La Cinématographie Française (1949)

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44 LA CINEMATOGRAPHIE iUxximmmmilïiiiiiTiiYiïliirTriiïi FRANÇAISE CANADA Le marché des films français au Canada n’existe que dans les régions de langue française, c’est-à-dire principalement dans la Province de Québec. Les autres provinces de langue anglaise ne passent aucun de nos films par suite des frais beaucoup trop coûteux de doublage pour une maison de distribution canadiennefrançaise. Depuis la guerre, le Canada passe la majorité de nos films, mais souvent avec une moyenne de deux années de retard. Actuellement, on peut voir à Québec Le Maître de Forges, Bethsabée, Les Amoureux sont seuls au Monde, sans parler de Fabiola, Les Derniers Jours de Pompé'i, Ruy Blas, Jo la Romance, Deux Amours que la publicité a fait connaître depuis longtemps. Il est à noter que l’année 1948 a vu un certain fléchissement dans le nombre de nos films exportés. En effet, en 1947, on pouvait compter 110 longs métrages contre 88 en 1948. Il semble toutefois que cette année s’annoncera meilleure puisque déjà pour le premier semestre 1949 nous avons exporté 72 films. Il y a un langage à ces chiffres. Il fut un temps où les salles canadiennes présentaient n'importe quel film ridicule et même excessivement vieux et tout le monde s’engouffrait dans la salle ; mais maintenant, il n’en est plus de même, le public canadien est devenu difficile, il aimerait qu’on lui présentât de bons films. L’exploitation de nos films va grandissante, certes, mais elle a beaucoup à faire pour arriver à égalité avec le film américain. Pourtant le film français a l’avantage puisque le spectateur canadien français n’aime pas voir un film sous-titré ou en version originale, et les films américains n’ont de chance que doublés. Mais là intervient la qualité. Il recherche dans notre production un bon dialogue, mais aussi et surtout beaucoup plus de films religieux, d’action, de grande mise en scène, de bataille. Voilà pourquoi le film américain tient la première place. A Québec, par exemple, le centre le plus important de langue française (avec 4.300 habitants de langue anglaise sur 230.000), il s’y trouve 13 cinémas : 4 ne passent que du film français ou de langue française, 5 réservent quatre jours pour lé film américain et trois pour le film français, 4 ne passent que du film américain. A Montréal, le pourcentage est plus réduit en Une scène de LA MATERNELLE avec Blanchette Brunoy et Pierre Larquey. (Cliché S.P.I.C.-Fidès-Cité Films.) Un marché pour 100 films français par an par L. Zimbacca. core, car 25 % des salles passent nos films pour 60 % de canadiens français. Quant aux campagnes et autres villes, les salles choisissent trois jours en semaine pour la production française et la fin de semaine pour le film américain. La censure reste toujours un problème délicat. Trop sévère, elle puise ses objets à critique dans la réalité trop crue, les plans trop réalistes, les situations immorales, en un mot tout ce qui peut être interdit par une censure religieuse. Ainsi, par exemple, le film Les Enfants du Paradis fut interdit malgré les nombreuses réclamations de tous les producteurs canadiens. Un autre de nos films fit également l’objet de nombreuses révisions, Pour une Nuit d’Amour, mais peut maintenant passer sous le titre Passionnelle : c’est la salle Cambrai de Québec qui le passa en exclusivité, mais sans grand succès. La censure fut également trop sévère pour Tous les Deux ; qu’il ait été interdit en 16 mm., c’est-à-dire pour les enfants (puisqu’au Canada les enfants au-dessous de 16 ans n’ont pas droit à l’entrée des salles de spectacle), cela eut pu se comprendre ! La Taverne du Poisson Couronné, Macadam, Les Jeux sont faits subirent le même sort. D’ailleurs, en règle générale, il est rare qu’un film soit présenté sans aucune coupure. Si la majorité des films français ont été exploités depuis la fin des hostilités, ils n’ont eu qu’une carrière éphémère du moins dans la plus grande partie. Il est rare de voir des films comme la série Marius-Fanny-César ressortir chaque année à même époque, ainsi que Golgotha présenté à chaque carême avec toujours le même succès. Mais le public aime trop le neuf. Selon lui, les trois meilleurs films de l'année furent par ordre de qualité : Un Homme et son Péché (canadien), tiré d’un roman