La Cinématographie Française (1951)

ctixjxxtxttxxixt: a 0ffo LA ciNÉMATOGRAPHÎE FRANÇAISE Jf rxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxYTYxn G&mment JOHN FORD a tèaLUê “RIO GRANDE” peut REPUBLIC PICTURES En septembre 1947, le « Saturday Evcning Post » publiait un roman de James Warner Bellah, intitulé « Mission with no record ». C’est un épisode héroïque et peu connu de l’histoire du ccrps de Cavalerie des EtatsUnis. qui se situe dans les années qui suivirent la guerre de Sécession. John Ford, le célèbre réalisateur, lut ce roman et pensa immédiatement qu’il pouvait en tirer un grand film d’aventures. Aussi, dès mars 1948, se réserva-t-il les droits sur ce récit. Une occasion de porter ce sujet à l’écran se présenta lorsque John Ford et Merian C. Ccoper se lièrent, en février 1950, par un contrat à long terme, avec Republic Pictures et son président Herbert J. Yates. On décida que lj premier film serait « RIO GRANDE », une adaptation du roman de J. W. Bellah. James Kevin Mc Guiness fut chargé du scénario et l'cn hâta la préparation. Moins d’un an auparavant, Ford avait, au cours d’un voyage, recherché des paysages qui pourraient lui servir de décors pour ses futurs films. Il s’était rendu dans la petite ville de Moab. dans l’Utah, et y avait découvert le décor idéal pour son film : « WAGONMASTER ». Ce décor l’avait tellement enchanté que, même avant d’avoir terminé « WAGONMASTER » il avait pris la résolution d'y revenir pour y tourner un autre film. Ce dernier devait être « RIO GRANDE ». Mcab est une ville d'un millier d'habitants, qui se trouve sur la rive du Colorado. Ford décida d’y établir son quartier général. Cependant, on n'improvise pas ainsi _le transfert de tout un studio. On chargea donc Jim Ccleman, spécialiste de la question, d’étudier et d'organiser le transport. Quand tout fut au point, on commença les travaux d’installation d’un village destiné à abriter 174 personnes. Pendant ce temps, John Ford s’était mis à la recherche de coins pittores ques. Il se fit montrer les sites intéressants des environs, car il ne voulait pas tourner dans un décor qui avait été déjà précédemment utilisé. C’est ainsi qu'il découvrit le fameux « Monument National », les « Arch s » et la « Pointe du Cheval Mort », qui se trouve à l'entrée du Grand Canon du Colorado. Il n'était pas cependant satisfait et cherchait mieux encore. Enfin il découvrit remplacement idéal : c’était deux vallées contiguës, situées à 37 milles de Moab et auxquelles on ne pouvait accéder que par une piste étroite, qui suivait les méandres de la rivière du Colorado. Il s’agissait maintenant de savoir si le service lccal des Ponts et Chaussées pouvait élargir la piste pour permettre au matériel d'atteindre les fameuses vallées. Cela fut déclaré possible et le 31 mai l’équipe des bâtisseurs de Republic Pictures quittait Moab pour se rendre sur les lieux. Lorsque, quinze jours plus tard. John Ford et le premier groupe de cinéastes s’y rendirent à leur tour, tout était prêt ! Republic avait confié les principaux rôles à John Wayne et Maureen O'Hara. Wayne est un fidèle de John Ford et paraît dans tous ses films, dont les plus connus sont « STAGECOACH », « THEY WERE EXPENDABLE », « LONG VOYAGE HOME » et « FORT APACHE ». Miss O’Hara avait également travaillé avec Fcrd auparavant. Un de ses premiers films, tournés en Amérique, avait été : « QU’ELLE ETAIT VERTE MA VALLEE, pour lequel Ford reçut une récompense. Dans « RIO GRANDE », Wayne incarne le colonel Yorke. le chef d’un fort avancé, situé sur la frontière du Mexico et du Texas et tenu par la cavalerie. Miss O’Hara y paraît dans le rôle de sa femme. Celui du fils est dévolu à Claude Jarman. Les autres vedettes sont Ben Johnson, Harry Carey Jr. et Chili Wills. J. Carroïl Naish, Victor