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LE CINÉMA AMÉRICAIN ESTIL EN DÉCLIN?
par J. VAN COTTOM
Directeur Rédacteur en chef de "CINÉREVUE"
La route est longue qui, d'Hollywood, ramène le voyageur vers l’Est et cette ville immense qu’est New York, capitale de l’esprit américain. Plutôt que d'accomplir, d'une traite, ce fatigant trajet, l’idée m'est venue de le fractionner au gré de ma curiosité et de profiter de mon séjour dans toute une série de villes, grandes et petites, différentes quant aux habitudes et aux goûts de leurs habitants, quant à leur situation plus ou moins grande de prospérité, de me renseigner sur ce qu’il me fallait penser de ce déclin proclamé par les uns, prophétisé par d’autres, nié par d'autres encore, de l’industrie cinématographique américaine.
Qu’y avait-il de vrai dans tout cela ? De tout ce mal ? De tout ce bien ?
J’ai entendu des gens m’affirmer — mais étaient-ils de bonne foi ? — qu'il n'y avait plus, aux Etats-Unis, que les professionnels qui fréquentaient encore les salles de projection et comme ils n’y payaient pas d’entrée, les exploitants pourraient bientôt en fermer les
I portes. Il n’en est rien, bien entendu. J'ai pu m’en rendre compte. Partout où je suis passé, j’ai vu des salles fort honorablement garnies. « Il en est toujours ainsi, m’ont déclaré les exploitants que j’ai interrogés, lorsque le film est
bon. Il faut reconnaître qu’il n’en est pas toujours le cas ; nous devons passer ce que nous envoient les sociétés de distribution dont les contrats sont formels et nous sommes entièrement à leur merci. Evidemment, nous pouvons être « indépendants », ne subir la contrainte de personne et chercher à ne louer que des films qui nous paraissent bons, bien que nous puissions nous tromper. Dans ce cas, les
loueurs nous tiennent la dragée haute et nous font payer des prix qui ne nous permettent
pas toujours de nous y retrouver. Nous sommes donc bien obligés de passer parfois des films d’un médiocre intérêt ».
Les directeurs de salles faisant partie d'une « chaîne », c’est-à-dire exploitée pour le
compte directement, d’une société de production ou de distribution, écoulant donc en quelque sorte leur propre marchandise, m’ont, avec plus de réserve évidemment, laissé entendre que le public de leurs salles exigeait de plus en plus la qualité. De l’avis général, les grands films, avec leur mise en scène extra-luxueuse, attirent toujours la foule qui ne s’inquiète pas de l’augmentation sensible du prix des places lorsqu’on les projette. J’ai constaté que, dans des villes cependant de seconde catégorie, on faisait payer 1,20 dollar pour des films comme African Queen ou The Greatest Show on Earth. « Le? lendemains de ces projections sont cruels, m’a dit un directeur de salle, nos recettes tombent à plat. Nous avons tout essayé pour ramener alors le public, même ce qui était contraire à nos intérêts bien compris, en baissant le prix des places. C’est l’état d’âme du spectateur qui a changé. Autrefois, l’Américain allait au cinéma au moins une fois par semaine et nombreux étaient ceux qui y allaient plusieurs fois. La situation économique a changé, l’argent est devenu moins facile à gagner, l’Américain est devenu plus difficile quant au choix de ses plaisirs. Autrefois, un mauvais film le faisait seulement hausser les épaules ; à présent, il est devenu beaucoup plus exigeant. J’ai eu l’exemple le plus frappant à San Diego, une ville de 200.000 habitants, en Californie, à proximité de la frontière mexicaine : avant la deuxième guerre mondiale, on l’appelait « une ville de spectres », tellement les gens y étaient pauvres et manquaient d’argent, au point de lésiner, de liarder sur le chapitre de leurs plaisiers, de leurs distractions. La guerre de Corée a été un coup de fortune pour l’industrie locale. Les chômeurs se sont mis à faire des heures supplémentaires ! A présent, les cinémas de la ville font tous de brillantes affaires.
J’ai parlé au cours de mon enquête, avec des hommes bien placés pour savoir ce qui en est
de la situation actuelle de l’industrie cinématographique. Je leur ai demandé ce qu’il me fallait penser concernant celle-ci, comment il me fallait envisager son avenir ? Tous furent d’avis qu’il convenait de se garder de tout pessimisme et quil convenait de rien exagérer ni en bien, ni en mal.
On ne m’a pas nié que cela pourrait aller mieux mais de là à prétendre, comme certains le font, qu’au moins 20.000 cinémas américains ont fermé leurs portes, c’est proclamer une évidente contre-vérité. Sans doute, nombre de salles ont été désaffectées mais elles ont été remplacées par d’autres plus modernes et plus nombreuses et on a édifié, un peu partout, au long des grandes routes, des « drive-in », des cinémas en plein air qui permettent aux voyageum de faire étape, de se rafraîchir et de se détendre en assistant dans leur voiture à un spectacle de bonne dualité. Ces « drive-in » bénéficient d’un véritable engouement de la part du public. Dans les environs immédiats de Los Angelès, ces établissements sont si particulièrement nombreux que tous se plaignent du tort commercial qu'ils se font mutuellement.
