s'adressant a un public dont les facultes de reception sont differentes parce qu'il n'est pas place dans les memes conditions qu'au theatre, l'acteur d'ecran jouant devant l'objectif doit avoir recours a des moyens d'expression diff^rents de ceux dont use l'acteur de theatre jouant derriere la rampe. Ceux qui ont reproche a Mosjoukine le caractere theatral de son jeu sont pourtant excusables du moins jusqu'a un certain point, les personnages qu'il a animes sur l'ecran ayant le plus souvent un caractere exceptionnel, sinon excessif (Le Lion des Mogols, Feu Mathias Pascal) et quelquefois meme nettement theatral comme ce fut le cas pour Casanova et surtout pour Kean, ce Kean dont il semblait fait pour ressusciter l'etonnante personnalite. Au lendemain de la premiere representation de la piece de Dumas avec Frederick-Lemaitre dans le role principal, Henri Heine adressait a « La Revue de Stuttgart » les lignes suivantes « « J'ai cru voir devant mes yeux Edmund Kean... Celui-ci avait dans sa personnalite et dans son jeu quelque chose que je retrouve dans Frederick-Lemaitre... Kean etait une de ces natures exceptionnelles qui, par certains mouvements subits, par un son de voix etrange et par un regard plus etrange encore, rendent visibles non pas les sentiments vulgaires de chaque jour, mais tout ce que le cceur d'un homme peut enfermer d'inou'i, de bizarre, de tenebreux. II en est de m£me chez Frederick-Lemaitre. C'est un farceur sublime dont les terribles bouffonneries font palir de frayeur Thalie et sour ire de bonheur Melpomene (i). » Qu'aurait dit Henri Heine en voyant Mosjoukine dans ce meme role ? Comment ne pas se le demander en lisant ces quelques lignes ? Cette « nature exceptionnelle », ces « mouvements subits », ce « regard etrange » rendant « visibles non pas les sentiments vulgaires de chaque jour mais tout ce que le coeur d'un homme peut enfermer d'inoui, de bizarre, de tenebreux », ne sont-ce pas exactement les caracteristiques (i) CiU par Silvain dans * Frdderick-Lemaltre » (FHix Alcan Edit. Paris 1926).