La Cinématographie Française (1938)

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84 tXXXIXXÏXXXXXTTTZITTITT; Umiiimmumuir Lumière, c’est incontestable. Pourtant, le cinéma existait déjà en puissance avant lui. Marey et d’autres chercheurs, avaient réussi à décomyoser le mouvement par une série d’épreuves photographiques. Quant à Edison, son l(inétoscope était déjà un cinéma, mais pour une seule personne à la fois. Le coup de génie de Lumière a été de réussir la projection du film sur un écran, de transformer le cinéma pour une seule personne à la fois en cinéma pour mille personne et plus à la fois. Pour avoir réalisé ce coup de pouce final, cette chose en apparence si simple, mais qui était une inspiration de génie scientifique, Louis Lumière, utilisant largement toutes les inventions de ses prédécesseurs, fut baptisé père du cinéma. Or, un scénario, voire un découpage, c’est quelque chose comme le kinéloscope. Un lecteur entraîné, en lisant un bon découpage, voit se dérouler le film devant ses yeux, dans ses décors, et avec ses répliques. C’est donc, à ce moment, un film « pour une seule personne à la fois ». C’est le coup de pouce final qui permet de présenter non plus à une seule personne à la fois, mais à des milliers, des millions, au monde entier. Le metteur en scène a, tout comme le père Lumière, utilisé les travaux de ses devanciers : auteur scénariste, découpeur, dialoguiste. Il peut donc, à bon droit s’estimer l’auteur du film. Sans doute, on pourra objecter que, posé ainsi, le problème est déplacé mais non pas résolu. Ce n’est pas mon avis. Et voici pourquoi : Nous avons interrogé des spécialistes qui, chacun dans leur catégorie, font subir au futur film, sa métamorphose particulière. Ces spécialistes sont : Le découpeur ; L'auteur du scénario ; Le dialoguiste ; Le metteur en scène. L’auteur livre un scénario ; le découpeur le transforme en découpage, le dialoguiste y ajoute les répliques et enfin, le metteur en scène transforme une dernière fois le découpage en un film. C’est très clair. Au cours de ses successifs avatars, le scénario, manuscrit, subit de telles transformations, que le père de l’œuvre, l’Auteur — incontestablement — a parfois du mal à reconnaître son enfant avant même qu’il soit tourné. Par conséquent, l’auteur n’est déjà plus toutà-fait 1 auteur ! Que sera-ce, alors, quand le film sera terminé ! Pour vous en convaincre, veuillez lire les réponses ci-dessous, dont vous apprécierez, j’en suis convaincu, la clarté, la bonne foi et le désintéressement. Aux uns comme aux autres nous avons demandé : « Quelle est votre part, votre apport dans la réalisation du film ? » Dans le cinéma, où le travail en équipe est la règle, il ne saurait y avoir de réponse absolue. conséquent, c est à la majorité relative que sera 'u Y auteur du film ! Yvonne Printemps dans Adrienne Lecouvreur L’Apport du Scénariste ou de l’Auteur M. Marcel ACHARD. La réalisation d un film se divise, ou plutôt, devrait se diviser en trois stades. I ") 1 auteur apporte un scénario qui se présente sous la forme d’un manuscrit plus ou moins volumineux. L Alibi, par exemple, comportait environ quatre-vingts pages. 2") le metteur en scène et le découpeur s emparent alors de ce travail, l’analysent, le fouillent, le creusent, le développent et le transforment en découpage. f Jeanne Heibling sera avec Dita Parlo la vedette féminine de Paix sur le Rhin 3") le dialoguiste, qui est généralement l’au 1 leur, écrit les dialogues et enfin, le travail se termine par une mise au point définitive entre l’auteur, le découpeur et le metteur en scène, qui peut alors commencer la réalisation proprement dite. Il est, à mon avis, excellent, voire nécessaire que 1 œuvre initiale, c est-à-dire, le scénario soit souirrs? à la critique et souvent modifiée par le i découpeur et le metteur en scène. Nécessaire, parce qu un scénario n est pas une pièce de théâtre à laquelle on peut travailler un an, deux ans, dix ans, la laisser reposer, la reprendre, la refaire. Si l’on accorde deux mois à un auteur pour livrer son travail, c’est un très grand maximum. Or ce délai est trop court, à mon avis, pour que les personnages soient entièrement « formés » dans 1 esprit de celui qui les crée. Bien des traits de leurs caractères restent encore dans 1 ombre, certaines de leurs réactions demeurent douteus s. Le metteur en scène et le découpeur sont donc le premier « public » de l’auteur, ' un public difficile, qui cherche à tout expliquer, tout approfondir et suggère souvent — pourquoi ne pas 1 avouer ? — des détails, des actions, | des îéactions auxquels n avait pas pensé celui qui écrivit 1 histoire initiale. De ces discussions à trois ou quatre, jaillissent parfois des étincelles qui éclairent singulièrement, aux yeux de l’auteur lui-même, 1 âme de ses personnages et décident de leur attitude. L’auteur n’est pas assez sot ni i assez vain pour repousser les suggestions, les additions proposées par ses collaborateurs lorsqu’elles lui semblent devoir ajouter à l’action, a 1 intérêt, au pathétique, en un mot à l’esprit, II: de son œuvre qui, dans la chaleur des confrontions, mûrit ainsi très rapidement, condition nécessane au cinéma où il faut toujours faire vite. U n en est pas moins vrai que le véritable auteur du film, c est 1 auteur lui-même... Et c’est tellement évident qu un mauvais scénario, mal dialogué, même réalisé par un metteur en scène de génie, ne donnera jamais un bon film, mais qu’un bon scénario bien dialogué, même médiocrement réalisé, restera encore un film possible, voire agréable. Il n est pas dans mon intention de sous-estimer le rôle de metteur en scène ; mais il est le met j teur en scène, et non pas l’auteur. Cependant, dans certains cas, l’ampleur de la îéahsation et la maîtrise qu elle décèle relèguent au second plan 1 anecdote-prétexte, comme dans Hurncane. Pas davantage, je ne veux dénier le litre a d auteur du film » à des réalisateurs tels René Clair, Jean Renoir, Jacques Feyder. Personne ne songe à leur contester la paternité des films qui portent leur signature, parce que non seulement ils les ont mis en scène, mais encore, ils ont collaboré très activement au scénario, au découpage, à toutes les transformations qu’a subies 1 idée initiale avant de devenir une bande de pellicule. Par conséquent, si Feyder, René Clair, Jean Renoir sont et doivent être considérés comme auteurs de films, c’est que la somme réalisation-collaboration constitue un apport tel que si 1 œuvre n’a pas été entièrement crée par eux, elle a, du moins, été recrée dans le style très particulier, qui est la griffe, la marque de