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LES STUDIOS DE LA Sté MAROCAINE
A RABAT
M. Creusy réalise de nouveaux aménagements
Rabat. La production de films arabes ré pondait à une nécessité si impérieuse que deux studios se sont créés au Maroc pour répondre à cette fin. Nous avons déjà parlé du premier en date, le studio Cinéphone. et notre souci d’objectivité nous commande de souligner l’effort vraiment remarquable réalisé par une deuxième firme : La Société Marocaine Cinématographique, mieux connue dans le monde du film sous le nom de Studios Creusy, du nom d’un technicien de tout premier plan qui assume la direction de la nouvelle société.
: Ces studios sont installés à Rabat, quartier du Souissi, où déjà s’élève une première série de bâtiments qui révèlent l’ampleur que les dirigeants de la Société Marocaine entendent donner à leur affaire. La première impression qui se dégage de ces chantiers est très nette : on de vine que l’on a affaire à des hommes dynamiques dont la principale préoccupation consiste •i passer sans délai dans le domaine des réalisations. On pare au plus urgent, à tout ce qui peut permettre de « tourner », et 1 on relègue au second plan toutes les installations accessoires : les habitations des directeurs et des ingénieurs et l’hôtel qui sera attenant au studio.
La pénurie des matériaux de construction a nécessité l’adoption d’un ordre d’urgence et tout a été sacrifié à la mise en train d’un » théâtre de p ri se de vues » permettant de travailler dans le plus bref délai aux grands films inscrits sur le programme des prochains mois.
nomie définitive, telle nue les architectes l’ont fixée sur le projet.
Mais d’ores et déjà, M. Creusy met la dernière main à un film de 4.500 mètres L’Algérie au
Travail.
Ali, Fils du Sud, grande production arabe avec la vedette Reda Caire, est en cours de sonorisation et, enfin, dans quelques jours, on donnera les premiers tours de manivelle de Samsoum le Magnifique, grand film d’aventures qui projettera à l’écran un Tarzan arabe.
On ne peut qu’admirer une telle volonté d’entreprise se manifestant à une heure où tant d’hommes, cependant bien trempés, se prennent à désespérer devant les obstacles qui s’accumulent dès que Ton veut passer à l’action.
Bâti)r une cité du cinéma dans les difficiles circonstances actuelles pouvait paraître une gageure. Celle-ci a été tenue et il est souhaitable qu’un tel effort, une si louable ténacité, trouvent leur récompense dans le plus franc succès.
François MARI.
Renée Saint-C.vr dans le film de Louis Cuny produit par Célia-Fibns et André Paulvé : Etrange Destin.
( Discina .)
CONVERSATION
avec un projectionniste
A cet effet, on a installé un premier « plateau » de plus de (5(1 0 mètres carrés, accolé à l’auditorium, qui servira aussi de salle de projection privée. Entre l’auditorium et ce plateau est située l’âme de l’entreprise. Là, quatre énormes piliers de ciment armé, reposant chacun sur une semelle de plomb de 30 centimètres d’épaisseur, supportent une plate-forme de ciment armé.
i Non loin du premier « plateau » et de l’auditorium se trouve l’atelier où seront brossés les décors, l’atelier de peinture, que Ton est en train de couvrir et nous avons vu sortir de terre les ateliers de menuiserie, de mécanique et de radio. dépendances indispensables d’un studio moderne. Tous ces bâtiments sont à l’opposé de l’usine proprement dite. Celle-ci comprend un bâtiment où s’effectue le montage des films et un second réservé au tirage. Ces opérations nécessitent de grandes quantités d’eau et Ton est parvenu à trouver dans la nappe sous-jacente des réserves liquides suffisantes, qu’une station de pompage almène dans un grand réservoir souterrain et refoule ensuite, selon les besoin, dans un château d’eau. Précisons à ce sujet que, pour ne pas gâter le paysage, le château d’eau a été camouflé sous les dehors d’un minaret du meilleur style, entouré de jardins fleuris.
L’USINE DE TIRAGE DES FILMS
L’usine de tirage des films a demandé des I soins particuliers, afin que les opérations aux; quelles la pellicule est soumise se déroulent dans une température constante. Les murs et les cloisons sont doublés de panneaux de liège et, entre l’isolant et la maçonnerie on a laissé subsister un matelas d’air qui assure une climatisation suffisante pour qu’un film en cours de tirage ne soit pas détérioré par les écarts de température.
Le matériel déjà acquis par la Société Maj rocaine Cinématographique est considérable et ! représente un nombre coquet de millions de francs. Certaines machines sont d’une extraordinaire complexité telle la tireuse, qui permet une diversité invraisemblable d’opérations, concernant la luminosité, le son, le sous-titrage, la musique, le tout synchronisé en laboratoire avec une précision extrême.
