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LE TRAVAIL FRANÇAIS
Combien coûte la production d’un film dans votre pays ?
Posez cette question à un Italien, à in Anglais, à un Allemand, à un Améîcain, à un Japonais, à un Français. _eurs réponses vous plongeront dans un ;rand étonnement.
Car, pour le même nombre de vedetes, de décors, de figurants et de mètres le pellicule, vous constaterez que l’un fait ivec dix millions ce que l’autre fait avec in million seulement.
Et chacun vous répondra que c est raiment le prix minimum d’un bon film, t qu’il n’y a pas moyen de faire autrenent.
En vérité, le prix de l’amusement d’une foule de spectateurs pendant cent dix ninutes est étonnamment variable. La olie de dépenses pour l’achat d’un sujet le film, le salaire d’une actrice, la rihesse d’un décor, les talents d’un meteur en scène est toujours prête à se délancher.
Cette folie n’a pour limite que les roides observations du distributeur deant ses fiches de location. Si les recetes payent les dépenses, le film est bon, luoiqu’il ait coûté. On en donne exactelent au public pour son argent. Dans un ays qui paye mille, on fera un film pour aille. Dans celui qui paye un million, >n en fera pour un million.
Le commerce équilibre la production.
liais le gaspillage n’est pas un élément de succès !
Voilà la chose curieuse et qui est une ouveauté : les meilleurs films ne sont fias ceux qui coûtent le plus cher. Il y ■ un minimum de dépense, naturellement; et ce minimum varie dans chaque îays comme nous venons de le dire. Il st aussi nécessaire d’avoir un matériel noderne et un personnel bien entraîné à en servir. Mais il est essentiel, en oure, d’avoir de bons dramaturges, des diaoguistes, des découpeurs, et... des chefs le production.
C’est ce qu’a la France. Depuis trois ans, avec une indépendance d'esprit totale, écrivains et producteurs indépendants travaillent en pleine liberté.
Du talent, certes, il y en a, dans tous les pays du monde, mais aussi combien de contraintes ! Puritanisme, principes sociaux, règles de censure chargent de chaînes les esprits créateurs. L’idée d’une production raisonnée, enregistrée, classée, standardisée par un état-major commercial, qui était le « credo » artistique du cinéma depuis dix ans, a refroidi et stérilisé tous les désirs créateurs.
Pour la part matérielle du cinéma, la pellicule, le plateau, le tirage, de la méthode est nécessaire. Mais pour la naissance de l’art, le libéralisme est indispensable.
Comme à des enfants qui jouent, comme à un poète qui flâne, il faut laisser libre la fantaisie des chercheurs d’art.
Comment veut-on soumettre la variété des programmes à l’unité de cervelle
Corinne Luchaire photographiée à Londres pendant les prises de vues de la^version anglaise de Prison sans Barreaux.
d’un chef central de la production, ou d’un Ministre des plaisirs artistiques !
Le résultat est toujours médiocre. Il tend vers la moyenne, vers un engourdissement honorable. Il produit des paquets de dix ou douze films, tous pareils, malgré leurs sujets différents !
Il est même un cas plus triste; c’est lorsque le grand chef a décidé qu’il faut ne faire que des œuvres d’art, d’une haute moralité sociale, et que les réalisateurs qui ne posséderont pas un génie suffisant pour mettre au jour des super-chefs-d’œuvre dignes du Peuple, seront envoyés dans un camp de travail. Cette détermination a un résultat inattendu : personne n’ose plus rien imprimer sur la pellicule.
On peut sans hésiter attribuer la variété des films français de cette année au fait que cent vingt films sont faits par cent équipes de travail différentes; et, notamment, que leurs sujets sont choisis par des producteurs et des écrivains à l’esprit libre, soucieux de faire œuvre nouvelle, non semblable à ce qui est créé par les autres producteurs. Le fait que les metteurs en scène, les opérateurs et les artistes sont également choisis pour chaque film et non sous contrat annuel par une grande firme améliore encore cette situation de nouveauté continue. L’effort est plus grand dans ces équipes changeantes que dans des « staffs » standard, mais, ici comme ailleurs, c’est de l’effort désespéré que nait le trait de génie.
Un marché intérieur stable est indispensable
La France possède un très ancien marché intérieur. Ses quatre mille salles de cinéma, qui ont commencé par être des arrière-salles de café, puis ont été transformées d’année en année en grands établissements bien équipés pour le confort particulier de chaque clientèle, sont essentiellement des entreprises privées, où chaque directeur est maître chez lui, connaît chaque spectateur et choisit chaque film. Souvent, le journaliste est tenté de