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ont eu aussitôt des licences pour fonder leurs sociétés de production et de distribution.
De nombreuses productions de films furent mises en chantier aussi bien à Munich qu’à Wiesbaden et à Hambourg et cinquante sociétés de distribution se sont créées. ,
Les autorités américaines et britanniques, afin de permettre à ces distributeurs allemands indépendants de vivre, leur ont réparti des vieux films allemands, lesquels, il faut bien le reconnaître, ont encore aujourd’hui plus de succès que les films allemands nouveaux. De cette manière, près de trois cents films allemands anciens ont été jetés sur le marché.
Bref, en un an, depuis la réforme monétaire, le Cinéma allemand de la trizone occidentale a produit plus de soixante films allemands nouveaux. 40 films ont été importés d’Autriche, et 300 films ont été importés des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.
Les directeurs (des cinémas allemands fort embarrassés, il y a un an, ont tout à coup un choix de 400 films nouveaux, sans compter les 5.000 copies de films allemands anciens remis en circulation.
De ce fait, la concurrence est devenue très sérieuse et les recettes des films, qui furent particulièrement brillantes, deviennent des plus faibles.
Toutes les données économiques valables il y a un an, sont anéanties.
Il convient de reprendre les chiffres de 1932 pour pouvoir établir des comparaisons saines. Encore faut-il tenir compte des difficultés incalculables découlant de la réforme monétaire qui a réduit les avoirs de 93,5 pour cent.
Les 6,5 pour cent des avoirs qui restèrent aux Allemands après cette réforme ne suffirent même pas pour payer les salaires de juin 1948 et les crédits consentis depuis par les banques ont été investis dans les briques. Dans ce pays, le Plan Marshall prend évidemment toute sa signification, car tout le monde se voit contraint de travailler au-dessous du zéro.
Les recettes des films évaluées l’an passé à un million de marks, voire pour certains films exceptionnels à • deux millions de marks, Se stabilisent en moyenne de 300.000 à 400.000 marks pour les bons films étrangers moyens ; à 800.000 marks pour les films étrangers exceptionnels ; à un million de marks pour un film allemand nouveau.
La majorité des films étrangers doublés atteint difficilement les 300.000 marks.
Nombreux seront les films qui n’atteindront pas le montant investi pour le doublage et les copies.
Les films étrangers réalisant plus d'un million de marks doivent être classés parmi les films exceptionnels, tels : La Chanson de Bernadette, Le Sonneur de Notre-Dame, Chicago, Les plus belles années de notre Vie, Monte-Cristo, Carmen, Narcisse, Fabiola.
LA PRODUCTION ALLEMANDE
Plus de cinquante films allemands nouveaux ont été réalisés de juin 1948 à juillet 1949.
Nous publierons prochainement la liste de ces films. Ils ont été produits dans les différents studios situés dans les quatre zones.
La D.E.F.A. tourne à Berlin, à Johannisthal et Neubabelsberg (anciens studios U.F.A.). Cette société sous contrôle soviétique réalise le plus grand nombre de films et, il faut bien le dire, certains films de qualité.
La C.C.C. tourne aux studios Althof à Berlin (secteur britannique), d’autres à Tempelhof à Berlin (secteur américain).
Munich est devenu le grand centre de la production allemande occidentale. Cependant, chose surprenante, à ce jour, aucun film de qualité n’est sorti des studios Bovaria-Geiselgasteig.
D’autres sociétés tournent à Hambourg possédant un studio miniature, mais où le producteur Koppel tourne neuf films de qualité très honnête.
D’autres tournent à Gôttingen, d’autres avec
des moyens de fortune. A Hambourg, l’ex-directeur de la Tobis, M. Mainz, envisage la construction de grands studios. Depuis trois ans, M. Mainz, hanté par l’idée de refaire l’ancien trust, est à la recherche de sept millions de marks.
Enfin, la production a également débuté à Wiesbaden, dans un ancien manège, fort bien aménagé en plateau de prise de vues.
De juillet 1949 à juin 1950, la production allemande annonce la réalisation de quatre-vingt films nouveaux.
La production d’un film allemand coûte, en général, de 1 million à 1.300.000 marks et les distributeurs allemands ont beaucoup de peine à amortir les investissements faits. Les amortissements ne sont possibles que grâce aux échanges faits avec la zone soviétique et l’Autriche.
L’ORGANISATION PROFESSIONNELLE DU CINÉMA ALLEMAND
Depuis le 1er août, le Cinéma allemand dispose d'une organisation professionnelle purement allemande : la Selbst Kontrolle, assurant la censure des films. Le professeur Geiler, ancien ministre de la Hesse, en est le président. Le Cinéma allemand entend se diriger et se gouverner lui-même. Ce Comité supérieur de la Censure est composé de 29 membres, dont 14 représentant les Lânder et 15 autres sont des personnalités f nommées par les membres de la profession.
Il existe un Comité supérieur d’appel.
