La Cinématographie Française (1949)

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48 LA CINEMATOGRAPHIE nxzixiinximTiiixiixxiixxxiixxiiiurfx FRANÇAISE SUCCÈS FRANÇAIS A VENISE Notre production a affirmé sa valeur et sa diversité La Xe Biennale de Venise a consacré le succès de la France. Au fur et à mesure que nos films paraissaient, l’opinion se renforçait que la production française dominait le Festival. Non seulement Manon a remporté le Grand Prix et Jacques Tati a reçu pour Jour de Fête le Prix du Meilleur scénario, mais on peut dire aussi que notre cinéma a affirmé brillamment sa variété et la diversité de son inspiration, depuis le réalisme « noir » de Manon et le réalisme « lyrique » du Royaume des deux, jusqu’à la fantaisie plaisante de Jour de Fête, au romanesque sentimental d 'Aux Yeux du Souvenir et au mysticisme du Sorcier du Ciel. Notre sélection, on le voit clairement, comportait plusieurs films appartenant à la catégorie des « films commerciaux » ; ils se sont cependant imposés par la valeur de leur mise en scène, la perfection de leur interprétation, le soin de la réalisation qui, au delà de la simple réussite technique, atteint la qualité artistique. L’ITALIE SUIVAIT DE PRES. — Cet équilibre des qualités, qui relève le niveau moyen d’un choix, était moins marqué dans les autres sélections nationales. C’est évidemment l’Italie qui nous suivait de plus près ; mais on ne retiendra que Le Moulin du Pô, de Latiuada, Le Pacte avec le Diable, de Chiarini et Le Ciel sur la Palude, de Genina. Le premier comporte nombre de passages d’une vaste ampleur et qui sont d’admirables prouesses de mise en scène, dans de superbes paysages il déroule une action à la fois paysanne et sociale parfois intense. Le Pacte avec le Diable s’attarde un peu trop, par moments, sur le pittoresque extraordinaire des paysages des Abruzzes qu’il nous révèle, et l’on entrevoit aussi que Luigi Chiarini a été un peu gêné par le caractère hétérogène de sa distribution que dominait la présence d’une vedette aussi « consacrée » que Mlle Isa Miranda... Le Ciel sur la Palude, de Genina, qui relate la vie d’enfant de la petite sainte Maria Goretti, a été traité par' ce vétéran, plein d’expérience et d’habileté, avec une finesse, un tact, une délicatesse remarquables. Le prix de Mise en scène qui lui a été attribué est la juste récompense de cette réussite. Ce prix, on le sait, est, par tradition, le second en importance du Palmarès de Venise. L’ANGLETERRE. — L’Angleterre n’a pas retrouvé cette année l’éclat exceptionnel qu’avait apporté à la Biennale 1948 Hamlet, Olivier Twist, sans excepter Fallen Idol. Son envoi le plus original, le plus marquant, fut Bons Cœurs, Riches Diadèmes ( Minds harts and Coronets) , de Rob. Hamer, où l'humour anglais le plus acéré éclaire une folle histoire de meurtres successifs, soutenue par un prodige d’interprétation d’Alec Guinees dans neuf personnages ! Scott de l’ Antarctique (Charles Frend)., Les Derniers Jours de Dolwyn (Emlyn Williams) ont été parmi les bons films du Festival. On vit aussi Blue Lagoon (Frank Launder) et L’Insaisissable Pimpernel (Michael Powells et H. Pressburger) qui n’ont pu triompher ni devant le public ni devant les amateurs de cinéma, des abus d’un Technicolor excessif. Blue Lagoon est une histoire, un peu naïve, des Mers du Sud et Pimpernel est une aventure assez improbable du temps de la Terreur en France. (Largement tournée au Mont-Saint-Michel, ce film, toutefois, servira notre Tourisme !) . L’AMERIQUE. — Le choix américain était indifférent, comme à l’ordinaire, au point de vue « Festival » ; mais heureusement, à l’envoi du M.P.A.A. vint s’ajouter Le Portrait de Jenny, de William Dieterle, avec Jennifer Jones : ouvrage de grande ambition, qui plonge une aventure d’amour dans une saisissante ambiance de mystère et de fantastique, avec d'extraordinaires passages de grande mise en scène. Le film ne pouvait passer inaperçu : il figure au Palmarès avec le prix d’interprétation masculine pour Joseph Cotten (curieux!). Vint également s’ajouter à la liste américaine le fameux « film du Petit Nègre » : The Quiet One, de Sydney Meyer (.L’Enfant Paisible ou L’Enfant Solitaire) qii’on avait vu déjà au Festival belge Le Centre de Documentation français à la Biennale de Venise 1949. de Knokke et qui à Venise alla aux nues. Ce film, cumulant le double caractère non-commercial et non-professionnel eut, au Jury, jusqu’au bout, des partisans pour le Grand Prix (et peutêtre, en effet, c’eut été une manifestation de juste courage et d’audace clairvoyante que de donner le Lion de Venise à cette œuvre exceptionnelle, comme Venise avait su le faire, naguère, pour L’Homme d’Aran, de Flaherty). Nul doute que le Cinéma américain eut obtenu des résultats meilleurs au Palmarès s’il eut envoyé, par exemple, pour le