La Cinématographie Française (1938)

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92 ♦ ♦♦♦♦♦ [iiminmrmTi crime FR RAPHIE IXXXIXIITTTIX I 1 XXXT XTTT~ GRACE AD DOUBLAGE UN IMMENSE MARCHE S’OUTRE ER GRANDE RRETAGNE POUR LE FILM FRANÇAIS Comment Richard Heinz a doublé en anglais “ Un Carnet de Bal ” (De notre envoyé Londres. Septembre 1938. — Le vieil adage « Nul n’est prophète en son Pays » garde toujours sa force d’actualité. Il faut se rendre à l’étranger pour s’apercevoir réellement du prestige acquis par le cinéma français au cours de ces deux dernières années. Cela, je viens de le constater à Londres « Les films français sont maintenant les meilleurs », m’ont dit les critiques cinématographiques de plusieurs grands quoti (liens anglais. On m’a interrogé sur Le Quoi des Brunies, dont la réputation a d’avance traversé le « Channel ». Que fait Jean Renoir ? Que prépare Julien Duvivier ? Et Jean Gabin, et Simone Simon, et Danielle Darrieux ? La Presse anglaise qui, il y a encore deux ans, ignorait à peu près tout de notre production, consacre maintenant de longs articles aux films et aux vedettes françaises. Cependant, jusqu’à ce jour, la vision des films français a été réservée, en Angleterre, à des privilégiés, aux spectateurs des quatre salles spécialisées de Londres, le Curzon, l’Acadmy, le Studio One, le Bekerley, auxquelles il faut de temps en temps ajou Dans ces cinq salles, les films français sont présentés en version française, avec sous-titres anglais. Les places y sont généralement très chères, de 3 s. 6 à 8 s. 6, ce qui, transformé en monnaie française, donne de 27 à 72 francs. Mais, en tenant compte du coût comparatif de la vie en Angleteterre et en France, cela revient en réalité à des prix de 15 à 30 francs. Il est encore rare que les films français soient couramment projetés en dehors de ces salles. Des exceptions ont été faites pour Un Carnet de Bal. Le Roi s’amuse et quelques autres qui ont été donnés en version originale dans trois ou quatre cinémas de Londres et dans une quinzaine de cinémas rie province. Etant donné la qualité d’un film comme Un Carnet de Bal, par exemple, un tel résultat est insuffisant, et cela de l’avis des gens de cinéma anglais. * * * Une des premières raisons du manque de diffusion des films français en Angleterre provient de l’erreur de nos exportateurs qui, la plupart du temps, ont traité uniquement nos productions pour une seule salle spécialisée. L’exemple le plus typique est celui de Mayerling qui, après avoir été projeté près de six mois au Curzon, pendant la saison 1936-37, ne fut plus donné ailleurs, alors que ce film était réclamé par de nombreux exploitants. Les droits ayant été enfin acquis par un distributeur pour toute l’Angleterre, Mayerling a pu être projeté la semaine dernière au Carlton, la première salle d’exclusivité de Londres, avant de passer dans une centaine d’autres cinémas anglais. Il est absolument indispensable que l’on spécial Pierre Autre.) change cette méthode : les grands films français ne doivent plus être loués pour une seule exclusivité et dans un seul cinéma de Londres. Il faut que leur distribution soit confiée à une maison organisée qui en assurera la diffusion complète dans tout le territoire du Royaume Uni. C’est d’ailleurs à cet effet (pie Miss Elsie Cohen, directrice de l’Academy et du Curzon a fondé sa propre maison de distribution, Unity Pietures, c’est aussi pour la même raison qu’a été créée la maison Cosmopolitan Pietures, qui distribue Un Carnet de Bal. * * * La grosse question est maintenant de savoir sous quelle forme les films français pourront être projetés dans les cinémas anglais. Si la version originale avec soustitres est toute indiquée pour les salles spécialisées du West End de Londres et certaines salles de province, tout le monde est complètement d’accord sur le fait que, sauf en un ou deux cas exceptionnels, le grand public anglais n’acceptera jamais entièrement un film dont il ne comprend pas la langue et pour lequel les sous-titres, aussi bien faits soient-ils, seront toujours insuffisants à rendre le détail du dialogue. D’autre part, la crise qui a affecté la production anglaise et américaine a inquiété de nombreux exploitants anglais qui n’ont plus