La Cinématographie Française (1939)

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Prix : I Franc LA CINEMATOGRAPHIE FRANÇAISE EDITION DU 31 MARS 1939 N° 1065 LE FORMAT REDUIT ET LES DISQUES Le client qui fait l’acquisition d’un disque vendu couramment dans le commerce, est parfois surpris, s’il manifeste quelque curiosité, d’y découvrir, écrite en lines lettres d’or sur le pourtour de l’étiquette, une phrase qui ne manque pas de l’étonner : « L’utilisation de ce disque est interdite pour les auditions publiques !... ». Perplexe, le client, qui a payé assez cher une plaque de matières composites, dont le prix de revient est de l’ordre de grandeur de 5(1 francs les cent kilogs, est en droit de se demander si cela n’offre pas quelque ressemblance avec le paysan de la foire qui « vend son cochon, mais en retient le lard » ! Au premier abord, en effet, il apparaît paradoxal d’acheter une marchandise et de r.’en pouvoir disposer à sa guise. A part la première audition privée, qui s’effectue dans la petite cabine capitonnée où l’on vous enferme pour fixer votre choix, la majorité des autres usages du disque ne sont-ils pas du domaine de l’audition publique ? Si le pick-up a détrôné le simple phono, c’est précisément parce qu’il a permis, tout en faisant ressortir les qualités d’enregistiement du disque, d’en permettre l'audition possible a un plus grand nombre d’auditeurs. Le disque a ainsi mis à la portée de tous, dans les coins les plus isolés, une musique « en conserve » faisant sortir de l’ombre des œuvres, des compositeurs, des orchestres, qui, sans lui, seraient demeurés ignorés pour beaucoup. Par suite, l’industrie du disque ayant trouvé là un nouvel essor, l’acheteur est en droit de supposer qu’éditeurs et auteurs ont dû se mettre d’accord lors du contrat d’enregistrement pour que lui n’ait plus à être mis en cause. Le cinéma devait aussi faire usage du disque. Au début du « parlant », les orchestres, ayant disparu, furent remplacés par le disque; des éditions furent même spécialement données pour l’accompagnement de films qui n’étaient pas encore sonorisés. Le son sur film étant actuellement universellement répandu par les appareils standards, le disque ne sert plus désormais que d’ouverture, d’entr’acte ou de bouche-trou. Mais le « format réduit », ayant mis dé sormais le cinéma à la portée des amateurs, ceux-ci trouvèrent, dans le disque, un utile concours à la sonorisation de leurs films. C’est là peut-être une clientèle ignorée des fabricants, mais non négligeable puisqu’il est courant de rencontrer chez certains amateurs de discothèques, plusieurs centaines de disques. Or, le « film amateur » débordant désormais sur l’écran professionnel sous le nom de « format réduit », il apparut logique d’en effectuer la sonorisation par les disques habituels. Malheureusement, cette manipulation de disques nombreux nécessite une gymnastique de « piek up » incompatible avec le travail de cabine comme par ailleurs la projection de films des salles professionnelles nécessite du « parlant », il fallut songer au commentaire... qui vint compliquer la situation. C’est alors que fut utilisé le disque souple recouvert de vernis ou autres matières permettant un enregistrement relativement aisé et immédiatement reproductible. Permettant, par un enregistrement unique l’émission simultanée de la musique de fond et de la parole, ces disques rendirent de signalés services pour la sonorisation rapide de certains reportages. Cependant, ces disques étant de durée limitée, rapidement hors d’usage et causes d’erreurs souvent comiques, nous avons proposé de les remplacer par une bande de film offrant une meilleure qualité sonore et d’une durée suffisante pour la sonorisation de toute longueur de film. C’est alors que notre attention fut attirée par les « foudres » qui pouvaient se manifester sous forme de poursuites et dommages-intérêts considérables, similaires à ceux dont certaines firmes cinématographiques furent victimes pour avoir utilisé des disques en réenregistrement (l'une d’elles ne fut-elle pas condamnée à quelque 25.000 francs de dommages-intérêts pour le fait d’avoir ingénuement et innocemment montré à l’écran un disque de marque connue, comme quoi la publicité est parfois fort mal récompensée !). Nul n’étant sensé ignorer la loi, il nous fallut bien tenter de faire sa connaissance afin de nous mettre en règle. C’est ainsi que nous apprîmes que le réenregistrement était une opération « grave », soumise d’une part : 1" à l’autorisation du fabricant de disques; 2° A l’autorisation de l’auteur de l’œuvre enregistrée. Les frais à payer étant du domaine de la pure fantaisie ! Ne pouvant obtenir nulle précision à ce sujet, il nous fallut soumettre un cas précis aux intéressés. Ce fut un film en couleurs sur le vingtième anniversaire de l’Armistice pour lequel nous désirions reporter sur une bande unique les disques de musique militaire achetés d’ailleurs au consortium consulté. Après discussion et explications copieuses destinées à démontrer que le film en question n’ofi'rait qu’une diffusion, limitée à une salle unique, il nous fut répondu par les chiffres suivants : 1° Par le « trust », fabricants de disques : 50 francs par minute utilisée; 2° par le trust chargé de la récupération des droits d’auteurs : 100 francs par face ou partie de face utilisée... Le film étant d’une durée approximative de dix minutes, c’était donc une moyenne de 1.500 francs à payer, soit plus de la valeur du film (encore fut-il mentionné qu’il s'agissait d’une faveur spéciale). Par suite du retard apporté par ces incidents, « l’actualité » du 11 novembre se trouvait périmée et perdant ainsi tout intérêt, mieux valait s’abstenir; et c’est ainsi que le film en couleurs du vingtième anniversaire de l’Armistice, par ailleurs complet et bien réalisé, n’a pas eu l’honneur de l’écran des Cinés Paris-soir pour qui il était destiné. Tentant ultérieurement une nouvelle démarche, en vue de la sonorisation d’un autre film sur le « Zoo », il nous fut répondu plus simplement que la reproduction du <■ Carnaval des Animaux » que nous sollicitions, ne pouvait être autorisée. Toute insistance apparaissant superflue, nous en avons conclu que les disques commerciaux (ceux du fameux consortium, du moins) étaient à prohiber et qu’il ne nous restait d’autre ressource que de liquider ceux en notre possession, imité en cela par de nombreux confrères. Gronostayski.