La Cinématographie Française (1938)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

ciNÉfr^Sf&Rj 163 RAPHIE {XXZXXXTTXXTXZJ^l^XTrZ} ^ fc L’EXPLOITATIC REPREND CONFIANCE Mais Danger : TROP DE SALLES A PARIS, CHAQUE HABITANT DISPOSE CHAQUE SEMAINE DE DEUX FAUTEUILS En 1930, Paris comptait 190 salles. Aujourd’hui, ce même Paris en compte 330 et 20 autres salles se trouvent en construction. Depuis quelques mois, nous assistons à une véritable ruée des grands el petits capitaux vers les entreprises de spectacles cinématographiques, pensant trouver là un refuge à l’abri des dévaluations et un rapport de 25 à 50 %. Normalement la création de 150 nouvelj les salles, toutes modernes et confortables, devrait être pour le Cinéma français une source de richesse. Ce serait certainement le cas si chacune de ces salles correspondant aux besoins d'un quartier réussissait à créer une clientèle nouvelle; 'ce serait encore le cas si ces 150 salles modernes étaient appelées à remplacer de petites salles vétustes mal aérées, désertées par le public. Malheureusement il y a les chiffres, inexorables dans leur langage brutal, et qui prouvent que, de 1932 à 1930, les recettes annuelles des Cinémas parisiens sont tombées de 350 millions à 315 millions. En 1936, grâce à un printemps pluvieux, les recettes sont remontées à 330 millions; en 1937, grâce à l’Exposition et la qualité des films les recettes oui atteint 395 millions, soit une augmentation de 17,8 °/n, ce qui est loin de correspondre à la hausse des devis des films. Cette année, d’après les résultats d’ensemble du premier semestre, tout permet de croire que les recettes subiront une nouvelle baisse. Or, normalement, les 150 nouvelles salles auraient dû porter les recettes de Cinémas de Paris de 350 millions à 450, voire 500 millions. Au lieu de 'cela, il est prouvé que ces nouveaux établissements n’ont pas attiré un seul spectateur de plus. Il est d’ailleurs prouvé depuis fort longtemps que seuls les bons films ont encore le pouvoir d’attirer les spectateurs. On conçoit que la répartition des 350 millions sur 330 à 350 salles au lieu de 200, devant faire face à 150 nouveaux loyers, 150 nouvelles patentes (lesquelles, on le sait, sont plus élevées que les loyers) et à tous autres frais et taxes que supporte un établissement de cinéma, aura pour con[ séquence un appauvrissement général de l’exploitation parisienne et une diminution considérable du rendement des films dont l’amortissement deviendra de plus en plus difficile. * ** En tenant compte du nombre de séances, chaque parisien y compris les enfants et les vieillards, dispose actuellement chaque semaine de deux fauteuils. De ce fait, la 'concurrence, complètement déséquilibrée, devient particulièrement vive ; il en résulte les anomalies que l’on essaye de combattre : avilissement du prix des places, longueur exagérée des programmes. De grandes salles dont le rendement représente un pourcentage important dans l’amortissement des films se trouvent directement concurrencées par des salles projetant deux films anciens pour 3, 4 et 5 frs. Tôt ou tard ces grandes salles seront obligées d’adopter une politique de défense en affichant des prix semblables et en traitant, elles aussi, les films au forfait. A ce moment, nous assisterons à une lutte à mort entre les salles. De cette lutte, toute l’industrie subira les pires conséquences. * ** Dans certains quartiers de Paris il ne s’agit i'ci ni des Grands Boulevards ni des Champs-Elysées — on trouvera en octobre prochain six salles dans un rayon de moins de 200 mètres. A ces six salles, faisant appel à une même clientèle et ne pouvant par conséquent pas afficher les mêmes programmes, il faudra 624 films de septembre 1938 à fin août 1939. Or, le marché français ne comporte annuellement que 450 films, au grand maximum 500, dont 120 films parlés français, 188 films étrangers doublés et de 250 à 300 films parlés étrangers ne pouvant être pro Cinq as dans le jeu de Jules Berry dans l'Inconnue de Monte-Carlo jetés que dans 15 salles en France (5 à Parie et 10 en Province). Importer davantage de films pour satisfaire aux besoins des 50 salles en trop sur le marché parisien ? Ce serait difficile, car le rendement de ces salles ne couvrirait qu’une faible partie des frais de distribution. L’industrie du Cinéma, comme toutes les industries, doit veiller à son équilibre économique et savoir limiter les dépenses aux recettes. Le Cinéma américain comprend parfaitement l’impérieuse nécessité d’amortir les films puisque le marché américain ne comprend annuellement que 450 grands films pour 17.000 salles. * ** Quoi qu’il en soit l’industrie tout entière s’inquiète de la surabondance des salles dans certains centres. On a pu lire les mesures proposées au cours de la récente Assemblée Générale du Syndicat Français, mesures propres à décourager la construction de salles nouvelles ne répondant à aucun besoin. Ce n’est d’ailleurs pas que chez nous que cette question a fait l’objet de profonds examens et de décisions sévères. C’est ainsi qu’en Allemagne, en 1933 et 1934, les organismes syndicaux appuyés par les autorités gouvernementales, décidèrent la fermeture de 500 salles dont les rendements s’avéraient insuffisants pour payer des urix de location normaux. En Grande-Bretagne, de graves mesures sont actuellement à l’étude. En Italie, l’ouverture de nouvelles salles exige également une autorisation. À notre avis, seuls les Etats-Unis ont trouvé la bonne solution. Afin d’empêcher tout avilissement du spectacle par la projection de vieux films édités à de vils prix, ce qui fausse le marché et porte un préjudice très grave à l’amortissement de* films nouveaux, les grandes sociétés de Hollywood ont, d’un commun a’ccord. toujours eu soin de retirer de la circulation les films ayant atteint un certain âae. L’exploitation dépendant entièrement de la distribution, il appartient à cette dernière d’avoir le courage d’épurer le marché en supprimant tous les vieux films oui permettent à certaines salles d’afficher des prix ridicules. Il est évident que, tôt ou tard, notre industrie sera obligée d’appliquer des mesures de ce genre. Ces mesures ne nuiront en rien aux exploitants consciencieux respectant leur métier ; elles ne créeront des ennuis qu’aux spéculateurs et aux parasites. Marcel CO LT N REVAT..