La Cinématographie Française (1949)

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56 LA CINEMATOGRAPHIE FRANÇAISE RENÉ CLAIR tourne à Rome une superproduction LA BEAUTÉ DU DIABLE avec MICHEL SIMON, GÉRARD PHILIPE ET NICOLE BESNARD Rome, septembre 1949. — Pour éviter l’inconvénient des coupures de courant — la sécheresse est catastrophique en Italie — René Clair tourne la nuit soit dans les studios de Cinécitta, soit dans le. vaste et magnifique décor construit par Léon Barsacq sur le terrain libre voisin. Gérard Philipe dans LA BEAUTE DU DIABLE, film de René Clair, produit par Salvo d’Angelo pour FrancoLondon-Film-Universalia Prod. Dist. en France : Réalisations d’Art Cinématographique. Ce décor évoque la place San Ignatio à Rome, avec ses façades monumentales, une auberge, deux rues adjacentes qui s’enfoncent vers des lointains en perspectives réduites ; une fontaine jaillit au milieu. La Beauté du Diable, c’est l’histoire de Faust et de Marguerite : le rêve de l’amour et de la jeunesse éternelle. L’époque choisie est celle à peu près de Goethe : environ 1830. Mais le récit sera transposé, rajeuni, par l’esprit de libre fantaisie et de poésie spontanée de René Clair. Cette nuit-là, assis à côté de Michel Kelber, « Directeur de l’Image », on tournait une scène devant l’auberge : Faust arrivait à temps, muni d’une bourse pleine, pour libérer ses compagnons, que l’hôtelier ne voulait pas laisser partir avant d’avoir réglé la note. Gérard Philipe surgit devant la caméra et court vers le fond du décor en criant la bonne nouvelle ; l’aubergiste, laissant tomber les bras, acquiesce, et la bande joyeuse sort du champ en chantant et dansant. René Clair conduit le travail avec son habituelle méthode de minutie, de calme et de patience ; c’est en italien qu’il commande : Pronti pour prêt ! et Via pour partez ... Deux heures se sont ainsi écoulées. On passe à la séquence suivante, qui sera très brève. Une partie reculée du décor représente une façade de palais à demi ruiné, avec des colonnes et des arcades écroulées. Deux roulottes de bohémiens sont arrêtées ; sur une botte de paille est assise la petite Gianna Morelli, vêtue en gitane, 17 ans, charmante, avec de ravissantes épaules découvertes. Elle est la doublure de Nicole Besnard ; sur elle on règle les lumières, calcule les distances, étudie le jeu de scène. Car, dans cette version de Faust, Marguerite sera une gitane. Quand tout est prêt, Nicole Besnard arrive de sa loge, en voiture, parée, maquillée, habillée. Discrète, la petite Gianna cède la place à Nicole. René Clair lui explique le jeu de scène, le lui fait répéter. Ce sera la première rencontre de Marguerite et de Faust : voyant le beau jeune homme, frappée du coup de foudre, elle le suit des yeux quand il passe, et demeure frappée d’étonnement, tandis que le chien des bohémiens, flairant quelque odeur d’enfer, soudain aboie furieusement. Ce sera le plus difficile : le chien, qui s’appelle Tombolo, n’a pas très bien compris son rôle. Il remue, se lève, tire sur sa corde, aboie à tort et à travers. René Clair, avec patience, comprend assez vite la psychologie de Tombolo. Il demande au patron du bon chien de se dissimuler ; il faudra aussi que l'homme à la claquette ne se montre pas. Le chien, ainsi, reste paisible. A la fin seulement, René Clair agite vivement ' les bras et crie : « Tombolo ! Tombolo ! ». Le chien, alors, s’élance et aboie furieusement. Parfait. C’est parfait ! On tourne deux fois, trois fois. Tombolo est tout à fait au point. On risque même le son. Ça, c’est moins sûr. Enfin, on verra. Gérard Philipe, démaquillé et ayant quitté son costume, revient voir tourner Nicole Besnard. Hier, il a tourné, en studio, une scène étonnante, où sa physionomie, par