La Cinématographie Française (1948)

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6 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ CHVEIK Fi RAPIDE ISE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ LETTRE D’HOLLYWOOD LE METTEUR EN SCÈNE LA PRODUCTION AUX DANS U.S.A. Depuis bientôt trois décades, je reçois régulièrement les principaux journaux et magazines français et m’empresse, bien entendu, de lire tout d’abord la critique des films américains présentés à Paris. On sait que, quelques réalisateurs-auteurs mis à part, les metteurs en scène américains ne sont que fort rarement responsables du scénario qu’ils sont chargés de mettre en images. Avant de commencer à tourner, le réalisateur travaille pendant un temps plus ou moins limité au découpage de l’histoire qu’il dit porter à l’écran en une période de temps minutieusement établie. Cela ne veut pas dire qu’il se porte garant du choix du sujet qu’il doit diriger. La réalisation d'un film américain est un travail d’équipe et le metteur en scène n’est qu’une des roués de cette puissante machine, inégalable au point de vue technique. Les Sturges, Wilder, Wyler, Capra, Welles, Stevens, De Mille, Mac Carey, Cukor, Vidor, qui peuvent choisir ou écrire leurs scénarios ne sont guère nombreux ; le Screen Director’s Guild, comptant plus de deux cent cinquante membres. Les films sont « fabriqués » selon des données ayant, maintes fois, fait leurs preuves et il n’est pas toujours juste d’en attribuer les défauts, uniquement à leurs réalisateurs. Les critiques en toute bonne foi, jugent le film bien souvent sans tenir particulièrement compte de l’âge du produit, pas plus que de son coût, ni surtout des conditions dans lesquelles il a été fait. Une bande produite en quatorze jours pour 150.000 dollars, en 1939, est souvent placée sur le même niveau qu’un film relativement nouveau et ayant coûté dix fois plus. Or, dans les critiques parisiennes, le producteur du film, c’est-à-dire l’homme qui a imposé le sujet au réalisateur, n’est jamais blâmé ; le nom du scénariste n'est presque jamais mentionné et le malheureux metteur en scène « encaisse » presque toujours la responsabilité de tout ce que l’on n à reprocher au film. Il devient la tête de turc des critiques, qui oublient les affres par lesquelles il a passé, non seulement tandis qu’il préparait son découpage, mais alors qu’il tournait le film qu'il était obligé de faire. Il est évident que personne n’est « obligé » de faire un film, les producteurs ne peuvent, bien entendu, forcer un réalisateur à exécuter un travail auquel il ne croit pas, mais examinons la situation dans laquelle se trouvent la plupart des metteurs en scène. Us sont, ou bien engagés par un studio sous contrat à l'année, ou bien encore, en tant qu’indépendants, appelés par un producteur pour faire un film. Sous Cary Grant, Myrna Loy et Melvyn Douglas sont les interprètes de la comédie * UN MILLION CLEFS EN MAIN. Production RHO 1948-1949. contrat, aucune discussion n'est possible, car en cas de refus d’un scénario ils sont immédiatement et automatiquement « mis en congé » pour un temps indéterminé et parfois assez long, durant lequel ils ne sont pas payés. Nous sommes tous passés par là, et bien souvent, désireux de recommencer à travailler, sommes obligés de nous atteler à l’histoire refusée plusieurs mois auparavant ; puis en cas de récidive, le réalisateur acquiert une réputation d’empêcheur de danser en rond, d’où arrêt de contrat à la fin de l’année et, le mot passant de studio en studio, impossibilité de trouver un autre film. Le metteur en scène indépendant peut se permettre le luxe de refuser de tourner une histoire dont le sujet lui semble par trop primaire, mais combien de fois lui est-il possible de renouveler cet exploit, à moins d’être dans l’aisance et d’avoir les moyens d’attendre? Les producteurs aiment, aujourd’hui, à répéter qu’ils peuvent trouver des réalisateurs au prix de « dix sous la douzaine » et ils ont raison. Au début de ce mois de septembre vingt-sept productions seulement étaient en chantier, plusieurs studios chômaient, l’Universal International, par exemple, avait fermé ses portes pour une période de six semaines, le travail ne devant y reprendre qu’au début du mois d’octobre. Alors qu’avant 1940, Hollywood produisait encore près de 700 films chaque année et que le nombre des metteurs en scène n’atteignait pas encore la moitié de ce qu’il est aujourd’hui, la quantité des films tournés de nos jours ne dépasse pas le nombre de trois cents. Pour vivre de son métier, un réalisateur de films de catégorie moyenne doit en diriger annuellement entre deux et trois; un « director » de petits films doit, lui, en réaliser cinq ou six ; la situation présente étant que deux cent cinquante metteurs en scène doivent se partager trois cents films ; peu, s’ils veulent continuer à exercer ce métier, peuvent se permettre de refuser les scénarios qui leur sont offerts. Alors que j’étais engagé, en contrat, il n'y a pas bien longtemps encore, dans un de nos grands