suffisamment de grands films à leur disposition. Si l'on trouvait le moyen de présenter au public anglais les grands films français, un trou énorme serait comblé. Line seule solution s’impose : doubler en anglais les meilleures productions françaises. r * * * C’est pour répondre à oette demande, que le premier, M. Richard Heinz, vient (le créer en Angleterre une firme anglaise de doublage, la maison Wetzel Ltd., dont les administrateurs sont, en plus de M. Heinz, MM. O. Wetzel et André Norevo. MM. Heinz et Norevo sont également les administrateurs de la firme française de doublage « Heinz et Norevo » et ont apporté en Angleterre toute l’expérience qu’ils ont acquise en France depuis plusieurs années. Le premier travail accompli par Richard Heinz en Angleterre a été le doublage en anglais de Un Carnet de Bal. J’ai passé plusieurs journées au studio de Highbury, à Londres, où s’effectuait la post-synchronisation et ai pu suivre scène par scène l’enregistrement du dialogue anglais de Un Carnet de Bal. J’ai assisté entre autres au doublage des scènes avec Françoise Rosay, Harry Baur, Pierre Blanchar, Raimu. Ce oui m’a frappé le plus, c’est l’étonnement des journalistes anglais qui, conviés à venir voir comment on fait un doublage ne pouvaient « en croire leurs yeux », devant tant de perfection. Il faut reconnaître que le travail a été effectué très soigneusement et dans le meilleures conditions. J’ai été vraimen surpris de la qualité des dialogues, qi semblaient plutôt écrits pour une versio directe que pour un doublage. J’ai not également l’excellence des acteurs anglai: qui avaient été choisis : ils n’avaient je mais encore fait ce métier, mais il se son mis si vite à leur nouveau « job », qu’il avaient vite « attrapé », après quelque) répétitions, les intonations exactes des ai listes français qu’ils doublaient. J’ai assisté à la projection de deux o| trois bobines terminées, et je peux affirme qu’on a l’impression de voir un véritabl film anglais. Il est certain que l’expérience de doi bleurs français spécialisés comme Richar Heinz et André Norévo, appliquée à un langue aussi cinématographique que l’ar glais pourra nous réserver de grosses sui prises. * * * On voit immédiatement, en effet, le mai ché immense que va ouvrir à Un Carni de Bal. cette version doublée en anglais. 1 est certain qu’il passera dans la plupart de cinémas anglais, dans les circuits, et noi seulement en Angleterre, mais aussi dan les Dominions. Un bon film français, soigneusement doil blé en anglais par des experts, pourra d< sonnais faire autant de recettes sur le mai ché anglais qu’un film américain ou anglai: Mais deux conditions sont absolument m cessaires : que le film choisi soit très bon o1 que le doublage soit impeccable. Jusqu’à ce jour, malheureusement, 1e1 deux ou trois expériences de doublage ai complies en Angleterre n’avaient pas él très réussies. . * * * Une dernière question se pose : on sa que, de par la loi du cinéma anglais, les di tributeurs de films étrangers en Angleten sont astreints à éditer un certain « quota de films britanniques. Exception est fai! pour les films qui ne sont pas projetés dar plus de 12 salles, clause qui a été spécial ment instituée pour les versions original» en langue étrangère. Mais comment vont être considérés k films étrangers doublés en anglais au poil de vue du « quota » ? On parle de les « nei traliser », c’est-à-dire que leur édition leur projection n’entraîneraient, pour k distributeurs et les exploitants aucune obi gation respective d’éditer et de projeter di films anglais. Le gouvernement anglais serait favorab à celte neutralisation des films doublés, c; il estime que cette nouvelle industrie pour fournir du travail à de nombreux artisai du cinéma britannique. Seulement, le do blage devra être fait en territoire angla façon analogue à ce qui se passe en Fran el en Italie. Pour terminer, précisons que Rieha Heinz est en train de préparer le doubla en anglais d’autres films français. Avec Wi zel et Compagnie, il vient de fonder une mi son de distribution pour les films étrange eri Angleterre, l’Anit, dont il est directei général et qui diffusera en Grande-Bretag un nombre important de productions fra çaises en version doublée. Pierre Autre.