La Cinématographie Française (1950)

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U IXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXm LA CÎNÉMATOGRAPHiE FRANÇAISE cxxxxxxxxxxxxxxxxxxzxxxxxtttt ment, un ballet. Si un malheureux producteur osait faillir à cette règle, les spectateurs furieux bombarderaient l’écran avec tout ce qui leur tomberait sous la main ; les plus fanatiques parleraient de mettre le feu au théâtre... Quand un film a vraiment du succès, il peut rester près d’un an à l’affiche au même endroit : ainsi les films Andaz et Chotta Bhai ont tenu dix et huit mois de suite dans les mêmes salles de Calcutta et Bombay. Un Hindou retourne volontiers voir le même film cinq ou six fois, à intervalles réguliers. Certaines bandes étrangères bénéficient de ces habitudes : ainsi à Bombay le cinéma Liberty joua, mais seulement le dimanche matin, le film français Fièvres, vingt-quatre dimanches consécutifs. Or, M. Habib Hoossein le propriétaire m’affirma qu’un bon quart de la salle, en sortant de la représentation, louait des places pour le deuxième dimanche suivant, afin de se pâmer une nouvelle fois devant Tino Rossi chantant « l'Ave Maria ». Bien entendu, les spectacles permanents sont impraticables aux Indes : un propriétaire de salles, revenu d’Europe après un long séjour et ayant en tête tout un programme de réformes, voulut tenter l’expérience du permanent. Cela dura deux jours. Les spectateurs entrés à dix heures du matin se cramponnaient encore à leurs fauteuils à minuit. La persuasion des bambous de la police, le second jour, n’ayant guère amélioré la situation. la réforme resta, avec bien d’autres, dans les dossiers de l’exploitant alarmé. Bien que Bombay soit le centre le plus important du cinéma, c’est à Madras qu’est installé le producteur le plus actif, le mieux équipé, et qui fait les meilleurs films. Ces studios des Frères Gemini ont à leur actif quelques très grands succès comme Chandralekha et Kaneez. A noter que si dans presque tous les studios des Indes l’enregistrement du son se fait avec des machines de la Western Electric et R.C.A., les prises de vues sont opérées souvent encore avec des caméras françaises Debrie de préférence aux Mitchell plus récentes. Que coûte un film hindou ? De 300.000 à 1.000.000 de roupies, soit environ de 22 à 75 millions de francs. Il semble que pour l’ins tant aucune de ces productions ne soit exploitable en Europe, aussi bien à cause de la lenteur et de la longueur désespérante des films, que de leur technique enfantine, de la médiocrité de la photographie, qu’à cause des sujets qu’ils traitent. Lorsqu’il s’agit d’adaptation de vieilles légendes, le scénario est vraiment trop touffu et à peu près incompréhensible pour les Occidentaux. C’est quelquefois dommage, car les scènes de palais ou de temples avec grand déploiement d'éléphants, de tigres, de guerriers à parasols sont généralement bien réussies, la figuration ne coûtant pas grand’chose au producteur. Mais quand il s'agit d’un drame moderne, avec d’inévitables chansons et danses en hors-d’œuvre, on frise trop souvent la caricature. Ces « social pictures » qu’il faut comprendre dans le sens « histoires mondaines » sont très en vogue, trois fois hélas !... Au point de vue films étrangers les Américains sont les rois, ne laissant qu’une part honorable aux Anglais, faible aux Soviets, malgré les efforts de doublage en Hindoustani de ces derniers, et presqu’insignifiante jusqu’ici au cinéma français. Les Américains ont un double avantage sur les autres nations : ils importent en masse des technicolors, bien préférés par la masse hindoue qui a les réactions des enfants, et ils ont toute une série de films « orientaux » (Kismet, Sinbad le Marin, Song of India, Aladin, etc), vraies mines d’or pour ces pays. Les Anglais ont également enregistré des recettes très fortes avec Le Voleur de