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CINE
RAPHIE
SE
93
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M. GEORGES BERNIER,
(Pathé Consortium)
UN BON FILM TRES CHER C’EST UN PEU UN COUP DE BOURSE
— Je voudrais bien que nous fassions en France du film en couleurs. Malheureusement, nous sommes tributaires des Américains et des Anglais. Mais je crois que du jour où 1 on produira le film en couleurs de manière rationnelle, le public ne pourra plus s’en passer.
Il faut, en réponse à la question du prix des places, que les cinémas augmentent. C’est, d’ailleurs, un problème d’ensemble. Les producteurs ne devraient plus produire sur des bases aussi chères. La compression du prix des vedettes est à envisager. Leurs exigences tuent notre industrie. Si encore les très grosses vedettes, celles qui touchent des demi-miliions, et plus, ne faisaient que deux films par an, cela justifierait leurs gros cachets, et encouragerait les directeurs de salles à payer gros pour les avoir, deux fois par an... mais elles font 5 et 6 films, et tuent ainsi la curiosité et la surenchère.
L’exportation marche, mais seulement sur les très bons films. Alors, le très bon film, très cher, c’est un peu un coup de Bourse. Et il faut compter avec les dévalorisations des acheteurs, qui veulent faire une bonne affaire, et dont certains s’entendent avec les censures de leurs pays pour créer des difficultés aux films français, afin de les payer moins cher, à la deuxième présentation de censure. Ajoutez à cela les embargos sur les devises... les crédits et capitaux gelés dans beaucoup de pays. Et admirons ensemble la vitalité de notre industrie qui reste de qualité et l’une des premières du monde avec tous ces obstacles.
M. CHRISTIAN STENGEL
IL FAUT DES FILMS OPTIMISTES GAIS
— Il faut faire des films optimistes, gais, dynamiques, jeunes. Ma prochaine production sera sous ce signe.
J’attends la couleur avec intérêt, et beaucoup de crainte. La production française a déjà tant de difficultés à s’édifier... je ne pense pas sans angoisse aux licences coûteuses, aux appareillages nouveaux à l’amortissement difficile d une production en couleurs. Mais ce peut être aussi une source de valeur artistique importante.
Il semble que le moment soit venu, maintenant que les Américains ont épuisé toute la gamme des sentiments gais, loufoques même, et tout le cycle des comédies humoristiques, de venir à notre tour à la comédie pour laquelle nous avons tout : auteurs, esprit, et acteurs inégalables. Si on le veut, on pourra faire du film gai et humoristique en France. G’est tout à fait opportun, car les Américains vont revenir, reviennent déjà à des programmes de production entièrement dramatiques à grand spectacle, qu’ils avaient abandonné durant près de deux ans, ce qui avait permis au film français dramatique de demeurer à peu près seul en Europe à offrir des drames d’atmosphère.
M. A. DE ROUVRE (C.F.C.)
LE MARCHE INTERIEUR REND MAL
— L’époque est propice à l’exportation du film français. Le change rend, en effet, favorable notre expansion économique, et le marché français à l’étranger est en plein essor. Les films avec des grandes vedettes marchent très bien, les vedettes moyennes, ou « décotées » ont, maintenant, moins d’importance qu’une très bonne histoire. Je ne vois pas pour l’instant la possibilité de faire en France du film en couleurs à moins de vouloir se ruiner. Les devis de production du film français ont augmenté presque du double sur 1930. On devrait imposer des augmentation proportionnelles des places. Au lieu de cela, dans certaines villes, et même à Paris, on a diminué les prix des places dans des proportions effarantes. Les mesures prises sont insuffisantes. Pourtant je suis partisan de la liberté totale des livraisons de films à tous les cinémas. L’augmentation se fera rationnellement, par l’enchère sur les films de grande classe. Le marché intérieur rend mal, en raison du prix des places. Mais il n’y a pas assez de gros films. C’est un circuit fermé. Produisons de grands films, que se disputeront les cinémas, lesquels se verront obligés de faire payer plus cher leurs places. Et le public suivra en définitive.
M. R. RICHEBÉ (P. C.L.)
LE PRIX DES PLACES ? QUESTION DE CONTRAT LE FILM ANNONCE DOIT ETRE GRATUIT
— Le public français me paraît n’accorder aucun intérêt marquant à la couleur.
Avant tout, le public a besoin de nouveauté, de scénarios qui l’étonnent, qui le changent. Nos grands films réussissent à l’étranger, certes, mais dans le marché intérieur, seul le film vraiment extraordinaire a une belle carrière. Néanmoins, en ce qui concerne le prix des places, pour mon compte personnel, je peux vous dire que j’exige, sur mes contrats, l’inscription d’un prix des places minimum. Pour ce qui est du film-annonce je reste partisan de l’assimiler à un matériel de lancement qu'il est normal de fournir pour épauler les gros films.
M. GIF (D.U.C.)
IL NOUS FAUT DAVANTAGE DE VEDETTES
— La couleur seule ne fera pas déplacer le public. Il l’a bien prouvé lors du lancement de quelques films américains en couleurs. Il n’y a pas, à ma connaissance, de procédé français qui soit au point.
Un danger pour le film français : sur 40 films français que préparent les producteurs, il ne se trouve toujours que 7 ou 8 vedettes, évidemment engagées à prix d’or. Faisons d’autres noms, trouvons d’autres visages, envisageons les efforts de publicité et de lancement sur des comédiens nouveaux. Nous ne pouvons continuer à travailler avec une dizaine, à peine, de vedettes françaises.
Germaine Roger, l’une de nos plus jolies vedettes, que l’on verra dans Un de la Canebière, vient de gagner le concours d’élégance 1938
M. FROGERA1S (Vog-Sigma)
LA COULEUR NE RAPPORTERA PAS UN SOU EN PLUS
— J’ai très peur de la couleur, ce sera un nouvel ennui, une nouvelle complication pour la production française. Pas de procédé français au point. Et si l’on fait les frais de laboratoires, d’appareillages électriques spéciaux, du film en couleurs, j’ai peur que les sommes perçues dans les salles ne soient pas en rapport avec les capitaux investis. Déjà certains films français ne s’amortissent pas. Il n’y aura pas un sou d'augmentation de recettes en plus, à cause de la couleur. Cela ne fera qu’augmenter le déficit de la production française. La situation est étrange : augmentation de la qualité, élargissement du marché étranger, et pourtant grandes difficultés intérieures. A l’exportation, constatons que beaucoup de marchés s’ouvrent au film français.
Voici mon avis sur les prix des places : les directeurs de salles conduisent la production française à la faillite. On peut augmenter, mais il faut que TOUS augmentent, en équilibre avec leurs prix actuels, et le public ne pouvant bouder le cinéma, ne pouvant s’en passer, acceptera l’augmentation.
Nous avons trop peu de vedettes, et forcément celles qui sont très demandées, augmentent leurs exigences.
En ce qui concerne les recettes, et j’y reviens, le contrôle est à l’étude à la Chambre Syndicale des producteurs. C’est une chose indispensable à établir. Mais nous avons d’assez bons films pour tenir la dragée haute aux directeurs qui doivent nous aider à maintenir le niveau élevé de nos films.