La Cinématographie Française (1939)

28 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ xxxxxxxxx ^ 4 cil\É^BS^R/\PHiE FRAMlSilSE EXXXXXXXXXXXXXXXXTXXTYn CORINNE LUCHAIRE DANS LE FILM DE CHENAL C.I.P.R.A., qui vient de sortir j Conflit, le film île Léonide Moguy, met actuellement au point un programme de trois grands films pour l'année 1939. M. Pressburger a bien voulu me donner quelques précisions concernant ces futures productions. Uu seul scénario est, dès à présent, retenu. 11 s’agit de Dédée d'Anvers, une histoire originale et puissante de Détective Ashelbé, l’auteur de Pépé-leMoko. C’est une ardente et dramatique aventure qui se passe dans le grand port belge, et elle donnera à Corinne Luchaire l’occasion de créer une curieuse el sensible figure féminine. Deux autres rôles féminins seront tenus par Ginette Leclerc el Florence Marly. M. Pressburger me dit être en pourparlers avec Raimu qui créerait le principal rôle masculin. C.I.P.R.A. a consenti, par amitié pour Chenal et Gladiator Film à confier Corinne Luchaire à Gladiator pour être l'héroïne du Dernier Tournant. Ainsi Pierre Chenal pourra se familiariser avec son interprète de Dédée d'Anvers en la dirigeant dans son film actuel. Henri Jeanson réalisera luimême le second film. Il part ces jours-ci dans le sud pour travailler à son sujet. Le troisième film sera une grande comédie musicale, légère, luxueuse et gaie, qui sera joué par une grande comédienne et chanteuse européenne. Lucie Derain. UNE RECOMPENSE MERITEE Nous sommes heureux d’apprendre qu’un de nos meilleurs metteurs en scène, Jacques Daroy, vient d’obtenir, en Amérique, la quatrième place au tableau établi, comme chaque année, par la National Board a f Review, pour son film La Guerre des Gosses. Après avoir été cinq ans directeur artistique aux Etablissements Braunberger Richebé, ce jeune réalisateur vola de ses propres ailes et eut bientôt à son actif des productions, toutes plus publiques les unes que les autres, auxquelles les spectateurs ont fait le meilleur accueil. Parmi les dernières, citons : Cartouche, Vogue mon Cœur (le premier film où chanta Tino Rossi), La Guerre des Gosses et Vidocq. Il serait injuste de ne pas associer au succès de La Guerre des Gosses M. Eugène Deslav dont on connaît la grande compétence technique et qui a été l’assistant et le collaborateur de M. Jacques Daroy dans ce film. LE DERNIER TOURNANT Passé le col de Vence, lu route en lacets commence insensiblement à descendre vers lu Côte ensoleillée ; au milieu de ce paysage chaotique, dénué de toute végétation, règne depuis quelque temps, en dépit de la saison, une animation bien faite pour surprendre les rares automobilistes de passage. Adpssée ci une sorte de falaise qui la protège contre le vent glacé des Alpes, s’élève maintenant une construction qui, débarrassée de ses échafaudages, se révèle être une délicieuse auberge moderne, gaie et pimpante, qu’avoisinent un garage et un poste d’essence. Quel hôtelier assez fou a pu espérer une clientèle dans ce coin désertique et jierdu ? La clef de l’énigme nous a été donnée par l’architecte lui-même, le décorateur WaI hévitch. (pii, en plein hiver, a réalisé en quelques semaines ce miracle... cinématogru/. hique. L’aubergiste ? Mais c’est Michel Simon lui-même qui, dans quelques jours, prendra possession avec sa jeune femme — une bien jolie fille ! de cet établissement. Il sera secondé par Fernand Gruveg (pii. lui, s’occupera plus particulièrement de la pompe à essense. El, rassurez-vous, ii ne chômera pas, car des chauffeurs et des camionneurs, spécialement recrutés à Paris, lui assureront une clientèle qui ne discutera pas sur la qualité