La Cinématographie Française (1938)

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I 72 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ ci^É^fi®R/\PHiE FRftM!»WSE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ Mademoiselle Docteur, Le Mensonge de Nina Petrovna, Nuits de Feu, La Porte du Large, Nitchevo ont été particulièrement acclamés. Comme dans les autres villes du littoral, Harrv Baur et Danielle Darrieux se partagent les faveurs du public. Mais on admire également ici Pierre Blanchar, Gaby Morlay et Francen. Nous avons demandé au Dr Arturo Saraca. l’un des administrateurs de cette même société, quel attrait il trouvait aux films français : « C’est, nous a-t-il répondu, que vos films sont toujours construits autour d’un sujet intéressant » * * * Kotor, l’ancienne Cattaro, se trouve au pied du Monténégro, au fond des Bouches du même nom, aussi célèbres que les fjords de Norvège. Malgré sa faible population, 2.000 habitants, Kotor a son importance : c’est le lieu d’échanges entre la Dalmatie, le Monténégro et l’Albanie. M. Tripo Vukovié est depuis 1913 propriétaire de l’unique salle de Kotor. Ajoutons qu’il est également entrepreneur de Pompes Funèbres et que les affiches de cinéma voisinent dans son magasin avec les beaux corbillards ornés de dentelles d’argent... Les films arrivent à Kotor par l’intermédiaire des représentants qui font des tournées régulières; les bandes françaises sont envoyées par les agences Avala de Zagreb et Cosmos de Belgrade. Le présent du petit cinéma de Kotor est sans histoire; on n’y joue les films qu’un jour, quelquefois deux. Nous y avons vu Les Nuits de Feu et des actualités Paramount contenant un grand nombre de sujets fran çais, mais vieilles de cinq mois... Par contre, le passé de cette modeste salle ne manque pas d’intérêt. M. Tripo Vukovié se souvient très bien du temps où la Dalmatie étant encore autrichienne, il recevait tous ses films par l’agence Pallié de Trieste. 11 se rappelle le grand succès de Germinal et du Chemineau. La population des Bouches de Kotor ayant été évacuée dès le début de la guere, le cinéma ne fut plus utilisé que par les militaires. En 1916, lorsque le Monténégro eut succombé devant les forces autrichiennes, les habitants réintégrèrent leurs foyers. De 1916 à 1918, les films utilisés en Dalmatie venaient de Vienne, mais, sitôt après l’armistice, une agence de productions allemandes, américaines, françaises et italiennes, avec soustitres en serbo-croate, s’installa à Zagreb. Cependant, les troupes internationales occupaient les Bouches de Kotor et les soldats français avaient prié M. Tripo Vukovié de projeter les films qui arrivaient de France, et dont la population fut autorisée à profiter. « Les gens en étaient fous », nous dit M. Vukovié. On parle encore à Kotor de ces films français; on n’a pas oublié Bigadin ni surtout Max Linder. * * * Voilà donc un pays dont la production nationale est presque nulle, où les jeunes générations sont élevées dans la connaissance du français, où nous comptons encore de nombreux amis. N’est-ce pas un marché qui mérite d’être considéré ? Madeleine Epron. COLOMBIE Succès inattendu du Film Français 21 Films français en 6 mois {De notre correspondant particulier ) Bogota. — Les premiers six mois de 1938 se sont signalés dans l’exploitation cinématographique par des faits assez inattendus. En premier lieu, la disparition presque totale de films d’origine allemande, anglaise et italienne. La production anglaise a été nulle; les Italiens ont plutôt nui à leur prestige avec Les Cent Jours et Lorenzo de Medicis et les Allemands ont occupé des écrans grâce à quelques opérettes. Les films américains ont fait preuve d’une faiblesse vraiment inconcevable, sauf quelques rares exceptions comme Maria W alewska. Les Flibustiers de De Mille, La Charge de la Brigade Légère et cet admirable Winterset, la valeur des œuvres présentées a été d’une médiocrité navrante. Ces pénibles comédies standard et les interminables drames du « gang •», que le public français a la chance de ne pas voir, ont donné une pitoyable idée du cinéma américain de ces derniers mois. Le film français a profité évidemment de cette situation en pouvant disposer, en plus du Teatro Real, de 5 salles supplémentaires qui, jusqu’à présent, lui étaient à peu près fermées. Nous avons vu donc 21 productions françaises apparaître pendant le premier semestre de 1938, sur les écrans des théâtres Real, Astral, Rex, Apolo, Atenas et Faenza : Paris, Les Demi-Vierges, TJn Mauvais Garçon. Lucrèce Borgia, La Dame de Malacca, Mademoiselle Mozart. Nuit de Feu, La Citadelle du Silence, La Porte du Large, L’Orage, Les Beaux Jours. Boissière, La Tendre Ennemie, Vertige d’un soir, La Roule Dnpériale, Courrier-Sud, Port-Arthur, La Rose Effeuillée, Forfaiture, Baccara et Kermesse héroïque. 