représenter We where strangers, de John Huston ou l’un des deux récents John Ford : Elle portait un Ruban Jaune ou Thres Godfathers. Mentionnons encore le film canadien Un Homme et son Passé (Leguryadel) , qui conte une histoire paysanne assez naïve avec beaucoup de conviction ; et le film mexicain La Malquerida (Le Mal Aimé), d’Emilio Fernandez, qùi méritait beaucoup mieux que le sempiternel prix de Photographie qui lui fut une fois de plus décerné ! Les films allemands furent, enfin, une des surprises heureuses du Festival : La Pomme est mûre (H. Kautner) et Berliner Ballade (Stemmle) ; l’un et l’autre sont des témoignages sur l’Aliemagne contemporaine, ses misères et ses espoirs ; le thème est traité par l’humour. Tous deux offrent une note assez corsée de sensualité et même d’érotisme, qui était une des marques du Cinéma allemand d'avant la guerre. Profondeurs Mystérieuses, de Pabst (Autriche) , illustre à sa façon, lyrique et symbolique, le même thème de la résurrection de l’Allemagne. * * * EFFACEMENT DE LA FRANCE AUX SECTIONS DOCUMENTAIRES. — Chaque grand film était accompagné d’un documentaire : c’est le film belge L’Equateur aux Cent Visages (Cauvin) qui a remporté le Grand Prix ; cet important reportage de voyage montre plusieurs aspects jamais vus. Houles Célestes (Martin Rickli, Suisse) qui enregistre à l’accéléré des formations de nuages en haute montagne, très original et, par essence, très « cinéma », s’imposait également à l’attention : il remporta un des quatre prix internationaux des Courts Sujets. Les choix de la France, assez incertains et très inégaux, n’ont pas permis, cette année, de rapporter les récompenses auxquelles nos réalisateurs de documentaires sont habitués. Il eut fallu mieux connaître les conditions et l’esprit de la compétition vénitienne : Seul, au grand Jury, 1848, de Mme Mercanton, gagne un des quatre prix internationaux. L’échec est plus grave aux Sections spéciales, où seul le film médico-chirurgical de Jacques Lemoine et Schiltz, La Maladie de Parkinson — en effet magistral — a remporté le premier prix de la Section Médecine. Très important aussi était le Festival du Film pour enfants, auquel Venise avait donné une ampleur et un retentissement considérables : là, également, les choix français ont été assez insuffisants ; toutefois, le film Zanzabelle à Paris, de Mme Sonika Bô et Starevitch, en poupées animées, a reçu le prix de la catégorie 7 à 11 ans. TROP DE FILMS ! — Ajoutons que ces deux manifestations annexes : Sections spéciales et Films pour enfants, constituaient chacune un véritable Festival. Mais le nombre des films inscrits était beaucoup trop considérable, et les séances qui leur étaient consacrées empiétaient sur les horaires de la Biennale elle-même. Le nombre des films aurait gagné à être réduit. ABANDON DES RETROSPECTIVES. — Egalement l’absence, cette année, dans les programmes, des films de cinémathèque, des séances rétrospectives, des rappels d’époques antérieures, a été une faiblesse. En même temps que Profondeurs Mystérieures, de Pabst, il eut fallu projeter un ancien Pabst ; et, de même, avec La Pomme est mûre, de Kautner, il fallait rappeler La Paloma ou Grande Liberté N° 13. L’ACCUEIL. — On signalera d’un mot la générosité et l’extrême bonne grâce de l’accueil fait aux artistes et aux metteurs en scène français, aux Officiels (au sens le plus étendu), aux journalistes (qui dépassèrent le chiffre de quarante) . BUREAU FRANÇAIS DE DOCUMENTATION. ■ — Pour ce qui concerne spécialement la représentation française, signalons que le Comptoir de propagande des films français, installé dans un local voisin du Palais du Festival, abritant également le Service de Presse, a été très actif et fort achalandé. Le stand, très en vue et bien disposé, a distribué une documentation concernant non seulement les cinq films inscrits au programme, mais une cinquantaine de films récents. L’approvisionnement en brochures, photos, notices, résumés, scénarios, était assez satisfaisant. Pour ce qui concerne les photos, par exemple, précisons que Mlle Lachaud, secrétaire de la Confédération, a distribué 800 photos de Jour de Fête, 300 de Manon, 500 des Yeux du Souvenir. Par contre, lorsque les 72 photos du Royaume des deux furent épuisées, nul crédit n’était disponible pour faire procéder sur place à un tirage supplémentaire de contre-types. De même, lorsqu’on apprit que Mlle Suzanne Cloutier, venue à Venise avec Duvivier pour la présentation du Royaume des deux, avait été engagée soudain par Orson Welles pour tenir auprès de lui le rôle de Desdémone dans son Othello, nul crédit, non plus, ne se trouva disponible pour donner à cette nouvelle sensationnelle la publicité qu’elle méritait. De grands progrès ont été faits, certes ; il en reste encore à accomplir. Unifrance-Films devra y songer. — Pierre Michaut.