La Cinématographie Française (1949)

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LA CINEMATOGRAPHIE FRANÇAISE 45 AUTRICHE Tr££Lm“ Reprises de la production nationale Le cinéma est surtout une évasion de notre envoyé spécial, Pierre MICHAUT Ce qui caractérise l’année cinématographique à Vienne, c’est la difficulté de plus en plus grande de satisfaire le public... En retrouvant progressivement des conditions de vie meilleure, il reprend aussi conscience de son individualité et ses habitudes d'esprit. Or, dans ce qui faisait sa personnalité artistique, il y a, sinon assez peu de curiosité à l’égard de ce qui vient de l'étranger, du moins une certaine réserve. L’Autriche, avec son riche passé d’histoire et d’art, n’éprouve pas un besoin urgent d’adopter ce qui lui arrive d’ailleurs. Elle se réserve de choisir, de juger, de prendre ce qui lui convient... Les goûts du public Si, Monte-Cristo, par exemple, a été le grand succès de 1948, par contre, Panique a dû être retiré en hâte : on n’approuvait pas la mort « injuste » de Michel Simon, car la Providence n’aurait pas dû punir cet innocent ... Surtout, les films de tristesse et de violence rebutent ce peuple terriblement éprouvé. D’autre part, dans L’Aigle à deux Têtes, on ne reconnaît pas le personnage à demi-sacré de l’impératrice Elisabeth, qui a gardé encore des adorateurs intransigeants ; on s’apprête à éplucher Mayerling sur la base de ses vérités historiques, plus que sur ses valeurs d’aventure et de sentiment. Certain film, sur Schubert, a laissé, également, un mauvais souvenir, car on y voyait un divertissement de paysans, de quelques vallées proches de Vienne, représenté avec trop de fantaisie... Ce public, ainsi, est difficile, très susceptible, épris de ses propres formules de spectacle et de divertissement. Il faut lui faire sa cour si l’on veut le gagner. Les débuts du cinéma français avait été magnifiques : L’Eternel Retour, Les Visiteurs du Soir, avaient ravi le public et même la foule, jusque dans les villages. Dans une bourgade de hautemontagne, comme Ischl, on parle encore des Visiteurs du Soir... Il y eut alors une véritable curiosité pour ce qui allait arriver de Paris, dont le prestige, après des années de coupures, était dans tout son éclat. Puis sont venus des films... moins marquants, qui ont déçu ou déplu. La situation du film français reste forte, mais la position doit être défendue, à présent, avec énergie et avec clairvoyance. Le retour à la liberté de la distribution a entraîné, naturellement, l’entrée de films tout à fait secondaires ou médiocres, qui ont abîmé le marché. Il y a une politique de la qualité, dont il ne faudrait pas déroger. D’une façon générale, le public autrichien préfère d’abord les films gais ; s’il se défie terriblement des films à tendance politique ou idéologique, il aime assez, cependant, les films « catholiques » ; enfin, les films criminels l’intéressent « s’ils sont bons ». Louis Jouvet est un acteur très populaire. Doublage On nous reproche assez souvent des synchronisations défectueuses : Monsieur Vincent, par exemple, était mal doublé ; La Belle et la Bête, La Symphonie Pastorale, au contraire, étaient satisfaisants. Les Autrichiens sont butés à refuser les doublages en allemand « du Nord », c’est-à-dire de Hambourg et de Berlin ; ils acceptent l’allemand de Munich, à défaut de celui de Vienne même... Or, un doublage en Autriche, qui coûte 150.000 sh, n’est pas récupérable : il faudrait l’exploiter aussi en Allemagne : ce à quoi les Allemands réagissent avec violence ! Les Américains, qui ont compris, font leurs doublages à Munich avec des acteurs des Théâtres de Bavière et de Vienne. La censure La censure est exercée par les Autrichiens : la Commission, qui dépend du Ministère du Commerce, délivre les permis d’importer. Les films sont ensuite présentés au Bureau compétent de la Ville de Vienne, qui se prononce seulement sur l’admission ou la non-admission des enfants de seize ans. La Commission de sélection, qui siège à Paris, échaudée à diverses reprises, écarte, en fait, au préalable, beaucoup de films... Les associations de Parents, les sociétés confessionnelles, les organisations d’action morale sont très attachée au souci de la protection de la jeunesse. La censure autrichienne prend peu d’initiatives ; elle a agi contre Macadam, qu’on avait sorti pour le Réveillon de Noël (!), et contre Une Nuit à Tabarin, un peu déshabillé. Parfois, des groupes de jeunes gens manifestent contre les