11 serait évidemment illogique de dire que tous ces films ont eu du succès, bien au contraire. La Kermesse Héroïque, Les DemiVierges, Boissière, Courrier-Sud, La Porte du Large, Nuit de Feu, Les Beaux Jours ont eu des résultats commerciaux plutôt discuta bles; Baccara. Port-Arthur, La Rose Effeuillée, Forfaiture, La Route Dnpériale, Vertige d’un soir. Mademoiselle Mozart, La Dame de Malacca et Paris ont mieux marché et on prévoit un bon résultat. Lucrèce Borgia, La Citadelle du Silence et L’Orage donnent des excellentes recettes aux distributeurs dès la présentation. Mais le plus gros succès, le film record qui s’est permis de tenir en échec Maria \V alewska elle-même est — oh ! ironie du sort ! — Un Mauvais Garçon. Cette production, qui a été supérieurement lancée par son distributeur, a bouleversé capricieusement toutes les lois et les prévisions de l’exploitation cinématographique; la musique et chansons du film, jouées tous les jours par la plupart des stations de T. S. F. de la capitale, a fait une telle impression dans l’âme du public que les guichets du Teatro Real se voyaient littéralement pris d’assaut par les spectateurs. Danielle Darrieux est passée ici au premier plan de vedettes mondiales et même Henri Garat détesté ici — a réussi le tour de force de plaire exceptionnellement; Edwige Feuillère plaît également après ses deux films; Annabella a aussi son public; par contre, Gaby Morlay et Marcelle Chantal ne réussissent pas à s’imposer malgré les nombreux films présentés. Chez le sexe fort, c’est Charles Boyer, indiscutablement, qui vient en tête; Harv Baur plaît également; mais ni Francen ni Pierre Richard-Willm, ni Jean-Pierre Aumont ne sont des types pour ici. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes en Amérique où le physique a, aux yeux du grand public, une grosse importance. Un artiste, homme ou femme, doit être inévitablement « jeune et beau »... ou le paraître du moins. C’est la raison de la grosse popularité de certains artistes américains ou anglais comme Robert Taylor, Tyrone Powers, Gary Cooper et les beautés artificielles de Hollywood. Michèle Morgan, par exemple, a plu par ce que nous pour rions appeler sa « beauté bestiale », qui cadre parfaitement avec la tenue de son personnage dans Orage, mais je doute qu’elle puisse, malgré son énorme talent, s’imposer ici dans des productions successives. Il faut donc conclure que sur 21 films présentés, 4 seulement ont été de vrais succès, le restant ou se terminera définitivement par des échecs (une demi-douzaine), ou réussira à donner tout de même des bénéfices i)l us ou moins élevés aux distributeurs. Des quatre vrais succès, deux sont dus à leurs sujets ( Lucrèce Borgia et La Citadelle du Silence), un à l’interprétation : Orage, et l’autre ; Un Mauvais Garçon, à une série de circonstances imprévues, allant de l’interprétation au lancement, en passant par le sujet parisien du film. La Colombie est en train de devenir un marché pour le film français et je n’étais pas trop loin de la réalité quand j’affirmais, il V a 10 mois, que 50 productions françaises pouvaient y être exportées annuellement. Mais, j’estime que les producteurs doivent savoir s’imposer une sorte de discipline en évitant de nous envoyer des productions qui font un tort d’ordre général à toute la production française. Les producteurs français doivent envoyer en Colombie et dans toute l’Amérique, uniquement des films exportables et, dans cette remarque, je m’adresse également aux agents-commissionnaires de Paris et Berlin. L’importateur américain ne peut acheter que se fiant à un press-book, à une collection de photos et surtout à un avis « technique » qui lui est fourni par le vendeur. Des films comme La Tendre Ennemie, Les Demi-Vierges ou Boissière, Madame Bovary, L’Escale et On a trouvé une Femme nue ne conviennent pas du tout au marché sudaméricain; ces films remboursent à peine les frais de lancement. Or, un importateur qui perd 500 ou 600 dollars est inévitablement un client en moins. Le but de ces lignes n’est autre que renseigner les producteurs sur les possibilités de ce territoire; appliquons pour ce marché — et les autres — une politique intelligente, et le marché d’exportation sera, pour la production française, la plus belle et la plus importante des réalités. Luis Vicens.