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RAPHIE CX:
SE
POUR LES DIRECTEURS
Rubrique consacrée à la
vie du métier,
mais aussi
Tribune libre de nos
Abonnés Directeurs.
Le Goût du Public
Les Exploitants doivent se renseigner auprès de leur Clientèle
:::::: S
En Amérique et en Angleterre, où l'on est grand amateur de consultations populaires, les directeurs de salles cinématographiques ont pris l'habitude de sonder leur public en organisant des référendums, des concours, etc. Les résultats de ces consultations donnent aux exploitants, et de là aux distributeurs, de très utiles renseignements sur la mentalité du public, sur ses goûts, et sur ses désirs.
Connaître son public, savoir ce qu'il veut ou ce qu'il ne veut pas est une des conditions premières de toute exploitation cinématographique.
1, 'Amérique et l'Angleterre ont la chance de posséder un public assez « standard ». Dans toutes les villes, quel que soit le genre de la clientèle, les mêmes films sont reçus à peu près de fa même façon. Little Women, ()f Human, Bondage ont été appréciés identiquement dans les cinémas d'exclusivité et dans les faubourgs ou dans la Province. A NewYork et à Londres les cinémas d' « élite » sont une exception et s'y rendent surtout les gens de la «Société», les intellectuels, les étudiants qui d'ailleurs fréquentent aussi les salles donnant les programmes courants.
Il n'en est pas du tout de même en France. Nous avons chez nous les publics les plus divers, les plus différents qui soient. A Paris, il y a la clientèle des salles d'exclusivité donnant du film parlant français (Paramount, Marivaux, Olympia, Marignan); il y a celle des salles spécialisées donnant des filins parlants en langue étrangère; il y a celle des salles de quartier. Même discrimination, peut-être moins accentuée, dans les grandes villes de province : Nice, Lyon, Marseille, Bordeaux. Enfin il y a le public du Nord et celui du Midi, etc.
Comment un même film pourrait-il plaire à tous ces publics?
Le résultat, c'est que des filins comme Back Street, Little Women'New-York Miami, qui furent de gros succès lors de l'exclusivité à Paris, ont fait des carrières médiocres dans les quartiers et en province.
j RAIMU FERNANDEL | | et JULES BERRY dans |
Iles ROIS du SPORT)
= Mise en Scène de Pierre COLOMBIER =
D'autres films qui furent des insuccès notoires en exclusivité à Paris ont fait ailleurs des recettes très brillantes.
Il y a cependant des films qui remportent un gros succès auprès de tous les publics : citons au hasard : Jenmj, César, Pépé le Moko, La Grande Illusion, La Charge de la Brigaqe légère, Révolte du Bounty. C'est évidemment des films de ce genre que les producteurs français ont intérêt à faire. Ce n'est pas toujours facile.
C'est, cependant, croyons-nous, une erreur de travailler uniquement pour ce qu'on appelle le «gros public», c'est-à-dire la majorité du public des salles de quartier et de province. Il vaut mieux essayer de satisfaire toute le monde, si l'on pense que le film qui, en France, aura plu à toutes les catégories de publics, a les plus grandes chances de plaire à celui des autres pays et d'être facilement exporté.
Nous avons eu connaissance d'une conférence avec libres débats qui a eu lieu récemment dans une salle populaire de Paris, et dans laquelle se trouvait une assistance essentiellement populaire, composée surtout d'ouvriers. Des questions leur furent posées sur le cinéma et sur ce qu'ils préféraient y voir. II ressortirait de ces débats que les grands acteurs favoris sont toujours Bach, Fernande], Raimu, sans oublier Harry Baur « qui était si beau » dans Les Misérables. On aime également les grands mélodrames et le gros comique.
Interrogés sur le doublage, des spectateurs n'ont pas semblé imaginer de quoi il s'agissait. Certains ont répondu que le doublage « c'était quand la parole et le mouvement des lèvres ne marchaient pas ensemble». C'est tout ce qu'ils ont vu. Ils n'ont fait attention ni au dialogue, ni aux intonations vocales. Du moment que le film est bon, le doublage leur est indifférent.
Questionnés sur les films parlants étrangers avec sous-titres, dont certains exemplaires comme Scarfaee, Jeunes Filles en Uniforme ont été montrés dans les salles populaires, les spectateurs ont répondu « que c'était fatigant parce qu'on n'avait pas le temps de lire les titres qui défilaient trop
L'IMPERATRICE DE LA NUIT
La belle façade du cinéma Marivaux à Bordeaux
vite». La parole frappe plus qu'un texte, quelquefois difficile à lire et à comprendre pour certaines catégories de spectateurs.
Car nous ne devons pas oublier la proportion énorme de demi-illettrés ou d'illettrés eomplets qui existe en France. (Qu'on se rappelle seulement les résultats invraisemblables de la fameuse page d'écriture faite à l'arrivée au régiment.)
Ces réponses sont très intéressantes. Il faudrait les multiplier. Ce serait un immense service que les exploitants pourraient rendre à l'industrie cinématographique s'ils voulaient bien organiser des référendums auprès de leur public pour savoir ce qu'il veut ou ce qu'il ne veut pas.
Exhibitor.
AVALANCHES DE PRÉSENTATIONS !
Voici la saison d'été pratiquement terminée. On peut le constater par l'annonce de tous les films qui vont faire dans quelques jours leur apparition sur les écrans des salles d'exclusivité de Paris, par la liste très serrée des prochaines présentations : quatorze films du 31 août au 10 septembre, à raison de deux par matinée. Le record sera battu par la journée du jeudi 9 septembre, où trois présentations auront lieu à la même heure à Marivaux, au Normandie et au Marignan. Constatons et regrettons pour la n" fois — que rien n'a été fait - ou n'a pu être obtenu - par nos organismes syndicaux pour empêcher ces présentations multiples.