La Cinématographie Française (1938)

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I ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ CIIME? ■RA PME ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ TECH MAT NIQUE E R 9 E L — 1030 du 29 Juillet 1938 Publié sous la Direction Technique de a.-p. RICHARD Abonnement spécial aux douze numéros annuels de TECHNIQUE ET MATERIEL FRANCE et Colonies : 25 ÏP* ÉTRANGER (Union Postale) : 40 fp« Autres Pays : 50 fp* Et... En Avant la Musique par A. -P. RICHARD Dussé-je passer pour un faux frère, qu’il me soit permis d’approuver l’illustre auteur de la « Jeune Parque », dont l’opinion prend toute sa valeur, pour moi du moins, lorsque j’auditionne dans les salles obscures la résultante des efforts conjugués des cinégraphistes et des musiciens. Les non initiés s’imaginent que le musicien, plein de son art, le front penché sur la partition de son âme, attend que frappe à sa porte le producteur de ses rêves, qui lui apportera le manuscrit d’un film. Il fut peut-être un temps où les producteurs allaient à la mansarde du talent. Aujourd’hui le talent n’a que la ressource de courir après une avoine problématique, que de multiples intermédiaires dissimulent en des retraites ignorées du profane. Anciennement, temps béni, le producteur convoquait un musicien, payait les exécutants, donnait un chèque au compositeur et, généreux comme Crésus, lui laissait les droits d’auteur. D’aucuns poussaient la générosité jusqu’à payer la partition obligatoire déposée, tel le veut l’usage. Aujourd’hui, d’astucieux profiteurs ont changé tout cela. II n’est plus question pour un compositeur d’être payé. A lui l’honneur d’être considéré, parfois comme un capitaliste, parfois hélas comme un artisan façonnier qui besogne à la petite semaine, pour le plus grand profit de son entrepreneur. Voici quelques unes des solutions multiples et ingénieuses, créées par la pléthore des postulants compositeurs et l’ingéniosité des marchands d’art mécanique, les uns profitant du besoin de manger les autres. Un Monsieur, prénommé, m’a-t-on affirmé, éditeur, fournit un petit subside au candidat-compositeur en mal d’enfantement et désigne le futur chef-d’orchestre auquel on confiera la mise en boite du produit composé par le premier; plein de bonté, le Monsieur sus-nommé éditeur paye les musiciens, oh! soyons francs, leur allonge un modeste subside. La musique est un art majeur, le cinéma se classe dans les mineurs... ainsi le proclame M. Paul Valéry. Le chef-d’orchestre est un employé à la solde de l’éditeur, ou plutôt une sorte de forçat condamné à gravir inlassablement les échelons de la gamine musicale, qui meut la roue de 1 édition. Le compositeur abandonne gracieusement la plus grosse part de ses droits d’auteur... Plus tard... beaucoup plus tard le chef-d’orchestre distribue aux musiciens sur les futures entrées, après que le môssieu dit éditeur s’est servi, le restant de leur cachet modestement grossi, ô ironie, de ce qu’on appelle dans ce cas leur part. On trouve encore, bénissons les honnêtes gens, des éditeurs qui paient les musiciens au tarif syndical, sont honnêtes jusqu’à payer le transport des exécutants et de leurs instruments, laissent au compositeur le droit de choisir le chef-d’orchestre et les musiciens et se paient jusqu’à concurrence des deux tiers des droits. On en trouve qui R. Aisner, J. Boyer et Arménise le producteur, le réalisateur et l’opérateur de La Chaleur du Sein. se contentent d'un tiers, mais ces oiseaux rares sont en voie de disparition. Les solutions ei-dessus exposées ne sont que d’anodines spéculations, car il y a mieux. D’ingénieux spéculateurs ont changé leur champ d’investigation : courses, change, actions pieds humides, mines hypothétiques, contre l’exploitation du compositeur. Voici le processus de cette intéressante opération : on cherche un musicien de talent qui ait besoin de manger, pour qui ce besoin est si pressant, que tout s’efface devant cette nécessité. Pour peu qu’il ait de la famille, il est encore plus apte à comprendre ce qu’on attend de lui. Son rôle consiste à aller chez les producteurs et leur tenir ce langage : « Vous faites un film et je suis l’homme qu’il vous faut, je suis cet homme, car je me charge de tout, et pour que vous n’en doutiez, voici un chèque ». Comme nombre de producteurs sont plutôt gênés que larges en leur trésorerie, on comprendra combien cette offre séduisante trouve d’oreilles ouvertes. Où dans cette combinaison loge-t-on l’art? Et les droits du compositeur? Nous avouerons pour notre part n’en rien savoir. Puisque chacune des trois parties : financier, compositeur, producteur se déclarent satisfaites, le cinéma même s’il y perd, ne peut que se déclarer heureux d’avoir à moudre à longueur de film, le produit de conjonctures commerciales nées sous d’aussi brillantes auspices. D’autres combinaisons artistico financières connues sont à la mode. Nous ne les exposerons point, pour ne pas décourager les postulants à un exercice qui ne rapporte ni gloire, ni profits. L’indépendance du compositeur, l’avis du producteur sur la partition, la manière dont est exécuté le travail, sont de vieux oripeaux pendus aux porte-manteaux des éditeurs et financiers. Il y a maintenant trop de main-d’œuvre sur le marché, chacun veut vivre, l’art en meurt. Qu’importe..., le commerce va !