La Cinématographie Française (1938)

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72 : îzxxxixixxxxixxxxxxj CIIME FR, RAPHIE SE CXXXXXXXXXXXXXXXXXXTTXY NON, VENISE N’EST PAS UN BOURREAU DES VERTUS ! par MAURICE B ES S Y , J acteur en Chef Je CinétnottJi La participation française à Venise est-elle parfaite ? On sait bien que non. 1 rop d’absents ! Les plus grands noms du cinéma français ne figurent pas sur les listes. Aucune trace de Renoir, de Feyder, de Duvivier. Pas une ligne de Jeanson ou d’Achard. Ni le génie de Pagnol, ni le talent de Guitry. On s’est donné beaucoup de mal. On s’est abondamment querellé. Et d’avance, chacun sait que les résultats ne sauraient être magnifiques. Partant favoris : Le Quai des Brumes qui a remporté un légitime succès en France, et Le joueur d' Echecs qui jouit du privilège d’être inédit. Les autres ont virtuellement terminé leur carrière commerciale. Venise, en les couronnant, ne ferait que confirmer des succès. Au surplus deux d’entre eux ont déjà reçu des récompenses. On reculera devant le cumul. La Commission chargée du choix des films à envoyer est composée de représentants qualifiés, fonctionnaires, industriels, journalistes, intellectuels. On m’assure qu elle a travaillé avec acharnement. Il n’est pas aisé, à cet instant de l’année, de procéder à un large référendum. Néanmoins les quelques opinions que nous avons pu recueillir sont significatives. Un seul producteur parmi ceux intéressés, est d’accord de façon totale avec la liste choisie : M. Métayer. Mais M. Stengel, par exemple, établira ainsi ses préférences : Le Quai des Brumes , Les Disparus de SaintAgit, Abus de Confiance , Prison sans barreaux, Cribouille. Jean Fayard, le critique de « Candide » choisit : Le Quai des Brumes, La Mort du Cygne, Le Petit Chose, L'Orage et « sûrement pas les autres qui sont envoyés ». Georges Champeaux, de « Gringoire » : Le Quai des Brumes, Le Puritain, Les Disparus de Saint-Agil, Mollenard et Quadrille. Henri Jeanson propose en souriant « les films qui reflètent exactement le sentiment, la mentalité et l’image de notre pays, c’est-à-dire : Ignace, Barnabe, Les Rois du Sport et 4 Artilleurs en vadrouille. » Plus sérieux, Marcel Achard indique : Le Quai des Brumes, le convenable Abus de Confiance et, plutôt que les autres : Le Puritain, Prison sans barreaux. Pourquoi, sur le chapitre médit, n’a-t-on pas parlé de La Maison du Maltais et de La Femme du Boulanger ? Biaise Desjardins, directeur du circuit Pathé, signale Prison sans barreaux et Tragédie Impériale. M. de Boissière, chez G. F. F. A., parle d Altitude 3.200 et s’étonne que Alerte en Xléditerranée et La Maison du Maltais n’aient pas été sélectionnés en inédits. Marcel Carné, l’heureux réalisateur du Quai des Brumes dont l’envoi demeura longtemps problématique, affirme : Légions d' Honneur, L Appel du Silence, Sœur d’ Armes, bref tous les films bien pensants, moraux, optimistes, sains, et tout et tout. M. Borderie, dont on connaît les efforts de production, voudrait qu’on détermine exactement si 1 on doit choisir les films pour Venise seulement du point de vue métier, technique, ou du point de vue propagande française. A son avis, il conviendrait d’envoyer les uns et les autres. Dans le premier cas. Quai des Brumes. excellent techniquement, mais moralement douteux; dans le second. Le Petit Chose, considéré du point de vue humain seulement. Réponse sage, avisée, complète. Ces quelques app. éclations qui prouvent bien que le Français est un monsieur très individualiste et qui sait ce qu’il veut, démontrent au surplus le désir, chez les uns et les autres, d’envoyer à Venise, non pas tant des films à succès commercial, voire artistique, confirmé, mais bien plutôt des films représentant des efforts véritables. Le problème ne préoccupe personne de savoir si Quai des Brumes est morbide ou non, si son héros est un déserteur, si ses personnages sont pessimistes ou inquiets ; c’est un bon film, un point c’est tout. Et les hésitations qu’il provoqua sont de celles qu’il faut combattre. On nous a dit, de même « nous n’envoyons pas Les Disparus de Saint-Agil parce qu’il montre un principal de collège faux-monnayeur, ni Alerte en Méditerranée parce qu’il réunit diffé ents navires de guerre et que la marine italienne n’y figure pas; ni Paix sur le Rhin en raison de son climat politique, ni Prison sans barreaux parce qu’il prouve qu’il existe une enfance malheureuse. » Nous pourrions ajouter : Ni Ramuntcho parce que les contrebandiers y sont sympathiques, ni Abus de Confiance qui démontre qu’on peut, en abusant de la confiance humaine, faire son bonheur, ni La Mort du Cygne qui démontre la perversité des enfants, etc... etc. L’ennui provient du fait que des arguments de ce genre ont été soulevés, commentés, pris en considération. Ils autorisent la question : Se rendra-t-on à Venise pour proposer des films conformes à 1 idéologie italienne actuelle ? Ou y va-t-on pour confronter les efforts cinématographiques des différentes nations ? Le choix de la Grande Illusion l’an passé, nous incline, naturellement, à la deuxième partie de l’ait rna’ive. Le reste n’est que bavardages de vieux messieurs. * * Et puis, il faut bien le dire, malgré les protestations, il existe deux cinémas français. Celui que l’on voudrait voir exister. Celui que ses artisans s’efforcent de conserver : un art de liberté, d’action, de tentatives. Liberté ne signifie pas licence, immoralité, obscurité. Les films français qui ont triomphé au delà d e nos frontières sont principalement ceux qui indiquent une aisance de pensée totale, une indépendance intellectuelle et absolue. A son arrivée au Havre, Julien Duvivier a bien voulu approuver ce point en me le déclarant avec énergie : « Il ne faut pas envoyer à Venise des films de pure propagande. Qu’importe si l’œuvre envoyée est morbide, déprimante, peu morale, d’une idéologie blanche ou noire. Il faut envoyer de bons films, d’excellents films. Ceux-là seulement, sans s’inquiéter davantage ! » Au cours d’un lécent voyage aux Etats-Unis j’ai eu l’occasion de rencontrer — tant à New York qu’à Hollywood — des personnalités nombreuses, diverses. Leur opinion est unanime: « le cinéma français constitue une réelle avantgarde... Nous l’apprécions d’autant plus qu’il nous montre ce que l’on nous interdit de montrer dans nos propres films ! » L’argument est considérable. Il ne s’agit pas de le minimiser. Nous dirons donc à nos amis italiens : nous avons chez nous un certain M. Pagnol dont les films sont admirables, terriblement français, mais qui utilise parfois des expressions gauloises... Nous n’avons pas voulu heurter vos oreilles. Nous possédons aussi un certain Jef Musso, un monsieur inconnu et qui a réalisé un film exceptionnel. Excusez-nous, nous le gardons égoïstement pour nous ! Il faudra, l’an prochain, trouver le moyen de n’être pas aux ordres des messieurs à faux-cols ! LJ