La Cinématographie Française (1938)

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290 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ CIINEP ■R/\PHIE 1SE EXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX3 tre les autorités et les cinéastes qui indiquent les dispositions répondant à leur technique, et nous n’en sommes pas là en France. C’est merveille que les avions de la croisière impériale aient été pris une fois, en masse, de haut, survolant Tunis. AUTRE CENSURE : INTERETS, SUSCEPTIBILITE Indépendemment des autorités, les intérêts corporatifs et privés épluchent chaque sujet. Un accident de chemin de fer désoblige les compagnies; dire que les wagons pulvérisés étaient en bois, soulève cette industrie, et indiquer que le sinistre était dû à la négligence, révolte les cheminots. Enfin, il y a la réaction internationale. L’étranger trouve souvent matière à cr.tique, et intervient soit directement auprès des maisons, soit par l’intermédiaire du Gouvernement français. Les Gouvernements de l’Amérique Centrale, fort chatouilleux, se plaignent facilement au nôtre, qui prend au sérieux des réclamations que les Etats-Unis ignorent. Quand dans une manifestation artistique à laquelle assiste M. Hitler, ce dernier ne se juge pas suffisamment bien présenté, le correspondant en Allemagne de la Lirme française est invité à agir. Quand le Japon suspecte une actualité de provoquer une réaction favorable à la Chine, un attaché d’ambassade vient protester et même offrir de payer les frais d’un opérateur qui irait tourner des actualités plus favorables à son pays. Il suffit de se rappeler que les journaux filmés ont des attaches internationales, et que leurs distributeurs ont de grands films à placer dans tous les pays pour comprendre que toutes ces invitations, toutes ces protestations, il leur faut en tenir compte ; et qu’en s’ajoutant aux difficultés industrielles et commerciales particulières à la presse filmée, elles en rendent la composition attrayante et variée, plus difficile encore que celle de la presse imprimée. LES DIFFICULTES DE LA PRESSE FILMEE D’abord, la question d’argent. En un temps où tout renchérit, l’actualité filmée sc vend moins cher qu’il y a deux ans ! La presse d’information et la radio privée vivent de publicité. La presse d’opinion vit des subventions d’un parti : le public du cinéma ■uerdit ces ressources. Les frais de distrin contraignent les éditeurs d’actualités à s . ber à des distributeurs de grands films qui tr> en! en elle un élément de placement de leur , handise, mais l’amènent à une parution heL adaire comme leurs programmes et sui ' mm, comme leurs bandes. Les actualité^ ^gionales de cinéma à Lille, Marseille, etc. sur î 6 mm. sont encore l’exception. Seuls les sujets spectaculaires sont possibles au cinéma. Et encore à condition que l’un des quelque trente cameramen qui opèrent en France, se trouve là avec son matériel. L’imméd:at seul existe, sauf, exceptionnellement, pour le grand reportage, type « Marche du temps » procédant de la reconstitution avec la mise en scène. Enfin, une condition prime toutes les auIres : le cinéma est rigoureusement limité aux sujets dont nul ne peut se formaliser, et qui surtout ne risquent pas de dresser les spectateurs les uns contre les autres. Le journal imprimé peut tout aborder, même partialement ; la réaction du lecteur est individuelle. Le spectateur de cinéma a une réaction de masse, que multiplie l’anonymat résultant de l’obscurité. Indépendamment de toute police intervenant pour préserver l’ordre public, le désir de garder dans les salles une clientèle qu’en chasseraient des actualités susceptibles de provoquer des désordres, suffiraient à interdire à l’exploitant de les projeter et au distributeur de les fournir. Le cas est spécial et exceptionnel de salles tolérées par l’autorité et spécialisées dans certains sujets, tels que soviétiques, dont le public accepte d’avance le programme. D’autres maisons sont tolérées, dans lesquelles, si l’on y va, il serait de mauvais goût de se fâcher de ce qu’on voit. « Il y a une façon légitimiste de raconter une histoire de chien écrasé » disait Arthur Meyer. Le commentaire le plus anodin sera passé au crible; mais si bien fait qu’il soit, il n’empêchera pas les protestations de s’élever si le sujet peut déplaire à certains. Un simple défilé de « balillas » italiens, porteurs de masques à gaz, a