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CÎNÉltô
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^GRAPHIE rYYTYXXYX:
ANALYSE ET CRITIQUE DES FILMS
Gribouille
Comédie dramatique (A)
Oiigine : Française.
Réalisation : Marc Allègre I .
Auteur : Marcel Achard.
Décorateur : Tranner.
Opérateurs : Benoit, Thirard. M. Kelber.
Musique : Georges Auric.
Interprétation : Raiinu, Michèle Morgan, Gilbert Gil, Jean Worms, Carette, Marcel André, Grétillat, Andrex, Bergeron, Jeanne Provost, Pauline Carton, Lune Clevers, Jacqueline Pacaud, Oléo.
Studios : Billancourt.
Enregistrement : W. E.
Production : Daven.
Dr. de production : R. Le Bon. Edition : A. C. E.
CARACTERE DU FILM.
Marc Allégret a réalisé, sur un scénario original de Marcel Achard, l'auteur de Jean de la Lune, un film d'une grande valeur psychologique qui se passe, partie dans une famille de braves boutiquiers, partie à la Cour d'Assises au cours d'un grand procès criminel. Les personnages semblent menés par la fatalité, mais la tolérance, la générosité, l'amour leur apportent la paix. On appréciera le principal personnage, ce Morestan qui fut un juré pitoyable, et sauva une jeune fille de la prison puis, ensuite, lui donna refuge contre la bêtise et la méchanceté. L'ironie, la sensibilité, l'amertume et la bonté imprègnent ces images pleines de goût et de distinction, et le très délicat et fin dialogue de Marcel Achard donne au film une aristocratie supplémentaire. Un atout dans ce film : la révélation d'une jeune et belle comédienne qui est douée d'un grand tempérament dramatique : Michèle Morgan, et semble promise à\ une brillante carrière.
SCENARIO. — Camille Moreslan, qui vit paisiblement entre sa femme Louise et ses enfants, Claude, son fils, et Françoise, sa fille, tient une boutique d'articles de sport. Les affaires marchent, il est heureux. Nommé juré aux Assises de la Seine, dédaigné par le tirage au sort, il est appelé à suppléer un juré frappé de syncope, au cours d'un procès où Von juge une jeune fille : Natalie Roguin, fille d'un Russe exilé qui a tué son amant, fils d'un riche constructeur d'autos. Pris de pitié, Morestan pose plusieurs
Isa Miranda et Roger Legris dans une scène du Mensonge de Nina Petrovna, le beau film de Tourjansky.
questions, fait évoluer le procès, vient en aide à la défense et pendant la délibération du Jury, emporte les dernières hésitcdions. Acquittée, Natalie est bientôt à la merci de la misère. Elle sera aidée une fois de plus par Morestan qui, l'ayant jugée innocente de son crime, l'introduit chez lui sous le nom d'un vieil ami soi-disant parti aux Colonies. La beauté de Natalie fait des ravages dans la maison Morestan. Claude veut partir avec elle; le fiancé de Françoise, qui a appris l'identité de la nouvelle employée, lui fait une cour brutale, et Claude se bat avec le goujat. Une nuit, Claude dévalise le tiroir-caisse paternel pour s'enfuir avec Natalie, quand Morestan survient, et, pris de colère, assomme la jeune fille. Puis affolé, il veut aller se constituer prisonnier. Mais sa femme le rattrape à temps, pour le rassurer. « Gribouille, dit-elle, tu sauves une femme pour l'assommer trois mois plus tard... » Et l'on comprend que Natalie restera dans la famille Morestan pour toujours.
