La Cinématographie française (May - Aug 1937)

fYTTTTTTXrTIIIIIIIXXXXJLî CIME 35 RAPHIE fXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX! SE PARMI LES INDUSTRIES IGNOREES J'ai eu l'idée d'une enquête à travers les « métiers imprévus » qui gravitent autour du « soleil » cinéma. Après tirage au sort me voilà donc prêt à entreprendre ce reportage auprès d une maison de Rideaux-Réclame. Rue tranquille, longue façade de bureaux au premier étage, accueil agréable, me voilà dans le vif de mon sujet. Premier bureau spacieux : bureau du personnel; au mur un grand tableau où sont exposés les plans des rideaux dont la recherche de la publicité est en cours. Une carte où des épingles multicolores jalonnent des itinéraires. Second bureau : bureau de la direction, des cartes encore, l'une, état général des concessions couverte d'une quantité de petits points (plus de 500 épingles m'a-t-on dit). Lue autre carte où sont pointées de la même façon les affaires à visiter et les rideaux à prospecter. Un autre bureau dans lequel a été construite une grande chambre forte où sont mis à l'abri de l'incendie, par des murs en béton spécial de plus de 30 centimètres d'épaisseur, tous les contrats et bulletins de commande s'échelonnant sur de nombreuses années. J'apprends alors comment naît un rideau-réclame : Plusieurs courtiers voyageant en voiture visitent les exploitants de salles et signent avec eux des contrats de concession du rideau. Ils prennent également les mesures propres à la confection des dits rideaux et recherchent la publicité locale. Leur travail est alors terminé et le rideau entre dans sa deuxième phase de réalisation : Un dossier est constitué, un plan dressé en couleurs Tiour l'équilibrage des cases afin d'avoir un ensemble agréable à l'œil, une fiche individuelle est spécialement établie pour le paiement des redevances. Pour chaque annonceur il est immédiatement ouvert un dossier qui permettra de le suivre pendant toute la durée de son contrat avec la maison. C'est là un travail considérable si l'on pense que plus de 10 mille clients sont ainsi suivis journellement, par correspondance, facturation, etc., nécessitant l'emploi de huit secrétaires dactylographes, rien que pour cette partie administrative. Nous voici maintenant au troisième stade, nous passons avec le rideau à l'atelier. Là je suis, je dois l'avouer, un peu surpris des dimensions inusitées du plateau (environ 250 mètres carrés) qui, par sa surface pourrait rivaliser avec bien des salles de province, vous pourrez d'ailleurs vous en rendre compte par la photographie cidessus. Je compte 12 décorateurs qui prennent tous des positions bizarres, les uns complètement « à plat ventre », les autres assis « à la Turque», chacun prenant la posi tion qui lui est la plus favorable pour travailler sur les rideaux qui sont fixés sur ic plateau. J'apprends que la toile est tendue sur ce plateau, encollée el ignifugée, puis les cases y sont tracées et le fond de chacune d'elles reçoit la teinte qui lui a été désignée sur le plan. qui prépare justement un voyage de pose. Dans la voiture qui lui est désignée pour ce déplacement les rideaux sont chargés dans l'ordre des poses. Une remorque conçue spécialement est prête à y être attelée, j'y vois des échelles, des perches et du bois de construction, des rouleaux en bois, 3 moteurs spéciaux pour actionner les rideaux à distance, les coffres des côtés sont chargés de quincaillerie, films électriques, poulies de toutes sortes, etc., toute cela parfaitement « arrimé ». Je prends connaissance de l'itinéraire minutieusement établi : 12 rideaux à po ■■BRBBI Le travail réel des décorateurs commence alors; à eux de disposer l'annonce qu'ils ont à reproduire, dans la case attribuée à cette publicité. Je dois reconnaître que l'ensemble ainsi obtenu est réellement très agréable; les couleurs en sont vives, fraîches et harmonieuses et on sent que rien n'a été négligé pour satisfaire complètement la clientèle des annonceurs et en même temps ne pas déparer la salle dans laquelle le rideau est exposé. Le rideau terminé en peinture est aussitôt vérifié et photographié et entre dans son dernier stade. Nous allons le suivre et descendre avec lui au rez-de-chaussée, vaste garage où sont alignées six puissantes voitures. Passant devant le magasin, j'aperçois toute la quincaillerie spéciale à ce genre de travail, de nombreuses pièces de toile et de velours (on m'explique que c'est pour les rideaux de scène) et de gros rouleaux de câbles électriques à plusieurs conducteurs parfaitement isolés, ilssont, paraît-il, commandés aux usines, les câbles et la toile à rideaux par 1.000 mètres à la fois. Un kilomètre de toile j'avoue que cela m'impressionne un peu. Je fais la connaissance du chef monteur ser, des mesures à prendre et à vérifier, près de 4.000 kilomètres. Je relève des noms au hasard : Resançon, Clermont-Ferrand, Avignon, Toulouse, Rordeaux, La Rochelle, en résumé un petit tour de France. Cette voiture partira demain matin, dans quelques jours; un autre monteur prendra la route pour une tournée plus courte, et à la date prévue pour chaque pose, avec une précision d'horloge, un télégramme avertira que le travail est effectué. Tous ces stades de la réalisation d'un rideau-réclame seront alors complètement clos par le changement d'une épingle de couleur sur l'une des cartes, baromètres de la maison, et cette petite tête colorée résumera tous les efforts qui ont dû être fournis pour arriver à l'exploitation normale. Je ne veux pas terminer cette enquête sans remercier tout particulièrement M. Jean Gallet, directeur gérant de la Maison Gallet du Havre, qui a bien voulu me permettre de visiter sa merveilleuse installation et me donner tous les renseignements utiles. Il m'a ainsi permis de me rendre compte que le rideau-réclame n'était pas le « petit métier » que l'on pourrait croire, mais bien au contraire, entre des mains expertes, une grande industrie parfaitement organisée. Pierre Diacre. ' A . GALLET BudkauX'Fédame & Ridf . de Scène FonciLannajn ELectriquement ou non BUREAUX ET ATELIERS : 17 19 RUE PAULSOUDAY LE. HAVRE TEL"-' 2 UGNEs(|o-ô9