Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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LES VEDETTES 479 a la fois acteur et auteur (1). Mais cette personnalite ne trouvait que rarement son emploi sur les planches parce qu'elle effrayait un peu les auteurs et plus encore peut-etre les directeurs. Et sans doute en aurait-il ete de meme au cinema si Abel Gance ne s'etait pas trouve la au bon moment. Sans se ressembler, les personnalites de ces deux homines avaient pourtant tout ce qu'il fallait pour s'accrocher. Dans La Dixieme Symphonie, puis dans J' Accuse ! Abel Gance avait done confie a Severin-Mars des roles extremement difficiles sortant quelque peu des mesures de la moyenne humanite, mais qui se trouvaient exactement a la taille de Severin-Mars. C'est ce qu'avait tres bien vu Louis Delluc qui, au lendemain de La Dixieme Symphonie ecrivait : « Severin-Mars s'habille comme Paul Mounet et joue comme Guitry. Et il est tout de meme lui. Et il est « Gance » par-dessus le marche... On doit lui donner ce qu'on ne lui a pas donne au theatre. Et si on ne le lui donne pas, il n'a qu'a le prendre (2). » Severin-Mars etait, en effet, homme a prendre ce a quoi il savait qu'il pouvait pretendre. Malheureusement, la mort ne lui en laissa pas le temps. Pourtant, avant de mourir il eut la possibility de donner les preuves de tout ce que le cinema perdrait le jour ou il disparaitrait : La nuit du 11 Septembre et L'Agonie des Aigles, de Bernard Deschamps (ou il campa deux personnages : celui d'un demi-solde et celui — assez inattendu, en verite — de Napoleon Ier), Le Cceur magnifique dont il fut a la fois l'auteur, le realisateur et le principal interprete, manifestations d'un talent d'une richesse, d'une diversite vraiment exceptionnelles dont son interpretation de Sisife dans La Roue d'Abel Gance marque le sommet. Quel autre acteur aurait pu tenir ce personnage de mecanicien de locomotive qui, peu a peu, a mesure que Taction evolue, prend figure de symbole et represente l'humanite tout entiere. Charles Vanel ? Werner Krauss ? Ni l'un ni l'autre n'aurait eu le lyrisme necessaire. Andre Nox ? C'est l'aspect quotidien du personnage qui nous aurait echappe. Emil Jannings ? Peut-etre, mais combien plus lourd que Severin-Mars et sans cette ingenuite qui, aux pires minutes de douleur, apparaissait dans les prunelles claires de celui-ci. Severin-Mars dans La Roue, on l'a dit, mais on peut le repeter, c'est Mounet-Sully dans (Edipe. Si la mort ne l'avait pas si vite enleve au studio, Severin-Mars, rejoignant Eve Francis, aurait sans doute exerce une influence heureuse sur revolution du cinema francais : etant ce qu'il etait, ce que les films auxquels (1) II etait notamment l'auteur, en collaboration avec Mine Camille Clermont, d'une comedie dramatique a la fois originate et puissante, Ames sauvages, qui avail He creee sur la scene du theatre Re jane. (2) Louis Delluc : « Cinema et Cie » (Bernard Grasset Edit. Paris igig) .