La Cinématographie Française (1948)

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Daniel se rendit au château, lotte fois, il n'eut même pas besoin j onner. Casimir, dès qu’il l'aperçut, I vers la grille. ’ Bonjour, monsieur Daniel, m’est qu’on vous attend déjà, ms le hall majestueux, Mlle Radele accomplit pour lui une demirence du plus gracieux style et jf rides allèrent jusqu'à former un Sire. , porte du boudoir Louis XVI s’oup aussitôt et Anne parut. Elle porp toujours la même robe noire, te, presque monacale, mais son viétait illuminé d’un radieux souLa venue du jeune clerc lui était ; able. voix chanta, presque joyeuse : Je vous attendais, monsieur. Si le voulez, nous nous installerons, de suite, dans la bibliothèque. J’ai préparé le travail. 1 effet, dans la vaste salle où les res en plein veau, à dos ornés de dorés, luisaient derrière les treil> de cuivre, Anne avait préparé, au pu, sur l’immense table d’acajou sif, une quantité considérable de js. Nous en consacrerons un certain |bre à chaque partie du château, lous numéroterons par pièce. Vous uerez les objets au plus bas prix. Sgonde fera les additions. Nous ns ainsi un aperçu, fjiniel la complimenta : Mademoiselle, vous êtes une tne de tête. On croirait à vous enf re que vous avez passé votre vie ablir des inventaires. Est-ce vrai ? Vous ne me dites cela pour me flatter ? protesta : Comment pouvez-vous supposer telle chose ? Eh bien, alors, je suis très fière. Le dernier roman inédit de MAX DU VEUZIT — RÉSUMÉ DES CHAPITRES PRÉCÉDENTS Daniel Maureuse, fils d’un banquier parisien, est appelé à Noinville par son g rand’père Thomas Rasquin. Il doit régler une succession où son grand’ père est créancier. En étudiant l'affaire, il s’aperçoit que c’est toute une fortune qui est en jeu, et soupçonne son grand’père de n’avoir pas été très régulier. Aussi, après une visite à M Donguet, le notaire, il se rend chez l’héritière Anne de la Boissière, (Sainte-Sauvage) et lui propose de l’aider. Elle accepte. Il était entendu avec M1 Donguet que Daniel se ferait passer pour un de ses clercs. Tout semble aller à merveille, d’autant que Daniel espère en vendant un certain nombre d’objets de valeur, éviter la vente totale des biens. Pour effectuer un inventaire complet il retourne chez Sainte Sauvage un matin. abimes de la désolation et du doute. Elle le choyait et le martyrisait à la fois, sans s’en rendre compte. Elle eut de nouveau devant elle, le garçon timide et troublé qu’elle avait déjà vu apparaître au milieu de l’entretien de la veille. — Mademoiselle, voulez-vous que nous nous mettions tout de suite à la tâche? proposa-t-il pour couper court aux désolantes réflexions d’Anne. Elle accepta : — Certainement. Par où commencerons-nous , — Par la salle des gardes. — Entendu. Levant vers elles des yeux embrumés de mélancolique incertitude, il proposa : — Nous adopterons un sens pour ne rien oublier. Il se plaça à droite de la porte : — Entendu. Elle tenait un premier paquet de fiches sur un sous-main. — J’inscris : « Salle des gardes, N” 1. » Et Daniel lui dicta, les yeux dans les yeux : — Une armure du XIV' siècle avec cotte de maille, gantelets et heaume : trois mille francs. — Trois mille, répétat-t-elle, pleine de zèle. Le jeune homme s’excusa d’un sourire contrit : — Je puis me tromper dans l’estimation... Je ne suis pas infaillible, n’est-ce pas ? — Il faut bien que nous partions d’une base., autant la vôtre... La ronde continua lentement. Peu à peu, le cœur de l’amoureux s’apaisait. Anne s’exclamait parfois : — Croyez-vous vraiment que cela vaille si cher ? — Essayons toujours, mademoiselle. Et il souriait. Maureuse s’abandonnait complètement à ses impressions du moment. A quoi bon ressasser toujours les mêmes ennuis ? — Ne suis-je* pas avec elle ? Les heures ne sont-elles pas douces pour moi ? Ne fuient-elles pas dans un que nous devions entreprendre et je me répétais : « Quelle méthode employer ? Quelle méthode employer ? » Au matin, cela m’est venu comme sous le coup d’une illumination. Aussitôt, j’ai appelé Radegonde : « Il nous faut du papier, beaucoup de papier. » Et nous avons coupé, taillé, confectionné déjà des centaines de fichés. La gouvernante était restée avec eux. Elle ne pouvait s’empêcher de contempler sa jeune maîtresse. Elle joignit les mains. — Oh, monsieur ! On nous a changé Mlle Anne, depuis hier. Elle a reprife goût à la vie. Quelle bénédiction que M' Donguet vous ait envoyé. Anne de la Boissière riposta avec spontanéité : — C’est vrai. Gondine a raison. Je vous dois mon beau courage d’aujourd’hui. Personne, avant