Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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42o HISTOIRE DU CINEMA il serait le reflet comme par les paysages et les visages qu'il montrerait, porte ait nettement la marque frangaise et presenterait aux publics etrangers, non moins avides de nouveautes que le public francais, quelque chose qu'ils ne trouvaient pas dans leurs films nationaux. Et pourtant, il sufnsait aux producteurs francais de se souvenir que, si le cinema americain avait si facilement conquis nos ecrans, c'etait parce qu'il y avait tout d'abord montre les films les plus capables de depayser le public ordinaire de ceux-ci, ces films du Far-West et de cow-boys qui l'avaient laisse sans defense. Ce ne furent pas des films revelant les mceurs des pecheurs bretons, des vignerons bourguignons, des gardians camarguais ou des villageois corses que les producteurs francais entreprirent pour s'ouvrir les marches etrangers, mais des films qui, lorsqu'ils ne singeaient pas les mceurs des pays ou ils voulaient penetrer, etaient de caractere si general qu'ils n'en possedaient plus aucun, des films dont Taction se deroulait dans des milieux ou, de quelque origine qu'il fut, le spectateur pouvait se retrouver ou du moins se croire a peu pres chez lui. Et comme, pour augmenter la force de penetration de ces films, on en confia l'interpretation a des vedettes connues des publics qu'on souhaitait conquerir, on vit une ingenue anglaise avoir pour mere une « vamp » italienne dont le mari 6tait un grand premier role francais et le frere un comique autrichien. Comment dans de telles conditions, un film meme fait par un homme de talent, condamne de son cote a travailler sur un scenario imagine par un autre homme de talent lui aussi, mais qui n'avait avec son collaborateur rien de commun, ni l'origine, ni les affinites, ni les gouts, ni la culture, aurait-il pu avoir une personnalite ou presenter un interet ? A force de vouloir plaire au monde entier arm de faire recolte de dollars comme de francs, de livres comme de pesetas et de marks comme de lires, on en arrivait seulement a produire des bandes — bien plus cosmopolites qu'internationales — qui avaient toute chance de ne plus plaire a personne et qui, du moins, ne possedaient plus rien de ce qui leur aurait permis de plaire a ceux qui aimaient le cinema et savaient ce qu'ils attendaient de lui et ce qu'il etait capable de leur donner. Jamais comme en cette p£riode de son histoire, le cinema francais ne vit ses interets artistiques en opposition avec ses interets commerciaux. Mais pouvait-il faire autrement, etant depourvu de toute organisation commerciale serieuse et solide et ses metteurs en scene, a quelques rares exceptions pres, etant obliges, des qu'ils avaient fini un film, de courir apres l'engagement qui leur permettrait d'exercer leur metier ?