films français : ce fut le cas pour Les Mystères de Paris, et même pour Sous les Toits de Paris, et la presse, qui soutient leurs manifestations, accusait le film de René Clair de montrer la vie de Paris comme une perpétuelle débauche ! Ce film, toutefois, a été maintenu. La Commision de censure de Paris, trop prudente peut-être, écarte des films tels que Alice au Pays des -Merveilles, L’Appel du Silence (caricature de la vie à Paris en 1900), Le Diable boiteux, Guillemette Babin, Goupi Mains rouges, Le Carrefour des Enfants perdus ; elle autorise Le Diable au Corps en version originale seulement ; elle demande des suppressions dans Paris 1900... Les concurrents Le film américain, qui a d’abord discuté ses prix, a fait enfin son apparition ; son entrée est à présent massive. Pour une certaine semaine, on comptait, à Vienne : 28 films U. S., 11 français, 9 U.R.S.S., 2 anglais. Les plus forts succès américains ont été, en 1948, Les plus belles Années de notre Vie, Le Bain de Vénus, La Vie de Bernadette, Blanche-Neige, et également la série des films « catholiques » : Les Clés du Royaume, Les Cloches de Sainte-Marie, etc. (en dépit d’un certain anticatholicisme latent). On adore leurs films de pirates, surtout en couleurs ; on admire les déploiements d’action de leurs films d’aventures. Le film des Dolly Sisters reste un beau succès. Le film anglais remporte davantage de succès de critique que de public ; La Madone des sept Lunes a bien tenu l’affiche. Mais la patience est une vertu anglaise, et le film britannique est à présent soutenu par les « grands Korda » d’Amérique en Technicolor... Le Voleur de Bagdad a plu ; Hamlet a été présenté en sous-titré seul. Les films soviétiques n’attirent guère la foule ; on compte parfois cinq ou six personnes dans la salle. Mais le Sov-Export sauve sa position en distribuant les films allemands de la Défa. Signature, dans le bureau de L.P.C., du contrat assurant l’exportation de 30 films français vers l'Egypte. De gauche à droite : M. P. Gérin, directeur de L.P.C., M. Y. Farès, président de la Société Orientale de Cinéma, M. B. Farès, critique d'art. (Cliché L.P.C.) Position du film français : le manque de copies Comme en Allemagne, la position du film français souffre gravement du manque de copies... cette disette dure trop et ses conséquences sont très fâcheuses. Elle cause de sérieux embarras à la distribution, tels que retards, annulations de contrats : les Autrichiens subissent ces difficultés avec impatience, respectant ce qui subsiste encore du régime d’occupation ; mais Paris devra savoir que l’éventualité d’un Traité de Paix rendra aux Autrichiens, dans de tels cas, leur entière indépendance et leur liberté d’action, même judiciaire ! Quelques chiffres de recettes, en un mois, fixeront l’échelle du succès : Monte-Cristo : 660.000 shillings, Fièvres : 262.000, Premier Rendez-Vous : 74.700, Dernier Atout : 290.000, Narcisse : 161.000, Martin Rouviagnac : 170.000. Ces indications ne peuvent donner qu’un « ordre de grandeur », car les films n’ont pas tous le même « âge d'exploitation », et surtout la monnaie autrichienne ne peut être transférée. Accueil fait à nos films Le chef d’une importante maison de distribution commente ainsi l’accueil fait à quelques-uns de nos films, non en tant que films, mais du point de vue de leur « valeur politique ». Café du Cadran et Le Collier de la Reine reposent sur des sujets « trop français » ; Ruy Blas a assez plu ; Panique a été jugé trop pessimiste et pénible ; Les Enfants du Paradis, admiré pour le jeu des acteurs et la technique, n’a pu être suivi dans son dialogue : ce film est trop nettement destiné à un public français. Casanova, lui aussi a souffert de son dialogue trop français. La Symphonie Fantastique a été combattu pour le personnage de l’imprésario Clésinger... qu’on a cru chargé d'intentions antisémites ! Au Petit Bonheur, Sylvie et le Fantôme sont des sujets « trop français ». Narcisse, Carmen ont bien marché, mais sans excès. Le Quai des Orfèvres et La Symphonie pastorale ont été de nets succès, mais Narcisse a plus produit que les deux ensemble... On rêve d’un film en couleurs sur Paris ! Une autre grosse société de distribution a connu également des « accueils divers » pour ses films français importés : ont donné, par exemple, de bons résultats : Battement de Cœur, La Cage aux Rossignols, La Kermesse Héroïque ; mais L’Homme au Chapeau rond, L’Empreinte du Dieu, Pension Mimosa, ont souffert du reproche de « tris