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LE NOUVEAU SPOT LIGHT
par Jean VIV1É
Ingénieur civil des Mines chargé de Cours à l'Ecole Technique du Cinéma
CINE
FR
RAPHIE
SE
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La qualité de lumière et le rendement optique vont-ils entrer de pair dans la technique d'éclairage de nos studios? C'est depuis longtemps" souhaitable, et la possibilité nous en est aujourd'hui donnée par le nouveau spotlight « Holophane S. 2.1100 », utilisant la lentille de Fresnel à échelons.
Nous pouvions déplorer grandement, jusqu'à présent, l'infériorité réelle du matériel utilisé pour l'éclairage à la prise de vues; il ne s'agissait, en effet, presqu'exclusivement, que de floudliyhts à miroir cellulaire utilisés en toutes circonstances, soit pour donner un éclairage d'ambiance, soit pour créer les effets de « décrochage » ou de « silhouetlage »... : or, ces appareils ne font que jeter de la lumière (au sens propre du mot), sans qu'on puisse en ordonner la distribution autrement que par la convergence du faisceau renvoyé par le miroir; à ce faisceau de lumière, se superpose d'ailleurs le rayonnement direct de la lampe, que certains dispositifs à anneaux ne permettent d'éliminer qu'en les absorbant.
Pourtant, il n'est personne qui ne puisse contester la supériorité d'une lumière à rayonnement dirigé, et il n'est — pour s'en convaincre, si besoin est - que de constater la beauté inégalable des éclairages obtenus par la lumière solaire.
La nécessité du « spotlight » n'a d'ailleurs jamais été méconnue par les éclairagistes de talent, mais le matériel qui fut jusqu'alors mis à leur disposition était d'un rendement restreint; on utilisait, en effet, des appareils à lentille plan convexe capables rie ne capter qu'une portion infime du flux émis par la source lumineuse, environ sous 40 à 70" d'angle, alors que le flux utile des filaments, grille de lampes à incandescence, atteint 120" d'ouverture.
Cependant, il y a de cela environ un siècle, le grand physicien français Fresnel mettait au point la technique des systèmes optiques à grande ouverture par éléments dioptriques accolés, tels qu'ils furent e'continuèrent d'être utilisés pour les phares et les projecteurs à longue portée. Considérons, en effet, une lentille plan convexe ordinaire; son diamètre n'est, en moyenne, que la moitié de sa distance focale; si l'on entoure cette lentille d'un anneau de seciion prismatique, il sera possible de capter les rayons lumineux émis en dehors de l'angle d'ouverture de la lentille et de leur donner — par un profil approprié de l'anneau prismatique — la même direction d'émergence que pour le rayonnement central; on peut ainsi placer plusieurs anneaux prismatiques concentriques et augmenter dans de très larges proportions l'ouverture du système optique ainsi défini.
Les lentilles de Fresnel ont été ainsi constituées par des éléments taillés, puis accolés, dont le prix de revient définitif reste assez élevé; c'est alors que la mise au point d'une technique spéciale de moulage du verre a permis d'obtenir directement, sans polissage ultérieur, des surfaces obliques suffisamment lisses pour les beroins de la pratique courante; depuis plusieurs années, les ateliers des Andelys de la Société Holophane fabriquent ainsi en grande série des lentilles à anneaux prismatiques utilisées notamment pour h' signalisation électrique dans les chemins de fer. La mise au point du procédé de mou
Lors de son voyage à Hollywood, Marc Allégret s'est fait expliquer les caractéristiques d'une nouvelle caméra par notre compatriote Robert Florey et le célèbre cameraman Rudy Maté
lage pour des qualités de verre résistant spécialement aux fortes températures a rendu possible la confection de lentilles de Fresnel pour des sources lumineuses de grande puissance et d'encombrement réduit, telles que les lampes à incandescence de studios cinématographiques.
Des deux types de lentilles à échelons étudiés et mises au point dans les diamètres de 230 mm. et de 400 mm., la première a permis la réalisation du Spotlight S 2.000 pour lampes studio à ampoule réduite d'une puissance de 2 kw. Le schéma de ce projecteur à très haut rendement montre que la lampe est associée à un miroir concave (récupérateur du flux arrière) d'un diamètre égal à celui de la lentille frontale: la lampe est réglable par rapport
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De tels chiffres font déjà bien comprendre la valeur du rendement atteint par le Spotlight S 2000; les courbes relevées au studio de l'Ecole Technique du Cinéma précisent les résultats obtenus; elles montrent la répartition des éclairements obtenus à 7,50 mètres de distance pour quatre réglages de divergence différents, 10, 15, 30 et
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au miroir et l'ensemble coulisse sur un chariot permettant ainsi de donner au faisceau lumineux émergeant de la lentille à échelons, une divergence réglable entre 10° et 45"; dans ces conditions, l'angle d'utilisation du flux utile de la lampe varie de 70" à 110°.
45 degrés; on remarquera la valeur de 4.000 lux atteinte avec le faisceau le plus concentré, et, par ailleurs, l'uniformité d'éclairement obtenue par les faisceaux ouverts.
Ainsi, la technique française montre qu'elle sait rester à l'avant-garde du progrès; nos studios cinématographiques pourront désormais posséder un équipement de même valeur que celui des studios américains, et par l'application d'une technique chaque jour développée, aboutir à des productions de haute qualité.
Cependant, le film en couleurs gagne chaque jour du terrain. La lentille à échelons de 400 mm. de diamètre permettra de réaliser les éclairages plus puissants exigés par cette technique nouvelle et plus ardue; associée aux lampes à incandescence de 5 kw, elle fournira un spotlight de studio de grande puissance, tandis que, combinée avec des lampes à arc, elle donnera aux prises de vues en plein air, l'appoint de lumière indispensable dans les ombres ou les effets de silhouettage.
Sachons, en attendant, utiliser au maximum le spotlight léger de 2 kw., dont la mise en application inaugurera dans les studios une nouvelle ère de qualité... et d'économie.
Jean Vivié,