La Cinématographie Française (1946)

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136 ♦♦♦♦ ♦♦♦♦♦♦♦♦ ♦ ♦ ♦ 1 cissement crée des trous terribles clans la continuité; enfin parce cjue la bande contretypée a perdu de sa beauté visuelle. Les Français, privés depuis longtemps d’un spectacle pareil, se régalent, n’en perdent pas une bouchée. Pour moi, j’ai déjà \u le film cieux fois et je vais y retourner de peur d’avoir laissé échapper cjuelcjue petit détail. L’énonciation de sou texte par .^iletty suffirait d’ail leurs à me faire passer toutes mes soirées au Lauuel! LES FILMS BRITANNIQUES Les films anglais, eux, passent partout en .^méi’ique et font de fort belles recettes. lis nous apportent une nouveauté, une fraîqiheur qui seinblent depuis assez longtemps manquer au cinéma américain. M. Samuel Goldwyn, a lancé d’ailleurs dernièreiment un cri d’alarme, signalant le croissant engouement du public américain pour les productions londoniennes. Le cinéma américain, a-t-il déclaré à la presse, patauge et ne se renouvelle pas. Les gens font la queue à la porte des cinémas pour voir Brief Encounter ou The Seventh Veil. James Mason est la nouvelle coquelucb ■ des spectatrices. Les Anglais en profitent natu rellement pour nous envoyer des films d’inférieure qualité qui sont acceptés avec le reste, un peu à la manière de ces maisons de production qui obligeaient les exploitants à prendre leur programmation complète, y compris les films de catégorie « B ». les plus niais, afin de pouvoir montrer également Gary Cooper ou tout autre star de son envergure. LES ACTEURS FRANÇAIS A HOLLYWOOD Un film tel que Les Enfants du Paradis (la chose était naturellenijent impossible à l’époque d' sa réalisation), s’il avait été présenté en In.igue anglaise aux Etats-Llnis, non pas doublé avec l’horrible procédé dit sijnchronisation, mais tourné directement avec des artistes de langue anglaise, eut battu tous les records de recette. Les producteurs français ne feront pas la conquête du marché américain avec des film;, sous-titrés en anglais. Ils y arriveront aisément en tournant, lorsqu’il s’agit de films de l’importance des Enfants du Paradis et de La Symphonie Pastorale, des versions interprétées par des acteurs anglais ou américains. La récoimpense obtenue par Michèle Morgar. à Cannes est venue contrebalancer heureusement les résultats de sa carrière à Hollywood Les producteurs américains ne se sont sans doute jamais rendu compte de son immense talent. Sinon comment oseraient-ils lui faire tourner les rôles anodins qui lui ont échu à Holh^wood? On ne s’explique pas comment une actrice de sa force a pu se voir distribuer, par exemnle, les quatre scènes qu’elle dût interpréter dans Passage to Marseille. Il est également pénible de voir qu’un acteur de la taille de Victor Francen s’est vu obligé, en fait de rôle, de prononcer trois lignes, en tout et pour tout, dans Night and Dag. Comme Michèle Morgan parle très bien l’anglais, espérons que les producteurs de son prorbain film en France lui feront égalemeni tourner une version américaine, ce qui serait magnifique. Pour en revenir aux Enfants du Paradis. les critiques cinématographiques ont hrillamiment apprécié les décors de Trauner, Gabutti et Barsacq, les costumes d’Antoine Mavo, les maquilâges de Paule Dean et La musique de Thiriet et de Mouque. Us ont écrit que tout ceci était essentiellement français et que la reconstitution de l’atmosphère de l'époqur était hors de pair. Les spectateurs ne sont en général pas gâtés par les reconstitutions historiques (ou même modernes'' françaises que l’on voit dans les films à Hollvwood. Les décorateurs et « Set Dressers » locaux c en ent pris un bon coup » en vovant avec quel gofit et quelle authenticité chaone décor du film de Carné est conçu et meuhlé. Lucien Caëdel et Paulette Dubost dans La Revanche de Roger-la-Honte. (Prod. : Gray-Film. \ RECONSTITUTIONS HOLLYWOODIENNES Il faut dire qu’l ci les spécialistes chargés de réaliser les cadres français n’ont pour toute ressource que les meubles et accessoires du m'agasin du studio, lesquels sont là depuis toujours. Ils peuvent y ajouter, si le chef de production est en face d’un devis suffisant, des Il objets d’a'rt » loués chez les antiquaires de la ville, et qui sont toujours les mêmes. Ces décorateurs ainsi que leurs collègues les costumiers ne sont d’ailleurs pas toujours des experts; et comme ils doivent créer l’une après l’autre, au hasard des scénarios, des ambiances marocaines, écossaises, thibétaines, russes ou guatémaltèques, ils accomplissent leur travail fort rapidement et souvent au petit bonheur, ce qui explique la présence insolite du huste de Marie-Antoinette sur la tahle de Mazarin, ou un anachronique portrait de Louis-Philippe négligemment accroché au mur dans le petit salon de Napoléon 1'”'. Par contre, s’il s’agit de meubler un « saloon » vers 1890, ou de reconstituer un caimp d’Iroquois, ou encore la salle de rédaction d’un quotidien new-yorkais, ils y excellent. Un II Western » tourné aux environs de Paris serait sans doute aussi inexcusable dans l’authenticité de ses détails que les films vus par