studios, il m’arrivait de rendre visite à certains de mes collègues, dont les bureaux étaient voisins du mien, et je me souviens avoir, un soir, remonté le moral à l’un de mes camarades qui venait de se voir distribuer un scénario aux situations surannées et comprenant tous les poncifs et clichés habituels des ténébreuses histoires d’espionnage. Chose curieuse, les critiques des journaux américains ne nous atteignent pas autant que celles de certains journaux de Paris, qui nous touchent plus durement, du fait sans doute que nous avons vécu à Paris et nous sentons attachés à tout ce qui arrive en France. Mon confrère termina la mise en scène de son film et les aristarques américains se montrèrent assez sévères pour l’histoire tout en louangeant cependant la mise en scène technique et le jeu des protagonistes. Il y a quelques mois, ce film fut présenté à Paris et l'un des articles écrits à son sujet disait quelque chose dans ce genre : « Ce navet mis en scène par une espèce de Roumain naturalisé Yankee... » L’ancienne nationalité du réalisateur prenait ainsi un sens péjoratif, on sentait d'emblée le parti-pris, non pas de faire rire, mais de faire mal, car qu’est-ce que le changement de nationalité d'un metteur en scène peut bien avoir à faire avec son travail de réalisation? Les critiques américaines sont extrêmement constructives, ce qui est en somme ce que la critique devrait être et nous sentons, à leur lecture, que leurs auteurs sont parfaitement au courant des conditions dans lesquelles les films sont tournés et qu’ils sympathisent avec les réalisateurs. Il est facile de blâmer le metteur en scène, mais, personnellement, j’aimerais voir un critique réaliser lui-même la plus simple des séquences d’un film et faire face, à 8 h. 30 du matin, non seulement à toute une armée de techniciens, mais encore à une troupe d’acteurs et de par Robert Florey vedettes, à un « superviser », à un « producteur en chef », à un « chef de production » et à un producteur associé », chacun de ces messieurs ayant souvent une idée différente sur la façon dont une scène devrait être jouée et photographiée, car, dans nos studios, le réalisateur doit, non seulement satisfaire le « grand patron », mais encore ses satellites, ne sachant plus, de la sorte, comment plaire à l’un comme aux autres et risquant de se les mettre tous à dos. Chose nouvelle, le Screen Director’s Guild vient de décider de créer son « Oscar ». Tous les trois mois, les metteurs en scène choisissent le film qui leur semble le meilleur, faisant ainsi une sélection de quatre finalistes à la fin de l’année, un des quatre remportant éventuellement la palme. Le premier lauréat a été The Search (product. M.G.M,. tournée en zone américaine de l’Allemagne occupée et également à Zurich). Le choix est excellent, ce film est bien certainement le meilleur que nous ayons vu depuis le début de 1948. De toute la distribution, l’actrice américaine Aline McMahon est la seule connue aux Etats-Unis et il ne s’agit pas là d’un film « commercial ». Darryl Zanuck, de retour d’Europe, a annoncé, le 5 septembre, qu’il avait l’idée de produire trois grands films en France en 1949, si la Fox Twentieth Century arrivait à s’entendre, au point de vue finances, avec le Gouvernement français. Jusqu’à présent, les studios ont surtout annoncé leur intention de produire, en Angleterre, en Italie, en Suisse et en Suède. Darryl Zanuck est le premier producteur ayant pris l’intéressante décision de tourner à Paris. Il est, on le sait, un grand ami de la France. Le Corbeau, et c’est pour moi un plaisir de l’écrire, a fait salles combles au « Laurel », à Hollywood et ceci pendant plusieurs semaines. Pour la première fois, on a pu voir de longues queues à la porte d’un théâtre spécialisé. Les recettes ont été les plus fortes réalisées jusqu’à ce jour par un film français. Un Revenant a également très bien marché, mais ce ne fut pas le cas pour Le Collier de la Reine, présenté dans un nouveau cinéma sur | l’avenue Melrose. Bonnes critiques pour Fric-Frac, avec Arletty, Michel Simon et Fernandel, dont la première a eu lieu à F « Esquire » avec La Surprise de la Mariée (The Bride’s Surprise) en complément de programme. Yves Montand et Edith Piaf ont tenu l’affiche pendant deux semaines dans Star without Light, au « Studio Theater ». Nous venons d’apprendre que Le Diable au Corps était enfin autorisé aux Etats-Unis. L’idée de tourner Mayerling à Hollywood semble être abandonnée, tout au moins pour le moment. On dit que Jean Delannoy, dont La Symphonie Pastorale vient d’être présenté avec un éclatant succès à New York, et qui sortira durant les prochaines semaines dans toutes les grandes villes des Etats-Unis, serait le prochain réalisateur du grand producteur David O. Selznick, et qu’il dirigerait pour lui une superproduction, à Paris, au début de l’année 1949. A ce sujet, L’Eternel Retour vient d’être montré à nouveau au « Theatre Uclan » à Westwood, quartier chic de Los Angeles, avec beaucoup de succès. On annonce également la sortie prochaine de Pontcarral.