une transformation remarquable, se métamorphosait en une imitation de celle de Michel Simon... Méphisto, Salvo d’Angelo et René Clair lors du tournage de LA BEAUTE DU DIABLE. Prod. : Salvo d’Angelo pour FrancoLondon-Film-Universalia Prod. Dist. en France : Réalisations d’Art Cinématographique. en effet, habite l’âme et le corps de son prisonnier... Et au début du film Michel Simon incarne à la fois Faust vieux et Méphisto. Ajoutons les noms de Simone Valère (la Princesse), de Raymond Cordy ( Antoine). On libère Tombolo ; c’est tout pour ce soir. Il ne reste plus qu’à demander à René Clair quelques impressions sur ce Faust, sur Rome... Il est tout particulièrement ravi de ses interprètes italiens, ce sont, en effet, deux des plus éminents artistes de la Péninsule : Paolo Stoppa (le Procureur) Nicole Besnard, la nouvelle découverte de René Clair, dans LA BEAUTE DU DIABLE. Prod. : Salvo d’Angelo pour Franco-London-Film-Universalia Prod. Dist. en France : Réalisations d’Art Cinématographique. qui est l’âme du « jeune théâtre » italien ; Carlo Ninchi (le Prince) est une vedette consacrée. — Et les projets ? — Oh ! je n’ai pas de projets, répond-il. Ce film, d’ailleurs, ne sortira pas avant février 1950. Une fois fini, il faudra préparer la version française. Et puis je terminerai mon livre : des souvenirs professionnels et une autobiographie à la fois. Je me rendrai sans doute aux Etats-Unis, pour régler quelques affaires. Mais je ne tournerai pas avant 1951... Le film, on le sait, est une co-production italo-française aux termes des derniers arrangements entre Paris et Rome. Se sont associées la FrancoLondon-Films pour la France et l’Universalia pour l’Italie. C’est la formule qu’a adopté M. Salvo d’Angelo après les récentes transformations de l’Universalia et sa participation est soutenue par l’E.N.I.C., qui est la société d’exploitation du circuit d'Etat italien. P. M. FICHE TECHNIQUE LA BEAUTÉ MU DIABLIi) Titre : LA BEAUTE DU DIABLE. Prod. : SALVO D’ANGELO pour FRANCO-LONDON-FILM UNIVERSALIA PROD. Dist. : R.A.C. Vente à l’étranger : FRANCO-LONDON-FILM-EXPORT. Réal. : René Clair. Assistant-Réal. : Michel Boisrond. Auteurs : Sujet de R. Clair, découpage et dial, de R. Clair et Armand Salacrou. Chef-Opérateur : Michel Kelber. Opérateur : M. Damicelli. Décors : Léon Barsacq. Assistants-Décorateurs : F. Lolli et A. Tomassini. Conseiller artistique : V. Colasanti. Dir. de Prod. : A. Fattori. Montage : Cuenet. Photographe : Sam Levin. Script-Girl : A. Attili. Régie générale : Fattori. Costumes : Mayo. Chef-Opérateur du Son : Robert Biart. Assistant du Son : Brunacci. Enregistrement : R.C.A. Studios : Ciné-Citta à Rome. Extérieurs : Château de Caserte. Commencé le : 20 juillet 1949. Interprètes : Michel Simon, Gérard Philipe, Nicole Besnard, Simone Valère, Raymond Cordy, Carlo Nini chi, Paolo Stoppa, Gaston Modot. Sujet (genre) : La légende de Faust. Cadre-époque : XIXe siècle. Résumé du scénario. — Henri Faust (M. Simon), professeur éminent, cède son âme au diable afin de connaître la Vie et l’Amour. C’est ainsi qu’il revêt les apparences du jeune étudiant Henri (G. Philipe) dont l’amour est éveillé par Marguerite (N. Besnard). Accusé du meurtre du professeur Faust, Henri est sauvé et l'envoyé de Lucifer, Méphisto, lui apprend à fabriquer de l’or avec du sable, mais l’oblige à signer un pacte avec Lucifer. Marguerite montre ce pacte à la foule qui l’a condamnée à mort pour sorcellerie. Devant la fureur populaire, Méphisto invoque le nom de Lucifer et disparaît. Henri et Marguerite regardent le ciel. N’est-ce pas làhaut que l’amour humain devient immortel ? LE PAIN DES PAUVRES interprété par Pietro Lulli et Folco Lulli. (Prod. : Pathé-Italia-I.C.I. Dist. : Pathé-Consortium-Cinéma.)