prouvé la susceptibilité du public. Reste bien la demande annonce « Prière de ne pas manifester », mais son emploi n’est efficace qu’à condition de rester exceptionnel. Enfin, tous les sujets doivent intéresser la totalité du public, qui ne peut, au cinéma, ni sauter un article, ni changer de poste. Et la presse filmée ayant pris un caractère hebdomadaire, l'intérêt des sujets doit, à la fois, être actuel et quelque peu permanent, comme les articles de magazines, afin d’être projetables en 2e, 3e et 4e semaine. COMMENT REDIGER UN JOURNAL FILME ? Compte tenu de toutes ces considérations, comment composer un journal filmé ? Les chefs de la presse filmée sont unanimes à préconiser une formule montrant les événements les plus marquants dans toutes les branches de l’activité nationale et pour y ajouter dans une proportion variant entre 1 et 2/3 de la bande suivant les maisons, des sujets d’intérêt universel originaires de l’Etranger, de façon à garder au journal son caractère d’information mondiale. La tendance actuelle est de grouper les sujets en rubriques et d’alléger les titres pour gagner du métrage et précipiter l’intérêt, sans toutefois créer de la confusion en les supprimant entièrement. Pour varier le journal, certains sont d’avis de consacrer parfois un métrage important à un véritable reportage filmé. Unanimement, le souci de l’intérêt national pousse à présenter tout ce qui, à l’Etranger, peut nous être favorable, comme on l’a vu au moment de TExposition. Unanimement, on rejette ce qui peut choquer les plus sensibles, comme les crimes, dont la presse imprimée est si friande et dont le Cinéma d’ailleurs ne saurait guère saisir que les à-côtés. En France, les rapports de la presse filmée avec la presse imprimée ou radio-diffusée sont pratiquement nuis. Quelques coopérations sporadiques et le fait que certains cinémas d’actualité font avec les journaux qui les patronnent, un échange de publicité, ne constituent pas un lien étroit. Aucun journal d’actualités français ne constitue un élément d’un syndicat de presse ou de radio comme c’est jrarfois le cas à l’Etranger; ainsi, la « Marche du Temps » fait partie d’une organisation américaine qui publie trois magazines imprimés de renommée mondiale et patronne des radio-diffusions. Notre presse filmée vit modeste et isolée. Etroitement surveillée par un pouvoir jaloux, qui a harnaché la radio à son profit et s’efforce de museler la presse imprimée, elle semble dépouillée d’influence politique et financière. La presse filmée, pour se renouveler, devra faire appel à une formule nouvelle. Cette formule, une équipe composée de collaborateurs de l’ancienne direction PathéNatan, annonce l’avoir trouvée. Elle veut l’appliquer à l’organe filmé qu’elle vient de créer : Paris-Actualités, en éditant sur une grande échelle de l’actualité en 1 6 mm., pour toucher un vaste public encore vierge et un marché encore fermé, puis en rendant l’actualité quotidienne au heu d’hebdomadaire. Pour y habituer le public, des salles d’actualités seront créées, où le numéro quotidien viendra chaque jour s’ajouter au programme. Pour intensifier cette propagande, le sujet du jour fera l’objet d’une radio-diffusion par affiliation à un poste d’émission. Enfin, on développera l’intérêt national et même local des sujets : autrement dit, on en étendra le choix. Il est évident que l’expérience seule montrera l’efficacité de la formule. Ainsi donc, sauf adoption d'une formule nouvelle ou ingérence active de l’Etat dans la presse filmée, aucun changement ne semble immédiatement à attendre. Telle est l’impression qui se dégage d’une large consultation. C’est dans les habitudes données au public, dans le désir des distributeurs de l’employer comme monnaie d’échange internationale, même onéreuse, vis-à-vis des différents pouvoirs, et dans l’espoir que ces pouvoirs ont d’utiliser sa force de propagande, que cette presse trouve sa raison de vivre en surmontant quotidiennement les difficultés inhérentes à sa nature. Celle-ci en imposant de masser le public dans des salles, rend le maniement de la presse filmée aussi délicat que celui d’un explosif puissant et instable. Seul quelque nouveau procédé permettant de toucher l’individu isolé, tel que la télévision, permettra de la manier avec sécurité dans tous les domaines et lui donnera sa pleine valeur. Mais ce jour-là, comportera-t-elle encore du film ? — Maxime. Lévy.