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M. W. SCHMIDT (A.C.E.)
LE PRIX DE REVIENT EST EXCESSIF PAR RAPPORT AUX PRIX DES PLACES
— Le prix des vedettes ? Mais, les vedettes, seules, bénéficient de la dévaluation. Elles sont payées le double d’il y a deux ans. Pour ce qui est de la couleur, je ne suis pas prophète. Il faudra sans doute étudier les sujets propres à être mis en valeur par les couleurs naturelles, car la couleur n'ajoute rien en force expressive ou artistique, et pour certains sujets comme L'Etrange Monsieur Victor ou Le Quai des Brumes, il semble qu’elle nuirait à l’atmosphère d’ombres qui fait la poésie de ces films. Voyezvous, également, une pièce de théâtre, dans de seuls intérieurs, photographiée au studio, en couleurs naturelles? Le film de plein air se prêtera aux recherches du film en couleurs mais le film de studio sera difficile à faire. Quant au prix de revient, il est excessif et ne serait pas en rapport avec les prix des places actuels. Cette dernière question est, du reste, une catastrophe. Tout a augmenté, dans tous les domaines, y compris dans celui de la production cinématographique. Seuls les cinémas n’ont pas augmenté leurs places, et il y aurait même, dans certaines villes, certains cinémas, tendance à la baisse. Le film français est supérieur en qualité. La qualité se paie cher. Il faudrait procéder par paliers successifs d’augmentation comme on a fait pour les journaux. En ce qui concerne le film-annonce payé, laissez-moi vous dire que je crois l’effort fait par les directeurs minime en comparaison de l’intérêt que leur apporte ledit film-annonce, qui est assimilé à la publicité, et permet ainsi l’amortissement des frais engagés dans sa réalisation.
M. LUCACHEVITCH (Sedif)
LE FILM EN COULEURS S’INSTALLERA LENTEMENT
— La couleur, à mon avis, pénètre en France, mais faiblement. On n’a rien fait en France à ce sujet. Aucun procédé au point, pas de laboratoire français, et aucune préparation de scénarios spéciaux pour la couleur. Evidemment, le film en couleurs s’installera ici, sans fracas. Et quand il aura submergé le marché, on ne pourra pas faire autrement que d’en produire, Dieu sait aux prix de quels sacrifices !
Pourtant, la production est moins chère qu’ailleurs. Mais étant donné les prix des places pratiqués en France, souvent diminués, les producteurs ne pourront pas tenir. Seul un « superfilm » peut tenir. Pour l’exportation, un très grand film comique peut réussir, mais c’est surtout le film dramatique qui a des chances internationales. Bien sûr, les « vedettes » sont trop cher, mais les .VRAIES vedettes, celles qui font prime à l’étranger ne sont pas trop payées. Il y a trop de fausses vedettes payées beaucoup trop, par comparaison.
L’augmentation du prix des places se fera toute seule, si nous tenons la qualité du film français au même niveau, car nous pourrons ainsi imposer des conditions plus en rapport avec le prix de revient de nos films.
Sylvia Bataille et Françoise Rosay dans une scène
de Gens du Voyage.
M. R. HAKIM (P.F.L.)
LES ACTEURS QUI RENDENT MERITENT QU’ON LES PAYE
— Enregistrons le succès du film français à l’exportation. Certes, le prix des acteurs est cher, mais ceux qui « rendent » à la vente à 1 étranger méritent le prix qu’on les paie. Je crois toujours qu’avec un ou deux bons acteurs, de bons sujets, et un excellent metteur en scène, la réussite du film français reste certaine.
La couleur ne me semble jpas offrir un grand intérêt pour le public. En France, il paraît impossible de croire au développement rapide du film en couleurs. Cela exigerait une trop grosse et mamortissable mise de fonds.
M. CAPELI ER (Ciné Sélection)
BEAUCOUP DE VEDETTES BAISSENT EN IMPORTANCE
— Dans le cinéma français, le problème de la couleur pointe de plus en plus. Pour ma part, je n’en ferai pas. Il faudrait réaliser, pour le premier film en couleurs, parfaitement mis au point, une œuvre de valeur susceptible de s’amortir, même sur le marché français. Dans la production, constatons que beaucoup de vedettes baissent en importance. Un beau sujet, d’un roman très connu, d’un auteur qui porte, a plus d’importance, alors, que l’interprète. Il faut réaliser en France des films de deux catégories le film pour le marché français, et le film de grande classe internationale, qui pourrait être fait en couleurs — si le scénario s’y prêtait — avec un accord passé entre un producteur français et un producteur anglais.
Mais dites bien que la couleur ne sera jamais un attrait considérable, comme le fut le parlant, qui détrôna, par un seul film, le film muet. Un jour viendra où il faudra en faire, de toutes façons. Mais ce n’est pas pour cette année.
M. PITOU (Haussmann Films)
L’AVILISSEMENT DES PRIX RESULTE
D’UNE MAUVAISE ORGANISATION
— Il n y a pas en France de procédé suffisamment au point pour faire du film en couleurs. La couleur se prête évidemment plus au film de plein air qu’au film tourné en studio uniquement. Tous les sujets ne se plieront donc pas à la couleur. Et le prix des copies s’avère trop élevé pour le peu d’empressement que manifeste le public pour le film en couleurs.
Le film français marche très bien à l’exportation. Les vedettes sont trop chères. Il faut en créer de nouvelles. Mais l’exploitant et le producteur sont trop paresseux pour « lancer » une vedette. C’est ainsi que l’on s’en tient toujours à peu près aux mêmes artistes payés des cachets astronomiques. Le film-annonce ? Mais il faut le donner aux grosses locations avec mi , nimum garanti et gros pourcentages, et demander une faible location pour les forfaits. Les prix des places actuels résultent d’une mauvaise organisation. Il devrait y avoir accord général des distributeurs pour refuser des programmes à des directeurs avilissant le prix des places ou pratiquant le dumping.
M. RUPP (Cipra)
SEULS LES FILMS DE FERNANDEL S’AMORTISSENT ENTIEREMENT EN FRANCE
— Aucune opinion précise sur le film en couleurs. Il faudra probablement attendre la mise au point d'un procédé, et la diminution des prix de laboratoire et d’établissement des négatifs. Notre but est de travailler pour le marché international, car il n’y a guère que Fernandel qui, par sa seule popularité, permette à un film de s’amortir intégralement sur le marché français. Et un film français peut très bien avoir du succès à l’étranger sans qu’il y ait de grosses vedettes. Un exemple est probant : Prison sans Barreaux qui a vraiment fait une carrière imprévisible hors frontières. Avant tout : un beau sujet et une réalisation originale sont indispensables si l’on veut intéresser le public étranger.
M. BERCHOLTZ (Producteur)
LES VEDETTES DE VALEUR SONT RARES
— Ma politique est de faire peu de films, mais de grande importance, de valeur internationale. L’exportation pour le film français est en constante progression. Les prix obtenus à l’étranger sont très bons, mais seulement pour de bons films dotés d’artistes de premier plan et de sujets de qualité. Avec la diminution de pays producteurs d’Europe Centrale, ou leur disparition, le marché français gagnera de nouvelles chances. Bien sûr, le prix des vedettes, de la pellicule, des studios, sont chers en France, les vedettes surtout demandent des prix élevés. Mais sur certaines d’entre elles, on récupère facilement ces prix, puisqu’elles permettent de vendre les films à des taux considérables. Mais des « noms » de cette valeur sont rares.
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