TECHNIQUE. — Une extrême sobriété caractérise cette réalisation d'un metteur en scène discipliné, qui ne cherche aucun effet grossier. Gribouille est fait sous le signe de la distinction et du tact. Film tout en nuances, photographié avec unité et fort jolini dans des décors qui ne visent pas au luxe, mais sont juste accentuent l'impression de de cette œuvre. Gribouille
destiné, avant tout, à des spectateurs sensibles aux beaux sentiments exprimés avec mesure et iinesse. Ce film qui donne, dans sa modération, une impression de sécheresse, respire l'intelligence et le talent; des scènes paraissent inutiles comme celle qui réunit les deux jeunes filles en toilette de nuit, d'autres sont trop longues, et le montage manque de nerfs. Naturellement, les amateurs de beaux dialogues aimeront celui de Gribouille où se reconnaît le sentiment poétique de l'auteur .Marcel Achard et sa connaissance des moindres reflets de la passion et de la misère humaines.
INTERPRETATION. — Un Raimu très en forme, splendide, bougon, robuste et pitoyable, a comme partenaire à sa taille une toute jeune fille, révélation non seulement du film, mais de la saison : Michèle Morgan qui est fine, racée, jolie, curieuse, expressive, et dit juste avec une voix émouvante. La troupe, menée par ces deux comédiens, est de premier ordre avec le sensible Gilbert Gil, la parfaite actrice de race : Jeanne Provost, et de bons interprètes de rôles secondaires : Jean Worms, Marcel André, Grétillat, Jacques Baumer, Bergeron; une mention spéciale pour des silhouettes courtes mais pittoresques : Carette, juré falot et stupide, Pauline Carton, témoin burlesque, Lyne Clevers et Oléo. Andrex est excellent en bellâtre et Jacqueline Pacaud est sympathique. — v. —
Le Roi et la Figurante
Comédie parlée en anglais (G)
Origine : Américaine.
Réalisation : Mervyn Le Roy
Irterprétation : Fernand Gravey, Joan Blondell, Edward Everett Horton, Alan Mowbray.
Studios : Warner Bros.
Enregistrement : \V. E.
Froduct.-Edit. : Warner Bros.
Pour son premier film à Hollywood, notre compatriote Fernand Gravey a eu à interpréter une comédie plaisante el gaie, où il prouve triomphalement ses qualités de comédien, son tact, sa fantaisie.
Le sujet du Roi et de la Figurante est d'une amusante facilité. Un jeune roi, en exil, s'amuse dans le plus grand ennui à partager ses loisirs entre ies boîtes de nuit et la fine cognac. Intéressé par une jeune girl américaine des Folies-Bergère : Dorothy, il l'invite à souper, puis oublie ce rendez-vous et s'endort, Vexée, Dorothy s'en va et les conseillers de l'ex-roi imaginent de représenter Dorothy comme la seule femme qui ait dédaigné les invitations du jeune souverain exilé, et la seule femme au monde qui ait résisté à son charme. Dès lors, Alfred VII s'éprend de plus en plus de la jolie figurante qui, de son côté, devient éperdument amoureuse de son respectueux soupirant qu'elle a arraché aux veillées nocturnes et à l'ivresse permanente. Quand elle comprend qu'elle aime celui qui n'est pas pour elle, elle invente un fiancé, docteur américain, que le Comte Humbert va chercher dans un restaurant américain de Paris. Un instant dupe, Alfred VII apprend vite la supercherie, et comme celle qu'il aime vraiment s'est embarquée sur L'Ile-de-France, il loue le paquebot tout entier afin de la retrouver à bord. Et le capitaine les marie séance tenante. Leur voyage de noces se fera aux chutes du Niagara où le bateau accoste, miraculeusement...
Mervyn Le Roy, réalisateur habile et à la souple technique, a réalisé un film pétillant et plein de vie et de gaieté, où plusieurs scènes ont un mordant et un entrain auxquels on ne résiste pas. On rit tout le temps à ce film qui possède de beaux décors et une interprétation pleine de vivacité et de pittoresque. Fernand Gravey est un délicieux ex-roi, et parle un impeccable anglais, ce qui, joint à sa fantaisie et à son humour de comédien européen exceptionnel, l'a fait admirer par Hollywood. On aimera la piquante Joan Blondell qui forme avec Gravey un couple délicieux. Et Everett Horton est, comme toujours, irrésistible avec ses effarements et sa dignité comique.