La Cinématographie Française (1938)

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! ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ RAPHIE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ TECHNIQUE E T MATERIEL — 1034 — du 26 Août 1938 Publié sous la Direction Technique CD > • 1 * • RICHARD Abonnement spécial aux douze numéros annuels de TECHNIQUE ET MATERIEL FRANCE et Colonies : 25 ÏP« ÉTRANGER (Union Postale) : 40 fp» Autres Pays : 50 fp* MUSIQUE D’ABORD RONGE ET DÉGRADE LA MUSIQUE DANS LES FILMS UN MAL MERCANTILE Dans un article précédent, nous avons dénoncé le mal qui ronge la musique, mal mercantile qui s’aggrave du fait que les mécènes qui vont jusqu’à payer les producteurs sollicitent et obtiennent qu’il y ait dans le le film 45 minutes environ de film enregistré. Le mal n’est pas qu’il y ait de la musique, mais plutôt que celle-ci soit imposée là où elle n’a souvent que faire, là où le réalisateur n’a parfois prévu qu’un reposant et éloquent silence. Le commerce ne justifie pas cette manière, de faire, pas plus qu’est justifié le massacre, de la musique par des cinéastes distingués, qui la relèguent au rang d’accessoire bruiteur. Ou bien la musique est indispensable ou elle ne l’est pas; dans ce cas, nous sommes donc bien placés, puisqu’on nous l’impose, en face d’une inéluctable nécessité commerciale, d’une fatalité œdipienne qui ne contente personne. Examinons maintenant le cas d’une musique écrite dans les meilleures conditions, c’est-à-dire celle où un producteur a fait l’effort rude de confier le scénario à un musicien libre de toute attache. Le musicien connaît longtemps à l’avance le scénario, où le livret ne lui est remis, majorité des cas, que quelques jours avant la fin du montage du film. Dans le premier cas, il lui est possible d’écrire sa partition dans le calme, il lui est loisible d’attendre l’inspiration créatrice, dans le second, il passe confectionneur à façon. Ce n’est pas tout. Lorsqu’une partition est écrite pour des images, il est important que ses variations, en amplitude, puissent suivre le thème visuel et s’y intégrer pour que l’effet sono-visuel se créée. Nous nous demandons avec nombre de musiciens si l’impression finale que laisse une musique mixée avec des paroles correspond souvent à ce que le musicien a prévu, voulu, désiré. Il est commode de tomber, comme l’ont fait nombre de critiques, sur l’ingénieur de son et de lui imputer la mauvaise qualité des mélanges, le massacre de la musique, l'inintelligibilité des paroles juxtaposées. Il serait plus charitable, et de meilleur profit, d’en rechercher les causes, de ne point accuser le malheureux lampiste des déraillements, auxquels il ne fait rien, si les principaux responsables ne sont pas décidés à en empêcher le retour. On parle souvent de collaboration entre les différents collaborateurs du film, on en parle, mais on ne cherche pas avec toute la sincérité désirable, l’accord parfait sous la baguette du metteur en scène. Un sort malin veut, au contraire^ que chacun croit tirer son épingle du jeu en jouant l'indépendant, il en découle par la suite toute une série d’incidents fâcheux qui nuisent à l’unité de l’œuvre. Au théâtre, quand le livret a été remis au Viviane Romance et Dalio dans La Maison du Maltais, film de Pierre Chenal musicien, celui-ci a un délai fixé pour la réalisation de sa partition, il la triture à son aise, jusqu’à la présentation au directeur, mais jusqu’ici, les livrettistes et metteurs en scène n’ont pas imaginé de fournir au compositeur un thème tronqué, déformé, constamment modifié, pas plus qu’ils n’oseraient interpréter à leur manière l’orchestration qui leur sera remise. On voit parfois une partition écrite dans un rythme être transposée dans un autre parce que le rythme des images après modification de montage oblige à ce qu’il en soit ainsi. Il faut de deux maux choisir le moindre; or, le moindre, pour la majorité du public qui n’y entend goutte, est de laisser la parole intelligible et l’image souveraine, d’où massacre de cette pauvre musique, dégoût du musicien qui n’a aucun moyen de réaction, bâclage d’un film que tout le monde a hâte de voir se terminer. Une mode nouvelle, la mode est exigeante, veut qu’on juxtapose à la parole les bruits les plus divers, sur lesquels on superpose en plus la musique. Au point de vue artistique, cette conception est infiniment regrettable, la musique étant, sauf cas d’espèce, capable, à elle seule, d’imiter de façon satisfaisante les bruits indispensables. Les amateurs de bruits à tout prix seraient fort aimables d’opter pour une solution logique, ou bien les bruits ont une importance si grande que tout doit leur être sacrifié, ou ils ne sont que des adjuvants qui sont du domaine de la musique. Les superpositions multiples sont agaçantes et souvent inutiles, d’autant que dans l’état de la technique actuelle la dégradation de qualité de chacune des bandes mélangées est si considérable que le résultat final est de loin inférieur aux prévisions les plus sceptiques. En technique de métier, l’argot des praticiens qualifie un son de ce genre de pas propre; cette vérité première demande à être connue de tous ceux qui sont appelés à utiliser le son appliqué au film. Puissent-ils aussi se souvenir qu’on ne force point son talent, en matière musicale plus qu’en tout autre. A.-P. Richard.