Cet organisme s’est créé des moyens d’existence en prélevant 50 pfennig (40 francs) par mètre de film censuré.
Ce Comité de Censure s’est fait remarquer récemment par l’interdiction prononcée contre le grand film britannique : Les Quatre Plumes Blanches, film en couleurs de Korda. Le film a été interdit sous prétexte qu’il magnifie l’œuvre impérialiste britannique. Le Comité d’appel a confirmé cette interdiction. Ce même film a été interdit, sous un prétexte identique, par la Censure de la Sarre.
Parallèlement à la « Selbstkontrolle » et en liaison étroite, les représentants des syndicats de producteurs de films, ainsi que des syndicats des distributeurs et de directeurs de salles se sont groupés dans un organe professionnel appelé Filmausschuss. C’est cet organisme professionnel qui prend toutes les décisions importantes concernant la profession : c’est lui qui répartit les matières premières, sollicite les crédits, discute les importations et les exportations.
Déjà, il entreprend une campagne — surtout en ce qui concerne les représentants du Syndicat des producteurs — pour obtenir une restriction à l’importation des films étrangers.
M. Mainz, ex-directeur de la Tobis, a demandé que chaque doublage soit frappé d’une taxe de 100.000 marks (8.300.000 francs), ce qui diminuerait évidemment les importations.
Patricia Roc et Agnès Moorhead dans BLACK JACK que Julien Duvivier tourne actuellement aux Baléares d’après un scénario de Charles Spaak.
(Cliché Alsa Films.)
L’EXPLOITATION EN ALLEMAGNE :
5.930 SALLES STANDARD
Il convient de signaler la prodigieuse reprise de l’exploitation cinématographique, la construction des salles nouvelles se poursuit à un rythme accéléré. A l’heure actuelle, la trizone occidentale compte 3.800 salles, alors que la zone soviétique en compte 1.900.
Des salles confortables ont enfin été construites à Francfort, Hambourg, Hanovre, Essen, Dusseldorf, Munich, Stuttgart, Mayence, Cologne, etc.
L’augmentation du nombre des salles est également une des causes essentielles de la baisse des recettes des films. Les spectateurs s’éparpillent, car leur nombre n’a guère augmenté. A Berlin, il existe à l’heure actuelle 230 salles de cinéma dont 150 salles en secteurs occidentaux et 80 en secteur soviétique.
Si, avant-guerre, Berlin comptait un nombre plus important de cinémas, il faut signaler cependant que le nombre des fauteuils, actuellement disponibles est supérieur à celui d’avantguerre, les nouvelles salles construites étant plus grandes que les anciennes salles détruites.
Sur les 5.930 salles existantes, il faut admettre que plus de 2.000 salles ont été reconstruites.
LES FILMS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE
Plus de quatre-vingt films français ont été doublés en langue allemande. La I.F.A., elle seule, en a doublé soixante-dix. Althoff, Schorcht W. Schmidt et Prisma en ont doublé une douzaine.
Les belles possibilités du film français, en Allemagne, ont été de courte durée. L’arrivée de nombreux films américains à caractère très populaire, la reprise des films allemands anciens ont créé une concurrence telle que seuls les meilleurs films français ont encore une certaine chance de diffusion.
A Berlin et à Hambourg, cependant, le film français se trouve en excellente position. Dans ces villes, le film français est présenté en exclusivité en version sous-titrée.
Mais dès que le film français aborde la clientèle des premières sorties, le public allemand déclare ne plus le comprendre. En outre, le public allemand rejette tout film à caractère psychologique ainsi que les films à fin mélancolique.
Il faut donc s attendre à des carrières brillantes mais très limitées pour certains de nos films. Seuls des films à caractère populaire, tels Monte-Cristo, Carmen, Narcisse, Fabiola, Le Roi des Resquilleurs peuvent s’adresser au grand public allemand.
Suivent ensuite des films tels Monsieur Vincent, Symphonie Pastorale, L’Idiot, dont la carrière déjà s arrête soit dans certaines régions, soit aux villes de moins de 50.000 habitants.
Les films policiers tels Dernier Atout, Alibi, etc., font une carrière populaire.
Il faut s'attendre à ce que les recettes de nombreux films français n’atteignent pas le montant des frais investis dans le doublage, la publicité et les copies.
A l’avenir, il n’y aura de la place en Allemagne que pour dix à vingt films français par an, parmi lesquels figureront à la fois les films les plus artistiques dont l’exploitation sera limitée à une clientèle d’élite, et les films les plus populaires dont l'exploitation pourra se faire en profondeur.
A 1 heure actuelle, certains films français comptant parmi les meilleurs réalisent à peine 5.000 marks, avec dix à quinze sorties. Souvent, ces films doivent être enlevés de l'affiche le deuxième ou le troisième jour.
Pour habituer le public allemand au film français, un travail patient et suivi sera nécessaire, à moins que les producteurs français se mettent à réaliser des films vivants, des films d’aventures, des films optimistes.