UN BEAU PROGRAMME DE DE 3UT
Bien des choses restent à réaliser avant que les studios de Rabat ne prennent leur physïo
Lundi dernier, une panne a privé d’électricité les cinémas de mon quartier.
Tandis que pour les spectateurss restés devant l’écran obscur semblait se réaliser la fable « Le Singe et la Lanterne Magique », l'opérateur projectionniste trouvait plus de temps qu n’en fallait pour nous donner quelques détails sur les inconvénients actuels qu’il rencontre dans sa profession.
Rendons tout d’abord hommage à cet homme dieu et machine, créateur d’images, qui, dans sa cabine, dispense mécaniquement du rêve de l’illusion, et dont la moindre maladresse dans le cadrage, le réglage de l'appareil ou de la lumière risque de détruire le charme et le pathétique du film. Semblable à l'acteur chargé de traduire un texte sur une scène, il est t'interprète multiple de tous les personnages de toutes les scènes du film. La mécanique de son appareil ne doit donc avoir, dans l’intérêt de l’action dramatique, aucune défaillance. A lui l’opérateur, nulle distraction, nulle étourderie ne sont permises, ta projection devant être parfaite et continue.
Le projectionniste devant lequel nous nous trouvions était un homme bien simple qui ne semblait point se douter de l'importance de son rôle de créateur et de sa relation directe avec tous les collaborateurs du film. Il parlait tout simplement des difficultés qui surgissaient lorsqu’il lui fallait changer les charbons de la lanterne ou les pignons de l’appareil de projection.
— Pour la mécanique, nous dit-il, Pallié nous est d’un grand secours. Dans les ateliers, certaines pièces de précision qui nous manquent sont exécutées avec un très grand soin. Quant au projecteur « National », que possède cette maison, il ne connaît pour ainsi dire pas la panne. Le « National » est sorti pendant l’occupation. Pathé est, de plus, le concessionnaire pour la France du système R.A.C.
Nous demandons à l’opérateur (fuel appareil de projection est l’objet de sa préférence.
« Tous son excellents ; français, américains, hollandais ou allemands.
Il ajoute :
« Les cabines de projection laissent jilus à désirer que les appareils, que nous entretenons nous-mêmes, alors que l’état des cabines dépend des directeurs de salles et des architectes. L’espace dans lequel nous devons travailler est trop réduit. Il faut, dans les nouvelles salles en cons
truction, réserver une place plus grande à la projection.
« D'autre part, l'air des cabines est vicié par la combustion des charbons. Une légère fumée se dégage et l’opérateur absorbe, durant des heures dans celle atmosphère l'oxyde de cuivre qui est nocif. Il parait donc nécessaire de faire installer des ventilateurs destinés à aspirer celle fumée.
« On néglige trop le confort de l'opérateur. Par exemple — ex cusez-moi de ce détail — alors que nous sommes obligés de rester sur place pendant des heures, nous n’avons pas de W.-C. à notre disposition... FA puisque nous parlons de confort, ne serait-il pas normal, afin d’éviter une fatigue inutile par la station debout continuelle, d'avoir un haut tabouret en tube de métal? Mais ne demandons pas le maxim wm ' !
« Pour les appareils, on voit en province, et même souvent à Paris, des choses extravagantes! Certaines installations faites de bricolages tiennent parfois de I’ imagination et de l'humour des dessins de Dubout! Je connais une salle tout i>rès d'ici où les deux appareils de projection reposent sur le même pied. Les lanternes de ces appareils ne sont pas fermées, de sorte que la lumière aveugle T opérateur et ( /ne les émanations de gaz empoisonnent littéralement les projectionnistes ».
Et les copies que vous passez?
— Le reliait de la pellicule qui déplace les perforations n’existe guère que pour certaines qualités de pellicule, mais ce n’est pas chose fréquente. Le grand danger vient des collures et des copies mal vérifiées. Celles-ci provoquent parfois un incendie. Ce sont les maisons d’édition qui sont responsables. .4 ce sujet, des incidents surgissent parfois entre les directeurs de salles et les directeurs de location. Ces derniers prétendent que des copies ont été détériorées par l’appareil de projection. Cela est vrai quel quefois. Mais pourquoi ne pas utiliser un service d’enquête chargé de surveiller l’état des appareils? Cela simplifierait bien des choses !
« En 1913, ajoute l'opérateur, c’était le temp» du muet, des films à épisodes du « Masque aux dents blanches », de « Fantomas ». Nos appareils avaient pour la lumière une lampe à acétylène, et nos moteurs étaient si faibles qu’il fallait les arrêter parfois et faire de la projection à la main en tournant une manivelle .
A. Toé.