La Cinématographie Française (1950)

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r7, XXXXXXXXXXXXXlXXXllllXXXXXXX3 LA CiNÉMATOGRAPHÎE FRANÇAÎSE Jj^ CXXXXXXXXXXXXXXXXTX^YTTYXXYXXX: LA PROFESSION MAINTIENT SON OPPOSITION A LA NOUVELLE COMMISSION DE CENSURE Monsieur le Ministre d'Etat chargé de l’Information 34, avenue de Friedland, Paris Monsieur le Ministre, Nous avons communiqué votre lettre du 9 mai 1950 à nos organisations respectives et avons l’honneur de vous soumettre les observations suivantes : Nous savions bien que l’ordonnance du 3 juillet 1945 et le décret de même date n’avaient nullement spécifié que les membres non-fonctionnaires de la Commission de Contrôle des films dussent obligatoirement être des représentants de la profession. En effet, le dernier paragraphe de la première page de la lettre que nous avons adressée le 3 mai 1950 établit une discrimination entre, d’une part, « les syndicats de la profession » et, d’autre part, « l’organisation des ciné-clubs et l’association de la critique ». Mais ce qu’on ne saurait mettre en doute, c’est l’intention formelle des auteurs du décret du 3 juillet 1945 de s'adresser, pour siéger en parité avec les membres fonctionnaires, à des catégories faisant partie intégrante de la profession proprement dite, soit exerçant des activités d’un objet purement cinématographique — tels que les ciné-clubs et la critique. Une telle répartition résultait non d’une initiative personnelle du Ministre de l’Information qui occupait à l’époque votre fauteuil, mais d’un examen de la question et de discussions entre les services ministériels et l’ensemble de notre profession. Malgré notre opposition unanime au principe même de la censure, nous avons accepté de participer aux travaux pour les raisons que nous avons précédemment indiquées. Le fait que la fraction des non-fonctionnaires de cette commission serait constituée en nombre égal par des spécialistes du cinéma — condition de notre acceptation — nous rassurait dans une certaine mesure. Par la suite, quand, à l’occasion d’un changement de Ministère, on jugea bon de partager le Cinéma entre le Ministre de l’Information et celui de l'Industrie et du Commerce, ce dernier désira se voir représenté à la Commission. Mais, l’équilibre de la représentation se trouvant rompu, votre prédécesseur décida, afin de le rétablir, qu’un représentant de la profession, en l’occurrence celui du Syndicat Français de l'Exportation, siégerait de plein droit parmi nous. La Commission a donc continué à fonctionner avec huit représentants des Ministères et huit de la profession, sans soulever d’observations, quant à la régularité des votes, ni de la part des Ministres, ni de celle de nos Syndicats. Pour vous convaincre que le principe d’une représentation non-fonctionnaire, à égalité de voix et exclusivement cinématographique, fut jusqu’ici admis sans contestation, nous vous prions de bien vouloir vous reporter à la correspondance capitale échangée dans le courant de l'année 1948 entre la Présidence du Conseil et la Confédération Nationale du Cinéma. De cette correspondance, nous extrayons la lettre décisive du 6 avril 1948, signée par M. Abelin alors secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, qui comporte entre autres, le passage ci-dessous : « Quant au second point que vous signalez, à savoir le déséquilibre introduit au sein de la Commission de Contrôle entre les membres représentant des administrations et les autres catégories d’intéressés, j’avais moi-même prévu, dans la version primitive du décret, le rétablissement de cet équilibre. Toutefois, la question n’ayant pu être réglée à temps entre les ministères compétents, le décrçt du 8 mars s’est contenté d'adjoindre un représentant de la Présidence. Mais je suis, en ce qui me concerne, disposé à faire compléter le plus tôt possible la composition de la Commission. » Le décret du 13 avril 1950, en introduisant un représentant des familles parmi les représentants cinématographiques (que nous avions qualifiés de professionnels pour la commodité du langage), modifie donc la proportion convenue et se détourne de l'esprit qui a présidé à l’élaboration des textes de 1945. Nous