de son carburant !... Bientôt, les fenêtres s'illumineront, une engageante enseigne au néon resplenàVra sur la façade pour accueillir l’animateur : Pierre Chenal, qui, devant ce magnifique dé( or en plein air, donnera le premier tour de manivelle de son nouveau film. Le Dernier Tournant, dont le scénario est inspiré du fameux roman de James Gain : The Postman always rings twice. Dans la Forêt de Rambouillet Léonide Moguy a tourné des scènes du <c Déserteur » Dimanche dernier, nous avons rencontré Moguy en pleine forêt de Rambouillet, à quelques kilomètres de Maintenon, où, sur une voie ferrée complètement désaffectée, lui, l’excellent opérateur Robert Lefebvre et deux de ses vedettes, Jean-Pierre Aumont et Corinne Luchaire, tournaient des scènes d’extérieurs du film Le Déserteur. Un bel enthousiasme anime ce petit groupe qui possède, réellement. le feu sacré du cinéma. Nous autres, metteurs en scène, nous dit Léonide Moguy, nous nous emballons pour un sujet mais nous ne savons jamais ce que cette histoire, unefois portée à l’écran, pourra donner exactement; l’intérêt du scénario du Déserteur réside 8E& 11 i WSntÊr HT ^ '• LéÀ A Billancourt pendant les prises de vues du Déserteur, on reconnaîtra : Corinne Luchaire, J. -P. Aumont, Léonide Moguy et à genoux, P. Schwab, le Directeur de la production. principalement dans le fait que son action se passe en une heure el demie, c’est-à-dire pendant la .durée exacte de mon film. Ce point de départ donnera, je l’esnère, une note très particulière à cette production qui doit acquérir une vraisemblance qu’il ist difficile d’atteindre dans un autre sujet. J’adore réaliser des films qui expriment des idées nouvelles et qui signifient quelque chose. Malgré son titre, Le Déserteur lie sera pas une œuvre de guerre, mais plutôt une aventure en marge de la guerre. Ce que je veux, c’est réussir un film d’ambiance — c’est pour cette raison que nous tournons en extérieur demain, nous tournerons dans une petite église campagnarde, une église véritable, avec son écho, son atmosphère de piété et de recueillement. Et Léonide Moguy nous dit grand bien de l’opérateur Robert Lefebvre, un as, et de JeanPierre Aumont qui, dans ce film, tiendra probablement le plus grand rôle .de sa carrière. M. C.-R. ♦ MADELEINE CARROLL A DONNE LE « DEPART » DE « DERRIERE LA FAÇADE » Premier tour de manivelle aux Studios Eclair, rue Dumont à Epinay. Yves Mirande et Georges Lacombe commencent ce vendredi 13 janvier 1939, la réalisation de Derrière la Façade. Le décor d’Aguettamd représente un atelier en désordre. Sont présents André Lefaur, Michel Simon, Missia et Jacques Baunier. Autour de cette verrière par laquelle on voit la réalisation s’ébaucher, des journalistes curieux ont installé un observatoire. Mais l’arrivée de la vedette anglo-américaine : Madeleine Carroll crée un profond remous d’admiration. Madeleine Carroll sagement attend que la prise en cours soit faite. Et, dans le cercle enchanté tracé par les projecteurs, elle vient devant la caméra française, faire claquer le numéro, orné, pour la circonstance, 'd’une petite maison bicolore : Derrière la Façade, prise /. Elle a prononcé ces mots de son charmant accent. Après quoi, elle interprète avec Michel Simon un petit sketch, que celui-ci continue avec André Lefaur. Puis, les photographes, les radio-reporters s’activent pour enregistrer cette originale bénédiction d’un film... ce baptême sensationnel (l’une production française par la star nie Londres et d’Hollywood. Derrière la Façade, production Régina, aura le double et heureux hasard de sa naissance : un vendredi 13, sous les auspices de la beauté et du talent. Lucie Derain.