radiophonique qui passionna toute la province ; Monsieur Vincent, jugé film d’une haute portée morale et approuvé par tout le clergé canadien ; et Joan of Arc, second film religieux dont le succès est maintenant certain. Le public est intéressé là par la grande mise en scène et la couleur, mais il a été déçu par cette adaptation : il était évidemment difficile pour des Américains de pouvoir donner une idée exacte de Jeanne d’Arc. Un film comme D’Homme à Hommes ne marche pas au Canada : il eut un mauvais début aussi bien à Montréal qu’à Québec Par contre, tous les films de Fernandel, Georges Guétary, Bourvil, Tino Rossi sont en première place dans toutes les salles. Le public canadien aime réellement le cinéma et son choix est souvent guidé par le nom des vedettes. Parmi nos acteurs, nous pouvons citer par ordre de préférence : Georges Marchai, Henri Vidal, Bourvil, Georges Guétary, Tino Rossi (ces trois derniers ex-œquo) , Jean Marais, René Dary, Paul Meurisse (très bon), Fernandel ; et du côté féminin : Viviane Romance, Louise Carletti, Danielle Darrieux, Giselle Pascal, Madeleine Robinson, Odette Joyeux, Michèle Morgan (très bonne) . La Compagnie Cinématographique canadienne a tenu longtemps l’exclusivité du film français. Mais actuellement d’autres maisons de distribution ont acheté nos films. Citons la Maison EagleLion, organisation anglaise, Francita-le-Film, et Ciné-Canada ; cette dernière distribue également plusieurs films italiens qui firent bonne carrière. Une scène de DERNIERE HEURE... EDITION SPECIALE, avec Odette Joyeux. Paul Meurisse et Marguerite Pierry. (Cliché Sinus.) France-Film (la C.C.C.) qui possède ses propres salles, sort un film en exclusivité par semaine dans les quatre principales villes, à savoir : Montréal, Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke. Ses salles ont toutes le même nom : Le Cinéma de Paris, toutes de belles salles à l’exception du Cinéma de Paris à Montréal. La plus belle salle réservée au film français, la plus belle et la plus grande du Canada, est certainement le Champlain, réservée aux autres maisons de distribution de nos films. Pour la prochaine saison, certains films sont déjà annoncés : L’Idiot, Aux Deux Colombes, L’Ecole Buissonnière, Les Eaux Troubles, Dernier Amour, La Maternelle, Tous les Chemins mènent à Rome, Tabusse. Quant à la production canadienne, elle commence à travailler sérieusement. Jusqu’ici, deux studios se sont montés et ont réalisé quelques films ; parmi eux, La Forteresse, que nous avons vu en France, et celui qui fut classé meilleur cette année, Un Homme et son Péché, réalisé par la Québec-Production ; de son côté, la Renaissance-Films réalise actuellement Le Gros Bill qui sera présenté aux Canadiens en septembre. En résumé, la production promet de devenir importante et d’un genre nouveau dans quelques années. La distribution, de son côté, est plus difficile, car dans les seules régions où Ton parle français la majorité des gens qui peuvent fréquenter les salles obscures y sont à longueur de journée et, malgré cela, ils ne sont pas assez nombreux. Le film français a aussi un dangereux partenaire, le film américain doublé. D’où, pour concurrencer avec plus de succès les productions étrangères, la France doit soutenir sa production en exportant des films de qualité et en les vendant meilleur marché. Suivre l’exemple des Américains en ayant la même maison qui produit et distribue dans plusieurs pays serait une bonne solution. Ces conditions remplies, le film français reprendrait son rang sur le marché canadien. L. Zimbacca. Un troisième film parlant réalisé à Québec Montréal. — Après La Forteresse et Un Homme et son Péché (présenté au Festival de Venise), la société cinématographique canadienne « Québec Productions », propriétaire des studios de Saint-Hyacinthe à Québec, vient de réaliser un troisième grand film : Le Curé de Campagne. Celui-ci a été tourné dans le délai record de dix-huit jours, grâce au beau temps, la plupart des scènes se passant en extérieurs, et le budget prévu n’a pas été atteint ! La prochaine production de cette compagnie qui sera entreprise dans quelque temps sera la suite de Un Homme et son Péché, film qui a obtenu un immense succès au Canada français et dont le prix a été amorti en cinq semaines. Fernandel, Guétary, Bourvil et Tino Rossi restent nos vedettes populaires