Bagdad, Le Lagon Bleu, ayant doublé en Hindoustani ces deux films en couleurs. Les quelques 250 millions d’individus qui restent à l’Inde depuis la séparation avec le Pakistan et Ceylan parlent au moins une dizaine de langages entièrement différents, et comportent encore 80 % d'illettrés intégraux. Moins de 3 %, représentant l’élite, parlent un anglais suffisant pour comprendre un dialogue et ces sept millions d’indous sont uniquement concentrés dans les dix plus grandes villes du territoire. Conséquences : l’Inde est l’un des rares pays du monde où les sous-titres en aucune langue indigène ne sont ni utilisés ni “LE CHATEAU DE VERRE Michèle Morgan et Jean Marais dans le grand film de René Clément LE, CHATEAU DE. VERRE, dont les prises de vues viennent d’être terminées. Coproduction : Franco London Film-Fortezza Film. Distribution en France : Corona. Vente pour le monde entier : Franco London Film Export. Pour ses débuts à l’écran, Corinne Calvet est la partenaire de Burt Lancaster dans LA CORDE DE SABLE. Ce film Hal Wallis-Paramount, sortira le 6 octobre au « Paramount » et au « Ritz » (V.F.) et au « Normandie » (V.O.). (Cliché Paramount.) praticables pour la masse. Un film doublé en un idiome local quelconque (gujarat, urdu, tamil, hindoustani) n’atteint qu’une fraction de cette masse. Les films européens ou américains ne sont jouables que dans une dizaine de grandes villes. Les films français doivent être soustitrés obligatoirement en anglais pour cette élite dispersée de sept millions d’Hindous de diverses races, l’anglais étant, pour quinze ans encore, vraisemblablement la langue nationale de l’Inde et leur seul trait d’union. Où en sommes-nous au point de vue français dans cet immense pays ? Nos films y tiennent une place bien petite. Avant la guerre, Les Misérables et La Kermesse Héroïque avaient été parmi les films ayant laissé le meilleur souvenir. Depuis la fin de la guerre, on peut compter sur les doigts les films qui ont été joués avec des résultats d'ailleurs fort irréguliers : Monsieur Vincent (chef-d’œuvre hors de la portée des Orientaux, et sans musique, a été un échec), Le Silence est d’Or, Goupi MainsRouges, Remorques, La Cage aux Rossignols, Premier Rendez-vous. Plus récemment : Carmen, dialogué en anglais, a été joué à Bombay, sans beaucoup de succès et n’a tenu que trois jours. On peut dire que les films qui ont eu, relativement et récemment, le plus de succès sont Fièvres à Bombay et La Belle et la Bête à Calcutta. Quelques nouveaux films doivent être distribués bientôt. Mais le nouveau régime de Delhi a rendu la tâche plus difficile pour les producteurs et distributeurs français. Il faut maintenant des licences d’importation très parcimonieusement accordées. Les censures des diverses provinces de la République des Indes sont devenues très prudes et rigoristes (se rappeler que le régime sec est maintenant appliqué à peu près partout intégralement, sauf à Calcutta). Les recettes sont exportables ce qui constitue quand même un avantage sérieux sur maints pays d’Extrême-Orient. En conclusion, un public possible de sept millions d’individus n’est pas négligeable, et sa monnaie est bonne (74 francs par roupie). Mais ce public a des goûts particuliers et pour le moment un gouvernement aux mœurs austères. Cela réduit le nombre de nos films jouables aux Indes. Des histoires faciles à comprendre, avec musique de préférence, beaucoup d’action et du genre somptueux, voilà ce qu’il demande. Mais, attention ! Le censeur qui, drapé à la Ghandi dans sa mousseline blanche, s’évente nonchalamment en grattant ses jambes nues, rêve en regardant l’écran derrière ses grosses lunettes d’écaille sans comprendre peut-être, bondira subitement si Jean Marais porte un verre à ses lèvres, ou si Jean Gabin flanque une raclée à sa partenaire. « Coupez », criera -til outragé : « Cut, eut, eut ! ». Jacques Andréfouet.