le regrettons car nous estimons que de tels accords restent valables même quand les ministres changent, sauf le cas où un nouvel accord intervient entre les parties. Pour mieux préciser : ce qui nous paraît contraire à nos conventions et au décret de 1945 c’est le choix d’un nouveau membre de la Commission dans une catégorie d’associations sans lien avec le Cinéma, une catégorie qui n’est pas une « organisation de spectateurs », la qualification de spectateurs ne comporte pas une extension infinie. Elle ne saurait s’appliquer à toutes les associations de France, car, dans ces conditions, chacune d’entre elles peut être dite de « spectateurs », aussi bien l’association des étudiants, que celle des anciens combattants, ou encore celle des locataires. De même que nous ne pouvons considérer ces dernières comme étant, aux termes des textes de 1945 et de 1950, des organisations représentatives des spectateurs, de même nous ne voyons pas que l’U.N.A.F., si honorable soit-elle, ait des titres particuliers à se dire organisation représentative du public — pour employer un terme plus exact. — Ce n’est, à priori, ni la compétence, ni l'objectivité, ni l’indépendance de tel ou tel membre de la Commission que nous suspectons : nous estimons qu'une association familiale n’exerce, à aucun degré, une activité spécifique sur le plan cinématographique. Ajoutons que, contrairement aux termes de votre réponse, selon l’article 1er du décret du 3 juillet 1945, le problème familial a été explicitement confié à la compétence du Ministère de la Santé Publique. Si, par ailleurs, se sont des spectateurs envisagés en tant que masse, que l'on désire appeler à la Commission de contrôle, il nous paraît impossible de conférer à telle ou telle catégorie de spectateurs le droit de parler au nom de tous. Quant aux ciné-clubs, dont le mouvement est en plein développement, le souci de l’expansion de la culture cinématographique qui est leur raison d’être, ainsi que leur expérience des réactions de publics différents, confèrent à leurs délégués une compétence et une autorité incontestables. Ce qui émeut l’unanimité de la profession, c’est que, jusqu’à ce jour, la Commission avait fonctionné sans que les représentants cinématographiques aient encouru le moindre reproche. Nul d’entre nous ne s’explique la nécessité ni le sens des modifications que vous avez voulu apporter : prépondérance de la voix présidentielle, rupture de la parité, et d’une façon générale, accroissement de protection apportée à la représentation ministérielle. Accusera-t-on l’ancienne Commission de ne s’être pas suffisamment inquiété des intérêts des enfants ? Les chiffres que vous voulez bien nous citer indiquent, que du 1er janvier 1949 au lor mai 1950, 29 films ont été interdits aux mineurs, soit 29 films en 16 mois, soit, à trois films près, un film tous les quinze jours, ce qui constitue une moyenne, veuillez le reconnaître, impressionnante. Et, ce qui démontre la vigilance du représentant du Ministre de la Santé et de la Population ainsi que celui de l’Education Nationale, pour ne citer que ces deux-là, les plus intéressés dans l’affaire. Quant à l’esprit de moins en moins libéral qui s’est fait jour au sein de la Commission, nous ne pouvons que vous confirmer ce que nous avons écrit à cet égard. Les chiffres, en l’espèce, ne sauraient prouver grand-chose : s’ils marquent une décroissance dans le nombre des interdictions, cela signifie que la matière des films présentés au cours des derniers mois, n’a pu donner lieu aux actuelles inquiétudes des censeurs de se manifester et non point que la sévérité de ceux-ci ne se soit pas accrue. Nous persistons à penser que, dans la situation dramatique où se débat le Cinéma français, seuls des films de haute qualité, originaux et hardis, sont capables de rivaliser avec leurs riches et redoutables concurrents. Cette qualité ne s’obtiendra que dans la mesure où les Pouvoirs Publics s’attacheront à protéger la libre expression de la pensée et l'esprit de recherche sous ses formes les plus diverses. Producteurs, auteurs, réalisateurs, connaissent, tous, le souhait du Conseil Economique que vous voulez bien livrer à leurs méditations. Nous