McLaglen, Grant Withers, Peter Ortiz, Stanley Jones paraissent dans les rôles secondaires. Signalons également la participation de la fameuse chorale western « Les Fils des Pionniers ». Après que Fcrd eut pris possession des lieux, le reste de la compagnie vint le rejoindre par avion, en camion ou en auto. Le matériel nécessita 32 véhicules et cinq camions spéciaux vinrent exprès d'Hollywood, transportant chacun cinq chevaux. Suivaient la centrale électrique roulante, le camion du son, d’autres encore. Un transport spécial amena de i’Arizona soixante Indiens Navajos. La cité destinée à abriter toute c;tte population consistait en 29 tentes, pouvant loger chacune cinq hommes. L'unique hôtel avait été réquisitionné, ainsi que les parcs d’autos. La salle des fêtes servait de réfect ire. On y prenait 1 •> petit déjeuner si le dîner, tandis que le déjeuner de midi était acheminé sur les lieux des prises de vues. Les services de la production s'installèrent dans la Chambre du Commerce de l’endroit, tandis que l’habiUement se voyait assigner les locaux de la succursale locale de la Banque Nationale. 90 chevaux de seUe et de trait virr nt grossir l'elîeetif de ceux amenas d'Hol’ywcod. Les 10 grands chariots classiques des films western venaient également d’Hollywood et peur en figurer les passagers, on engagea 75 hommes, femmes et enfants, qui durent revêtir l’ancien costume des pionniers que leur prêta la compagnie. Les ouvriers de Republic construisent, dans sa totalité, la place forte et érigèrent un village indien. En tout, il vint 174 personnes d'Hollywood, auxquelles se joignirent 75 habitants de Mcab et 60 indiens. 130 chevaux figurèrent dans le film. Plus de 3.600 litres d’eau étaient transportés journellement de la ville au lieu des prises de vues, où la température atteignait souvent 46°. On donna le premier tour de manivelle le 15 juin 1950. Le 21 juillet de la même année. le film était terminé. C'est l une des plus grandes productions de Republic, et l’on dépensa pas moins de 50.000 dollars. Miss O'Hara porte six costumes dif férents, dessinés par Adèle Palmer. Il n’est pas sans intérêt de savoir que l’étoffe de ceux-ci est contemporaine de l’époque où se déroule l’action du film. Les seules nouvelles recrues de John Ford sont : Claude Jarman Jr. et Chili Wills. Ils n’avaient encore jamais tourné pour le grand metteur en scène. Le célèbre compositeur Stan Jones, dont nous connaissons le grand succès « Ghost Riders in the Sky », parait dans le film, pour lequel il a aussi composé quatre chansons nouvelles ; la chanson du film, ainsi que « My Gai is Purple », « Footsore Cavalery » et « Yellow Stripes ». n chante également avec l’accompagnement de la chorale des « Fils de Pionniers » deux émouvantes ballades irlandaises : « Kathleen » et « Down by the Glen Side ». Les décors naturels du film sont grandioses. Rochers impressionnants, surplombant de 800 mètres deux belles et fertiles vallées, des rocs aux formes étranges, et, fermant l’horizon, les pics enneigés de la chaîne « La Salie ». Dans ces paysages, que la main de l’homme n'a pas encore touchés, parmi d'autres curiosités, nous pourrons admirer les deux formations rocheuses baptisées « Les Tours de Fisher » (d'après celui qui les découvrit pour la première fois). Ces deux géants, dressés sur le fond des montagnes, et leur sommet déchiqueté sur le bleu profond du ciel, sont vraiment d’un effet extraordinaire. Les quelques scènes tournées en studio l’ont été dans le North Hollywood, sur les plateaux de Republic. 4 John Wayne, le Roi de l’Ecran, dans son prochain film, réalisé par John Ford, RIO GRANDE. Maureen O'Hara, vedette féminine de RIO GRANDE, et John Ford, le célèbre réalisateur, lors du tournage, en extérieurs, de RIO GRANDE, à Moab (Utah).