La Cinématographie française (Jan - Apr 1937)

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DERNIÈRES NOUVELLES AU 9 AVRIL 1937 ANALYSE ET CRITIQUE DES FILMS Le Mot de Cambronne Comédie Origine : Française. Réalisation : Sacha Guitry. Auteur : Sacha Guitry. Décorateur : Robert Gys. Opérateurs : G. Benoit. Son : De Bretagne. Interprétation : Sacha Guitry. Marguerite Moreno, Jacqueline Delubac, Pauline Carton. Studios : Billancourt. Enregistrement : W. E. Production : Cinéas. Edition : Tobis. Ce film en un acte, si je puis dire, est l'adaptation fidèle, ô combien, de l'acte qui passa avec un énorme succès au Madeleine il y a peu de temps. Sitôt écrites, Sacha Guitry veut « visualiser » ses pièces et les porte à l'écran. Sa formule lui réussit, et celte courte et savoureuse comédie, savoureuse par le dialogue et par le ton, endormira les "Toonements de ceux qui veulent voir au cinéma autre chose que du théâtre filmé. Guitry fait du théâtre en conserve, mais il a tant d'esprit qu'on lui pardonne de ne guère varier ses angles de prises de vues, de jouer de face, et de faire évoluer son action dans un unique décor avec découverte... sur un maigre jardin. La présentation du film dans le « générique » est, comme toujours dans les films de Guitry, infiniment soignée et originale, ensuite il y a Guitry dans son cabinet de travail nous racontant la genèse de sa pièce et ses souvenirs sur Rostand qui lui inspira cette pièce sur Cambronne qui avait épousé une anglaise. C'est tout. On assiste ensuite au dialogue de Cambronne avec sa britannique épouse qui le supplie de lui dire le « mot »... qu'elle ignore. La venue d'une acerbe préfète, n'arrange rien. Puis comme Cambronne refuse, ce mot, c'est une ravissante servante qui le proférera en laissant tomber un plat chargé de verreries... Dialogue exquis, film plat, du Guitry en somme mais agréable, bien éclairé quoique sans variété de champ et d'angles, son parfait, décor charmant. Et Guitry est Guitry, un Cambronne revu et corrigé, plus disert que le fut sans doute jamais le général. Moreno est remarquable, et Jacqueline Delubac dans un rôle quasi muet joue avec ses beaux yeux éloquents. Pauline Carton silhouette une Préfète acide et vinaigre des plus réussies. — x. — TITRES DE FILMS RETENUS On nous prie d'annoncer que M. Shoukens, de Bruxelles, vient de retenir pour son compte les titres de films suivants : 1° Le Roi de l'Exposition; 2" Albert l" (Roi Soldat). Boissière Drame Origine : Française. Réalisation : Fernand Rivers. Auteur : Pierre Benoit. Décorateur : Gys. Opérateurs : Bachelet et Ribault. Son : de Bretagne. Musique : Henry Verdun. Interprétation : Lucien Nul, Spinelly, Pierre Renoir, Yonnel, Suzanne Després, Jean Périer, Velsa. Andrée Ducrcl. Ferny, Pierre Juvenet, Rivers Cadet, Pauline Carton, Paillette Elambert, Marjal, Serge Grave. Studios : Billancourt. Enregistrement : W. E. Production : Rivers. Edition : I). U. C. CARACTERE DU FILM. — Contrairement aux autres œuvres de Pierre Benoît, Boissière ne comporte aucune part d'inexprimé ou d'insaisissable, toute l'action est nette, claire, d'une tragique sobriété, et les personnages entraînés par une fatalité supérieure à l'amour, quoique tout doive les séparer, ne sont déliés que par la mort qui plane sur eux dès les premières images du film. Cette belle histoire qui plonge aux plus secrètes racines du cœur est sobrement et fermement contée, avec un tact digne d'éloges, par Rivers qui a situé ce film aux lieux mêmes où Pierre Benoît situa son roman : Maubeuge et le château de Boissière. La dramatique destinée d'une femme, jadis ardente et folle, et qui paie de sa vie la dette contractée envers un mort se déroule entre 1 904 et la fin de 1914, avec une incursion dans le temps présent. On aimera la reconstitution de l'atmosphère spéciale des music-halls du début du siècle, et certaine évocation des premiers jours de la guerre. Boissière constitue un des films français originaux en quoi nous puissions avoir confiance pour continuer la tradition des grandes œuvres solides et humaines. Un acteur s'y détache et va, de ce fait, se placer au premier plan des comédiens d'écran : Lucien Nat que l'on ne connaissait jusqu'à présent que comme l'interprète idéal de la troupe de Baty au théâtre Montparnasse. Boissière, grâce à Lucien Nat, merveilleux animateur, à une troupe excellente, et à un scénario bien trempé, dont le « climat » tragique a été conservé par Fernand Rivers, se classe parmi les films les plus émouvants de l'année. SCENARIO. — Adlone Hé bcil a ruiné son amant, M Le Barois qui se