vous avouerons que le fait de se « mettre au diapason des desiderata actuels du public », n’est peut-être pas un moyen très sûr de l’éduquer — si l’on admet, comme nous l’avons dit, qu’il est temps de sortir le Cinéma de son état de minorité, d’en faire un instrument de culture, un divertissement de classe. Car enfin, pour être clairs, de quel public parle-t-on et y a-t-il universalité de goûts ? Quel standard intellectuel de production prétend-on instaurer ? Nous voudrions également demander si toutes les conséquences quant à l’atteinte à la liberté de la presse ont bien été pesées lorsqu’on a édicté les prescriptions de l’article 16 nouveau institué par le décret du 13 avril 1950, dans son article 1er in fine et sur lequel vous ne nous avez pas encore répondu. En ce qui concerne la responsabilité du directeur qui laisse pénétrer dans sa salle un mineur — accompagné ou non de ses parents — lors d’une projection interdite aux moins de seize ans, il paraît difficile d’établir quelque analogie entre cet exploitant et un débitant ou tenancier de salles de jeux, etc..., ces derniers ne se heurtant jamais à ces foules impatientes qui, dans les moments d’affluence, assiègent les guichets des établissements de cinéma. Enfin, quant aux films-annonce, le texte de votre lettre confirme bien l'inutilité du décret du 13 avril, puisque vous nous accordez que, pour une bande autorisée, il n’y aura pas lieu à délivrance de visa pour le film-annonce. Mais, dans le cas où le grand film n’a pas encore reçu ce visa, nous ne comprenons pas l’inté Premièrc Française d’«iiu Revoir itf. GrocK’* à Nice Au cinéma Escurial, à Nice, au cours d’une grande soirée de gala, a été projeté le 17 mai, pour la première représentation publique en France, Au Revoir, Monsieur Grock. Donnée au profit du Centre de transfusion sanguine des Alpes-Maritimes, cette manifestation remporta un très vif succès et fut présidée par le Préfet des Alpes-Maritimes et le Maire de Nice. Photo du haut : Un groupe d’écoliers niçois devant 1’ « Escurial » où fut organisée, à l’occasion de la première, en France, de AU REVOIR, MONSIEUR GROCK, une séance spéciale à leur intention. Photo du bas : Les petits spectateurs surpris au cours de la projection. Au second rang, le troisième à partir de la gauche, le jeune Adrien Ospiri qui incarne Grock enfant. (Cliché Discina.) Le film fut présenté par Grock venu spécialement d’Italie à cette occasion ainsi que par le petit Adrien Ospiri et Nicolas Amato, tous interprètes du film. A la sortie, Grock fut l’objet d’une manifestation de sympathie et quitta la salle sous les applaudissements. Une matinée enfantine organisée le dimanche matin fut également un vif succès auprès des élèves des écoles niçoises venus très nombreux. Paul-A. Buisine. rêt de la présentation du film-annonce devant la Commission. En effet, si le grand film est autorisé, le visa du film-annonce ne s'impose plus ; si le grand film est interdit, le visa précédemment accordé au film-annonce n’aura servi à rien. Comme conclusion, nos organisations respectives, — Soucieuses, au premier chef, non point de détourner l’attention générale des véritables problèmes du cinéma, mais de les mettre, tous, en lumière, sans exceptions ; — Conscientes des dangers que recèle le décret du 13 avril 1950 ; — Manifestant leur surprise de la marque de défiance que ce texte implique vis-à-vis des représentants cinématographiques ; maintiennent le retrait du mandat qu’elles nous avaient confié auprès de la Commission de Contrôle des films. Nous ne possédons plus, dès lors, aucune délégation qui nous permette de participer aux travaux et ne pouvons que vous renouveler, avec regret, notre démission du 3 mai dernier. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre très haute considération. Signatures : Pour le Syndicat des Producteurs de Films ; pour la Fédération Nationale des Distributeurs de Films ; pour la Fédération Nationale des Cinémas Français ; pour le Syndicat de l’Exportation des Films Français ; pour le Syndicat des Réalisateurs ; pour le Syndicat des Scénaristes ; pour les Critiques de Cinéma accrédités à la Censure ; pour la Fédération Française des Ciné-Clubs.