La Cinématographie Française (1949)

53 LA rxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxrxxsxzxxxxxxxxxx CINEMATOGRAPHIE FRANÇAISE LA PRODUCTION FRANÇAISE du 3e trimestre 1949 par Pierre ROBIN. Fortement soutenue par la Loi d’Aide mise en application au début de la saison, la Production cinématographique poursuit son essor. Après les 47 longs métrages réalisés au cours du premier semestre 1949, ce sont aujourd'hui 33 films dont le tournage s’achève, se poursuit ou commence, tous ayant été mis en chantier entre le 1er juillet et le 30 septembre. La Production 1949 totalise donc, à la fin du troisième trimestre, 80 li ras (1) alors que l’année dernière à cette même époque, elle n'en comptait que 79. La différence apparaît minime, sans doute, mais elle est, en fait, importante eu égard aux nombreuses difficultés auxquelles se heurtent toujours les producteurs, les distr buteurs, les techniciens, en bref tous ceux dont le métier est de faire vivre, chez nous, notre industrie. Le problème crucial demeure toujours celui de l’exportation. Il est d’ailleurs commun à de nombreux pays. A ceux d’Europe en particulier. Tous ont à lutter contre la concurrence des pays grands producteurs et, seuls, ils peuvent difficilement vaincre. Aussi, à l'occasion du Festival de Cannes qui s’est tenu en septembre dernier, des producteurs représentant les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hollande, Italie, Norvège, Suède, Suisse, etc., se sont réunis afin de jeter les bases d'une Fédération Internationale des Producteurs qui donnera une assise juridique à la production cinématographique, étudiera les problèmes du financement de films européens, la « création » de vedettes européennes, etc. Un comité provisoire élabore un projet de statuts, à l’heure actuelle, statuts qui seront bientôt soumis à une assemblée générale. Enfin, dans le domaine de fa pro (1) Nous ne tenons pas compte, ici, du film du Jean Delannoy Dieu a besoin des Hommes dont les prises de -vues « documentaires » ont été réalisées en septembre dans l’attente du tournage réel en mars 1950. pagande du Cinéma français à l'étranger, il faut mentionner la création récente d'Uni France Film, organisme chargé de faire mieux connaître nos films hors de nos frontières, pouvant aussi tenir le rôle d’expert technique en matière d'exportation. La production du troisième trimestre 1949 se présente ainsi : 20 comédies, 8 drames, 3 comédies dramatiques et 2 films documentaires rétrospectifs de long métrage. 17 scénarii originaux, 8 adaptations de romans et 8 de pièces. La caractéristique de cette production est l’heureuse abondance de comédies, provoquée par un désir de distraction apparent dans l’ensemble du public. Parmi les plus notables réalisations de ce genre, nous citerons : Miquette et sa Mère, d’après la célèbre pièce de Fiers et Caillavet, adaptation et réalisation de H. -G. Clouzot qui veut ainsi marquer sa volonté de n’être pas spécialisé dans le genre » noir » où semblaient le cantonner ses oeuvres précédentes : Le Corbeau, Quai des Orfèvres et Manon. Les principaux interprètes de son nouveau film sent Louis Jouvet, Bourvil, Saturnin Fabre. Danielle Delorme, Mireille Perrey, etc. La Valse de Paris, de Marcel Achard, avec le couple prestigieux Yvonne Printemps et Pierre Fresnay réincarnant cet autre couple prestigieux de jadis : Hortense Schneider et Offenbach. Millionnaires d'un Jour, réalisation d’André Hunebelle (Métier de Fous, Mission à Tanger), film à sketches rehaussé d'une éblouissante distribution, dont Pierre Brasseur, Gaby Morlay, Ginette Leclerc, Pierre Larquey, Bernard Lajlarrige, Jean Brochard, Jacques Baumer, Gabriello, etc. Pas de Week-end pour notre Amour, une comédie musicale pleine de fantaisie, de Pierre Montazel (Croisière pour l’Inconnu, Je n'aime que toi), avec Luis Mariano, Maria Mauban, Denise Grey, Jules Berry, Bernard Lajarrige et Anne Laurens. ■ * * * Bien qu'inférieur en nombre par rapport aux comédies (si l’on tient pour vrai le principe : la qualité nait de la quantité), les films dramatiques tournés au cours de ce trimestre s'annoncent comme des œuvres de grand intérêt. La Marie du Port marque le retour dans nos studios de Marcel Carné et de Jean Gabin. Le scénario de ce film est adapté d’un roman de Georges Simenon et les autres interprètes sont Blanchette Brunoy, Nicole Courcel (révélation de Rendez-vous de Juillet), Carette, Jane Marken, Louis Seigner et un nouveau venu. Claude Romain. Le Jugement de Dieu est une adaptation d une vieille légende médiévale et rhénane que Raymond Bernard met en scène avec le concours artistique de Pierre Renoir, Gabrielle Dorziat, Andrée Debar, etc. Orphée, sujet classique et mythologique servit, il y a quelques années, de thème à Jean Cocteau pour l'une de ses premières pièces dont l’action se déroulait à notre époque. L’auteur de L'Eternel Retour et des Parents Terribles porte aujourd’hui son œuvre à l’écran et les principaux rôles sont confiés à Jean Marais, Maria Casarès, Marie Déa et François Périer. Les Conquérants solitaires expose la situation des Blancs vivant auprès des Noirs, auxquels ils enseignent les méthodes modernes de l'utilisation des richesses forestières de l’Afrique. Ce sujet documentaire auquel s’ajoute une histoire sentimentale et psychologique est mis en images par Claude Vermorel avec Claire Mafféi (Antoine et Antoinette), Alain Cuny et Raymond Cordy. , * * * Les deux films d'aspect documentaire et rétrospectif dont il est fait mention plus haut ont tous deux pour thème : la première moitié du vingtième siècle. Ce Siècle a 50 Ans, de Denise Tuai, fait le point des activités politiques, sociales et artistiques de ce demisiècle en s’aidant d’extraits de films d’actualités et documentaires et d’impressions de littérateurs célèbres rapportées de l’époque où ils eurent vingt ans. Marcel Achard, J. -G. Auriol, Jean Cocteau, Jean Masson et Pierre Fresnay et Yvonne Printemps sont les principaux interprètes de LA VALSE DE PARIS. (Cliché Lux Film.)