La Cinématographie Française (1939)

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163 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦» Ce que sera CHRISTOPHE COLOMB S’il est, de par le monde, un nom universellement populaire, c’est celui de Christophe Colomb. Pour beaucoup, Colomb est un navigateur qui a découvert l’Amérique un peu à la façon du paysan qui, labourant son champ, met tout à coup au jour, et tout à fait par hasard, un trésor caché; pour beaucoup d’autres, en nombre au moins égal, Colomb est l’homme qui a fait à table une démonstration avec un œuf. Mais, œuf ou Amérique, chacun connaît son nom et le prononce avec sympathie. Cette popularité date de loin puisqu’on prétend que, trois ans après la découverte de l’Amérique, dans un siècle qui ignorait la presse et la radio, et dont les moyens de communications étaient lents et précaires, le nom de Colomb était déjà familier aux Moscovites. Quatorze villes du monde se disputent âprement la gloire de lui avoir donné le jour; ceux cathédrales, celle de Séville et celle de SaintDomingue, affirment avec une égale vigueur qu’elles conservent à l’exclusion de l’autre sa dépouille mortelle. Chaque année qui passe apporte, en contribution à l’énorme masse de la bibliographie déjà existante, un ou deux livres nouveaux qui, avec une égale passion, lui sont favorables ou hostiles. C’est à cette bibliographie que nous renverrons ceux qui seraient curieux — de pénétrer la psychologie très complexe du Génois, du protégé d’Isabelle la Catholique. Nous disons bien « Génois », car nous prenons résolument parti pour Gênes la Superbe, justement orgueilleuse d’avoir donné au monde le plus illustre navigateur de tous les tsmps. Nous ne dissocions pas cette gloire de celle d’Isabelle la Catholique, car, sans la Reine de toutes les Espagnes, l’une des femmes les plus étonnantes de l’histoire, jamais Colomb n’aurait fait la merveilleuse découverte qui a ouvert au monde l’ère des temps modernes. Nous voulons nous écarter résolument des travaux d’exégèse qui, s’ils sont passionnants pour l’homme de bibliothèque, déforment trop souvent, au gré des théories, la haute figure qu’attendra de notre film l’homme de la rue. Christophe Colomb sera d’abord un grand livre d’images. Images aux riches enluminures, qui auront nom Grenade, Cordoue, Séville, Tolède, Salamanque, Valladohd et, nous l’espérons bien, Gênes et Florence. Images aux péripéties vibrantes, avec le Camp des Rois Catholiques, le Tribunal de par G. Renault-Decker l’Inquisition, le recrutement des marins, la tempête et la révolte en mer. Images féériques, qui seront celles de la découverte de l’Amérique, telle nous imaginons celle-ci avec nos yeux d’enfants et telle que nos enfants l’imaginent toujours, c’est-à-dire comme le Paradis Terrestre. Ces images seront animées par une intrigue passionnante, jamais en repos, par des rires, des larmes et du sang, par ce souffle magnifique qui vivifiait l’Espagne et l’Europe du XVe siècle, l’un des plus beaux et des plus riches en couleurs de ce passé où tout n’était qu’idéal, foi et passion. Les peuples d’aujourd’hui, comme leurs ancêtres d’il y a cinq cents ans, ont besoin de héros, aux grandes lignes simples. Notre Cristophe Colomb sera d’abord un héros avant d’être un homme. Héros chrétien, porté par une foi extraordinaire, qui lui a fa t larguer les amarres de ses navires au nom du Christ. H éros de l’Océan, véritable don Quichotte de la Mer, qu’il a soumise à la force de cet appel qui l’entraînait vers l’Ouest. Héros universel, car sa résolution d’élargir les horizons terrestres est toujours vivace dans l’esprit de chaque homme de cœur. Aux côtés de cette figure grandiose, illuminée par une vision surhumaine, une Reine merveilleusement belle, aussi noble, aussi grande, à la volonté inflexible cachée sous un sourire très doux ; un Roi guerrier eux hautes couleurs, une femme touchante qui offre sa vie pour l’idéal de celui qu’elle aime. Autour du héros, une foule bariolée de guerriers et de matelots, de seigneurs et de coupejarrets, de saltimbanques et de gitans, de moines et d’infidèles. Dans son ombre, une jeune fille idéalement pure, frêle papillon d’une nuit, qui viendra brûler ses ailes au feu qui consume cet homme étrange. Et, en marge cle la grande aventure, le dangereux amour d’un proscrit et de sa fiancée. Telle est la grande œuvre que nous voulons réaliser. Elle n’aura trouvé sa plénitude que grâce à la confiance que nous ont donnée Son Excellence M. Serrano Suner et le Département National Cinématographique Espagnol. Puisse Christophe Colomb aider à faire connaître dans le monde le vrai visage de l’Espagne immortelle, son soleil et sa gloire, ses palais et son sol, sa musique inimitable, l’ardeur de son peuple noble et passionné, digne héritier des grands Conquistadors. C. Renault-Decker. Abel Gance nous parle de CHRISTOPHE COLOMB C’est dans le cadre très approprié de ht « Maison de l’Amérique latine », dont l’un des principaux animateurs est Maurice de Waleffe, qu’un groupe d’amis, d artistes et de journalistes avait été réuni, vendredi dernier, pour entendre Abel Gance parler de Christophe Colomb i le prodigieux héros, découvreur de mon En haut : A la mcisor. de l'Amérique la ine, M Maurice de Waleffe présente à la brillante ass stance Abel Gance En bas de gauche à droite : MM. Ch Philipp, Renaud Decker, Abel Gance, Henri Verdun, José Noguéro, Luce Cami, etc. des dont il va entreprendre, au mois de juin, de faire revivre l’histoire. En une allocution très sobre et très intéressante, le grand jioète de l’écran a expliqué les raisons qui l’avaient attiré vers la personnalité de Colomb. Abel Gance, rappelant ensuite qu’il a déjà eu l’occasion de retracer la vie de deux des plus grands génies humains, Napoléon et Beethoven, dit sa joie de voir se concrétiser un rêve qu’il considérait comme irréalisable et son enthousiasme à la pensée de ressusciter l’esprit de l’intrépide navigateur. Pour terminer, Abel Gance nous a informés qu’avec l’autorisation du gouvernement espagnol, il irait tourner à . l’Alhambra de Grenade, à la Mosquée de Cordoue, dans le couvent de Robida et la baie de Palos ainsi que dans bien d’autres sites qui serviront de même vivant et merveilleux décor au même drame; il espère également pouvoir tourner quelques scènes à Gênes et, peut-être, l’épisode de Toscanelli à Florence. La célèbre caravelle, Santa Maria, reconstruite par les soins de l’Espagne, est actuellement à Cadix où elle attend les cinéastes et l’interprète du grand Génois, Victor Francen. C’est à son bord ([lie les [irises de vues et le montage du film étant terminés, la première copie de cette production, qui sera réalisée en trois versions, française, anglaise et espagnole sera portée à l’Exposition de New York. — G. Tarquan.