que vous ne soyez venu, ne m’avait montré ma situation sous un jour optimiste. Je lisais dans tous les regards que j’étais irrémédiablement ruinée,., perdue ! Qu’allais-je devenir, après la vente de la Muette ? Sans le moindre capital devant moi. Sans le moindre refuge où me cloîtrer. J’avoue avoir pensé au couvent. Mais je ne me sentais pas de vocation et on ne triche pas avec Dieu. Si, comme vous le croyez, un trésor est épars entre ces murs, réalisons-le bien vite... Et puis, surtout, arrangeons-nous pour qu’aucun Rasquin ou Maureuse ne puisse mettre les pieds ici. Le pauvre Daniel était donc toujours condamné à être hissé jusqu’aux cimes du bonheur, puis précipité dans les CHAPITRE IX latin, « carpe diem cueillons 'es' joies et attendons les difficultés pour essayer de les résoudre. Vers sept heures qui sonnèrent à un vieux cartel, Daniel prit congé. Il emportait avec lui une petite statuette de Saxe et un verre opalin Louis-Philippe. — Je vais les proposer à un ami, expliqua-t-il à Anne, radieuse de cette initiative. L'avocat avait trouvé ce moyen-là pour lui faire tenir, sans plus attendre, un peu de numéraire. A mille petits riens, il avait deviné que personne n’avait songé à mettre un peu d’argent dans la caisse laissée vide par la mort du père, et il s’inquiétait de ce dénuement, si fièrement accepté. Le lendemain, il annonça que les deux bibelots emportés la veille avaient trouvé preneur. Et dans la main de l’orpheline, il mit deux billets de mille francs, en s’excusant de n’avoir pu obtenir mieux pour cette première fois. Il vit si fort trembler les petits doigts féminins qu’il en fut bouleversé et dut faire un gros effort sur lui-même pour garder son sang-froid quand, avec une émotion non déguisée, elle’ le remercia chaleureusement de la peine qu’il avait prise. A partir de ce jour, il prit l’habitude d’emporter avec lui quelques objets sans valeur réelle : une tabatière, un livre, un tableautin. Tout cela allait dormir chez lui, dans le haut d’un placard. Et pour donner plus de vraisemblance à ‘'ces supposées petites ventes, il lui arrivait, parfois, de revenir les mains vides au château, en s’excusant de n’avoir pu rencontrer l’amateur qu'il espérait. Anne ne doutait pas qu’il ne dît la vérité; elle lui exprimait sa gratitude pour ces démarches sans résultat : — Une autre fois, vous aurez plus de chance ! affirmait-elle avec conviction. Et comme elle accompagnait ses paroles de sourires confiants et de regards brillants d’espoir, Daniel était le plus heureux des hommes. Jamais les remerciements d’aucune des maîtresses qu’il avait quelquefois couvertes de bijoux et de fourrures n’avaient eu pour lui la saveur délicieuse d’un simple merci prononcé par la petite bouche vermeille de la jeune fille. Cette position auprès d’Anne de la Boissière était si douce à l’âme du jeune avocat qu’il tremblait sans cesse de la perdre. Et, tous les jours, c’était avec le même battement de cœur anxieux qu’il arrivait au château. Quelqu’un n'avait-il pas révélé à la jeune châtelaine la véritable identité du clerc de notaire qu’elle accueillait si allègrement ? Il n’était rassuré que lorsqu’il avait reçu d’elle le beau sourire confiant, saluant son arrivée. Il ne savait pas que Radegonde et sa maîtresse vivaient presque sans aucun contact avec le monde extérieur et que, de son côté, Casimir, le jardinier, taciturne et sans relations suivies avec les gens du bourg, avait peu de chance d’entendre parler du petit-fils du père Rasquin. — Chassé de la Muette ! Ne plus voir chaque jour l’orpheline ! C’était une perspective affolante ! Rassuré du côté de Me Donguet, qui n’avait pas mis les clercs de l’étude au courant, il donna des instructions à i Colforval afin que le bruit de sa présence ne se répandît pas. — Tu comprends, grand-père, je ne suis pas reçu à la Muette sous mon j nom.. Je ne suis qu'un simple clerc de notaire qui vient faire un inventaire... — C'est très bien de payer de ta personne. Au moins, on ne te roulera pas, toi !... Et qu'est-ce qu’elle en pense, i l’héritière ? Il eut un frémissement à l’évocation É de la douce vision qui l’accueillait si gentiment et, en lui demandant tout bas pardon de la renier avec tant de j désinvolture, il affirma, pour donner le change : — Je vois rarement la jeune maîtresse. C’est juste si une vieille fille, 1 < aux traits austères, daigne m’ouvrir les portes des appartements que j’ai à visiter. Elle me guette comme si elle ; 1 craignait que je dérobe les murs de la maison. (Suite page l’5J. J J; (Illustration de A. Galland.) Ld il 1