La Cinématographie Française (1946)

89 ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ filXFirajmRAPHiE frêkTjESïse EXXXXXX XXXXXXXIXIXXXXlXi INVENTEUR DE LA MICROCINÉMATOGRAPHIE L’appareil étant créé allait sans cesse se perfectionner. Dès les premières années, le Dr Gomandon obtint des filins qui rentraient des microbes aussi ténus que les spirochètes et des particules ■ 1/100.000“ de millimétré, animés par ce curieux « mouvement ownien », conséquence et témoin du bombardement moléculaire. SCHEMA DE L’INSTALLATION DE MICROCINEMATOGRAPHIE DU Dr COMANDON ( Cliché Illustration. ) .es phénomènes biologiques ayant leur origine dans les réactions îles (ules qui composent les êtres vivants, il était intéressant d’observer modifications de ces cellules. L’appareil permit d’enregistrer en ccéléré >, les phases très lentes de la division cellulaire (caryocinèse). enregistrement donne la possibilité de suivre nettement les « chrosoines », auxquels les auteurs modernes attribuent un rôle préponant dans l’hérédité comme supports des qualités de l’espèce et dJ llidividu. Inme preuve à l’appui de cette thèse, les Américains, en modifiant les ) omosomes de certaines espèces d’arbres fruitiers, sont arrivés à en iltiplier deux ou trois fois le rendement. On se demande les résultats Rquls on atteindra quand on osera entreprendre de telles modificais sur les cellules des êtres humains. SANG HUMAIN (diamètre d’un globule rouge 7 p.) Le Dr Comandon s’attacha également à reprendre l’étude de la « phagocytose », découverte par Metchnikoff, et le film mit en relief, avec une très grande netteté, l’attraction à distance Tactisme) exercée sur les globules blancs (leucocytes) des animaux et de l’homme, par les microbes ou les corps étrangers à l’organisme, expérimentalement introduits dans le sang. La vitesse de reptation des globules blancs, en fonction de la température, a pu être mesurée directement sur l’écran de projection; elle n’est, dans la réalité, que de 1 à 2 millimètres à l’heure. Le film a démontré d’une manière absolument indiscutable le » tactisme », sur lequel certains auteurs émettaient des doutes. Aujourd’hui, grâce aux techniques de la Micromanipulation, tellement perfectionnées dans le laboratoire de Garches grâce aux appareils de M. de Fonbrune, élève du Dr Comandon, l’expérimentation directe sur la cellule est devenue aussi possible que l’expérimentation sur une grenouille ou un cobaye. On parvient à inciser une cellule, à lui soustraire un peu de sa substance ou l’un de ses organes, à en greffer d’autres, à lui injecter des liquides, en un mot à la soumettre à mille interventions médico-chirurgicales. Ainsi la physiologie expérimentale, si bien définie par Claude Bernard, se trouve-t-elle transposée à l’échelle microscopique Grâce à la micromanipulation, il est devenu possible d’extraire un seul microbe d’un liquide pollué par des germes microbiens d’espèces variées, BACTERIDIES DU CHARBON DANS LE SANG (diamètre d’un globule rouge du sang 7 (A) extrait du film « Phagocytose ». de l’ensemencer ensuite dans un milieu favorable et d’obtenir d’emblée une culture rigoureusement pure de son espèce. On a pu étudier des champignons microscopiques qui, cultivés isolé ment, se développent sous forme de minces filaments plus ou moins ramifiés, comme les moisissures banales que nous avons coutume d’observer sur des aliments abandonnés à l’humidité. Si, dans de telles » cultures », on ajoute certains microbes, alors des sortes de boucles croissent rapidement le long des filaments, ou encore, selon les espèces, des petites tiges terminées par un petit bouton ou de petits anneaux. Quand un ver vient frôler une boucle, un bouton, ou passe dans un anneau, il se trouve immédiatement englué très forte ment et ne peut plus se libérer. Le champignon pousse alors des prolongements qui perforent le ver, pénètrent à l’intérieur de son corps et, après l’avoir tué, le digèrent par l’intérieur, en quelques heures. * Tout de suite, on s’aperçoit de l’intérêt que prennent de telles études en face des microbes et des vaccins recherchés pour les anéantir. Nous en arrivons à parler du Pénicillium et de la Pénicilline, de la lutte contre le cancer et contre la tuberculose, de tous ces problèmes passionnants qui donnent lieu à ces luttes auxquelles les savants consacrent leur vie. Avec bonté, le Dr Comandon répond à toutes mes questions. Je resterais des heures à l’écouter. Seules les règles de la bienséance m’obligent à me rappeler que son temps est précieux. En le quittant je n’aurais garde d’oublier qu’à l’époque, peu lointaine, où les plus doctes se seraient crû déconsidérés en s’intéressant au Cinéma, réputé spectacle forain, il fut l’un des premiers à mesurer ses merveilleuses possibilités et à les mettre au service de la science. Rappelons-nous qu’il obtint, avec son ami le Dr Lomon, les premières ciné-radiographies du cœur humain et qu’en 1924, il enregistra également, auprès du professeur Achard, la radiographie d’un blessé ayant une balle dans le cœur; rappelons-nous surtout qu’il est le père de cette Micro-Cinématographie qui ouvre des horizons nouveaux et qui n’a pas fini d’étonner le monde. De tels travaux font honneur à notre pavs et nous devons notre admiration et une respectueuse affection à ceux qui les accomplissent. Jacques Brunaij.