Holh'AVood, dont l’action se déroule eu France, et dans lesquels on montre toujours des II harbus ,, et autres personnages à la Dubout, en train de manger des escargots, pour faire « bien parisien ». Mais le public s’éduque lentement, et le temps n’est plus si loin où il exigera <i d’en avoir pour son argent » et ne se montrera pai satisfait des « à peu près » qui lui sont régulièrement servis en guise de spectacle cinématographique. CO-PRODUCTIONS ANGLO-FRANÇAISES Les producteurs français et anglais devraient s’entendre et coopérer pour la production bilingue de leurs grands films. En 1946, vingt films anglais ont trouvé place sur les écrans américains et ont été chaleureusement accueillis. Les films américains occupent actuellement une large place sur les écrans français, tandis que les films français, eux, continuent à être montrés, presque en cachette dirait-on, dans les petites salles snécialisées nui ne font pas grosses recettes. Depuis la Libération, quatre productions françaises récentes sont seulement ainsi sorties aux Etats-Unis. Le oublie américain est très désireux de voir des choses nouvelles. La preuve en est dans la réception faite aux bandes de provenance anglaise. Le grand écueil est l’incom'piyéhension du langage. On pourrait y ren^édier avec le svstème des deux versions. Les décors, la mise en scène, les éclairages, la musique restant les mêmes, on ferait, à part l’augmtentation des temps de prises de vues et les salaires de la seconde troupe, deux films pour le prix d’un seul. L’idéal serait que tous les films d’atmiosphère française soient authentiquement tournés er France; ceux de caractère britannique conçus en Angleterre; et enfin, que soient faits au? U. S. A., ceux dont l’action se déroule dans le Amériques. C’est à peu près ce qu’il se fait pour les film; français et anglais, qui tournent quatre-vingi dix pour cent de sujets locaux. L’Amérique pour ses cinq cents productions annuelles, doi’ néeessairement s’alimenter dans la littératur; étrangère pour y trouver matière à des scénarios variés. Les Mexicains sont admirables dans leur production nationale, dans Maria Candelaria pai exemple, tandis que dans leurs films historiques ils sont souvent ultra-fantaisistes. Les cinéastes russes font bien ce qu’ils font dans un style également personnel. Leur* Il mers de blé mur » continuent à passionnel les metteurs en scène et ils n’ont pas leurs pareils pour achever un film sur un kolkhosc bien propre, bien neuf, avec de beaux paysan; bien habillés. L’atmosphère locale de Rome, Ville Ouverte un superbe film italien, est extraordinaire d( vérité et n’eut certainement pas pû être reconstituée dans les studios de Californie. LES FILMS FRANÇAIS SUR LES ÉCRANS DU MONDE Les grands films français ont droit à leur place sur les écrans américains ainsi que suii tous les écrans mondiaux. Les productions ac-i tuelles, qui coûtent cinquante fois plus qu’en 1939, ne peuvent s’amtortir uniquement dans les pays de langue française et il devient indis-; pensable que les Français réalisent leurs films en français et en anglais tout d’abord, puis en-i suite également en espagnol, à cause de l’im-mense marché sud-américain et centre-am)éricain. Que les producteurs français en fassent au moins l’essai une fois, afin de se rendre compte! des résultats financiers de cette expérience. De niême que les spectateurs français accueillent tout ce qui leur arrive de Californie avec la plus aimable des complaisances, pour ce que les fil/ms leur apportent de modernisme, de luxe, et d’exotisme, de même le public américain aimera certainement tout ce que le bon goût, la beauté de l’art français leur offriront. Il faut entendre les n Ah 1 » de satisfaction qui montent de la salle lorsque dans un film le public aperçoit pour quelques instants une vue de la rue de la Paix, de la Tour Eiffel ou de la place de l’Opéra. « Parisse !... Parisse !... : Isnt it beautiful ? » entend-on chu choter dans les rangs des spectateurs; et ces photographies de la plus belle capitale du monde exercent sur les Américains la même fascination que celle éprouvée par les jeunes Français lorsqu’ils contemplent les skycrappers de Manhattan Island ou les fantastiques galopades des cow-boys photographiés dans la banlieue de Los Angelès. En 1939 on parlait beaucoup du cinéma français en Amérique. Il ne tient qu’aux producteurs d’essa.yer de faire l’effort supplémentaii'e de films bilingues franco-américains. Hollywood annonce déjà toutes sortes de scénarios dont l’action se déroule en France _ : une vie de 'Vincent Van Gogh, d’autres de Victor Hugo, de Jeanne d’Arc, de Lautrec, une biographie d’Offenbach. Pourquoi des films de ce genre ne sont-ils pas tournés dans les studios parisiens, en deux langues, par des créateurs et des artistes français, avec le goût et la grâce innée qui sont les leurs ? Robert Florey. Quel que soit votre emoloi ou votre rang dans rindutlrle Cinématographique Adhérez à L'ENTR’AIDE du cinéma Proehoiremenl: 128, rue La Boëtie, PARIS (8») ÉLT. 36-66 Sa Devise t l’Entr'aide. Son Programme < Etre loujnurt prétenle peur aider ceux de la profession qui sont dans le besoin. il