suicide laissant son foyer dévasté, sa femme inconsolable, son fils perdu de honte. En li)14, aux premiers jours de la guerre, Jean Le Barrois, qui n'a plus sa mère et n'a pas oublié, est recueilli au château de Boissière par Mme Hébert, Adlone Hébert elle-même. Il crie à celte femme son mépris, sa rancœur, puis pardonne. Au pardon succède le désir, puis l'amour comblé. Adlone le garde chez elle, malgré la proximité des Allemands. Elle l'aime. Et, pour ne pas le livrer, elle se laissera fusiller. La dette est payée. Jean Le Barois héritera de Boissière où il se consumera dans ses tristes souvenirs. TECHNIQUE. — Fernand Rivers a compris l'atmosphère du sujet et l'a parfaitement restituée à l'écran : larges plans un peu sombres par leurs éclairages, puis scènes très courtes, prises d'assez loin, tableaux éclairés de lueurs sourdes, visions de parcs dépouillés par l'automne. A cet égard, la visite du général allemand à Adlone Hébert dans son château menacé d'occupation, puis le départ de cette femme dans la voiture allemande qui l'eminène vers la prison et vers la mort, sont des images d'une tristesse grandiose. La photographie est grise, sévère, pleine de goût et de justesse. Le montage est sobre, encore qu'un peu haché (le film manque de liant, d'enchaînés; on passe ainsi trop brusquement du départ de Le Barois, annonçant sa détermination tragique, au lycée où le directeur apprend au fils la mort de son père). Le dialogue de Pierre Benoît est très simple, très vrai, et l'ensemble du film témoigne d'une qualité d'humanité profonde et (l'un grand tact. Son excellent. Le prologue pittoresque est remarquable avec son évocation des Folies-BergèreJ de 1904, et la résurrection de Mavol par son imitateur Darcet. INTERPRETATION. — Lucien Nat, grand acteur, a su faire resplendir un rôle difficile, complexe, celui de Jean Le Barois qui a la faiblesse d'aimer celle qui ^oussa son père au suicide, et devient inconsciemment le bourreau de cette même femme trop aimée. Son interprétation riche en sensibilité, et pourtant si sobre, si concentrée est narfaite. Spinelly a joué une partie ingrate, elle l'a gagnée par son intelligence, sa réelle adresse. Pierre Benoir, Yonnel, Jean Périer, Suzanne Després, Andrée Ducret, Pauline Carton n'avaient que des silhouettes mais elles sont supérieurement tracées. Signalons aussi Juvenet. Rivers Cadet, Velsa, la petite Elambert. Serge Grave, Ferny. — x. — La Griffe du Hasard Comédie policière Origine : Franco-allemande. Réalisation : René Pujol. Auteur : René Pujol. Interprétation : Georges Ri gaud, Pierre Larquey, Germai■ ne Ausscy, Denise Jovelet, Al cover, Marcel Simon, Reine Paulel. Studios : Ufa. Enregistrement : Tobis Klang. Production : P. Brauer. Edition : A. C. E. CARACTERE DU FILM. — La Griffe du Hasard est un film très soigné, où l'intrigue est vraisemblable et bien étoffée de « gags » drôles ou de comique inattendus, et où les « vilains » et les honnêtes gens ne sont pas entièrement antipathiques ou exclusivement sympathiques. Une sorte d'ironie discrète plane sur le film réalisé avec goût dans de très beaux décors. Pour le seul personnage du détective burlesque, à Pair benêt, mais plus fin qu'il ne paraît, si remarquablement campé par Larquey. La Griffe du Hasard mériterait vraiment ce slogan publicitaire qui l'a désigné au cours de son exclusivité : une nouvelle formule de film policier. C'est, en tout cas, un excellent film très public. SCENARIO. — Pour rallrapper les voleurs el les bijoux d'une charmante voisine d'appartement, un jeune homme sum<>alhi"iie mais réduit aux expédients, se lance dans une aventure où directeur de boite de nuit et riche financier sont plus ou moins compromis. Avec l'aide d'un brave policier rustaud d'apparence mais fort malin, les bijoux sont récupérés, la jeune femme rassérénée, et le principal coupable est contraint à l'exil. TECHNIQUE. — René Pujol a conçu dans la note mi-gaie, midramatinue, un peu à la manière de certains « noliciers américains » ce film qui ne comporte, dieu soit loué! nul cadavre, aucune hécatombe, n'en est pas moins énigmatique et attractif. Le film est réalisé luxueusement, lié avec souplesse en des scènes bien cadencées. Le dialogue fait rire souvent. "INTERPRETATION. — Un éclatant personnage loufoque et profond, celui du détective, est joué nar Larquev de manière sensationnelle. La distribution est bien composée de Georges Higaud élégant et sportif, de Reine Paulet curieuse, d'Alcover Marcel Simon, de la 1res jolie Germaine Aussey et d'une charmante petite fille au jeu intelligent Denise Jovelet. — x. —