Du reste, dans l’ensemble, la situation des salles de projection n’est pas plus mauvaise que l’an dernier. Il y en a même qui sont en progression sensible. A la 20th Centurv-Fox, on m’a déclaré que les bénéfices réalisés par le studio pour les six premiers mois de la présente année 1952, atteindraient certainement 1.200.000 dollars, chiffre supérieur au chiffre de 1.071.000 dollars pour les six premiers mois de l’année sociale antérieure.
Evidemment, tous les exploitants de salles de oroiection se plaignent de la concurrence que leur font l’été qui vide leurs salles, des réunions sportives qui attirent le public. Bien des salles n’ouvrent plus leurs portes à cette époque de l’année au’en fin de semaine, le samedi et le dimanche. Ce n’est nas une nouveauté. On m’a affirmé que sept films ceriendant inédits n’avaient encaissé que 3.145 dollars un certain lundi du mois dernier, soit 450 dollars par salle, alors que vingt-sept autres salles qui étaient restées ouvertes n’avaient réalisé que 73 dollars, en moyenne !
L’industrie du cinéma est en quelque sorte « saisonnière », m’a affirmé un exploitant. « C’est la situation économique qui devrait s’améliorer », m’ont déclaré nombre d’autres. Aller au cinéma est devenu un luxe pour bien des gagne-petits.
Ce qui m’est clairement apparu, c’est que les cinémas appartenant aux « grandes chaînes » arrivent plus facilement à équilibrer leur exploitation par une organisation plus systématique. « S’il n’y avait pas les bonbons, l’ice cream, le « popcorn » et la vente des boissons, m’a confié un exploitant « indépendant », ie ne me tirerais pas d’affaire. Il y a trop de concurrence dans notre métier. Il y a trop de salles de cinéma ! ».
— Et la télévision ? ai-je tout naturellement demandé à tous ces gens.
Tous se déclarent prêts à profiter de l’invention nouvelle, dès qu’ils en auront la possibilité. Les uns ne l’ont pas fait encore parce qu’ils ne se trouvent pas dans le rayon d’une station émettrice, les autres se plaignent de la médiocrité des programmes. On espère qu’un accord se fera très prochainement entre les grands studios producteurs de films et les sociétés de télévision pour louer à celles-ci leurs vieux films qui pourraient connaître ainsi de fructueuses reprises. Encore toute une organisation devra-t-elle être mise au point et les heures de projection établies! de manière à correspondre avec celles des séances des salles obscures. Tout cela malgré les progrès réalisés chaque jour, n’est cependant pas pour un avenir immédiat.
La « Fox West Coast Théâtres » — la grande chaîne de la 20th Century-Fox — pour augmenter « l’attractivité » de ses salles, a fait équiper celles-ci avec le grand écran « Eidophor » donnant aussi bien en noir qu’en couleurs, pour le film télévisé et le film ordinaire, les trois dimensions, longueur, largeur et profondeur, que perçoit notre œil dans la nature. L’inventeur de cet écran est M. R.H. McCullough, le directeur de la « Fox West Coast » de construction et de télévision. Le procédé de l’« Eidophor » est suisse, grâce à son perfectionnement américain, il peut être installé dans n’importe quelle salle pour 25.000 dollars, un prix en l’occurrence modeste. Soixante-treize salles seront équipées avant la fin de 19§3 et couvriront la Californie entière. Elles auront une capacité de 113.052 places et comprendront des salles de grand luxe, comme le célèbre Chinese Theaxre d’Hollywood.
Les « shows » seront transmis en télévision de l’endroit même où ils auront été captés, terrains de sport, studios ou salles de spectacle. Ils auront l’attrait, le frémissement même de la vie. Ils seront acheminés en Californie par de puissantes stations.
L’avenir réalisera-t-il d’aussi magnifiques promesses ?
Pourquoi pas ? On peut toujours espérer.
— L’attrait ces stars ? me suis-je informé.
Leur règne n’est pas près de finir, m’a-t-on répondu autant dans le Connecticut qu’à Denver dans le Colorado, dont la population dépasse un million d’habitants et à Princeton qui n’en compte que 8.000, dans l’Indiana. Les « stars » continuent d'être la grande et quelouefois l’unique attraction d’un film que bien des gens ne viennent voir que pour la vedette, mais il y a « star » et « star », le public américain a ses préférées et il ne ratifie pas toujours les édits prononcés par Hollywood. J’ai constaté que l'attractivité de certaines vedettes est pratiquement nulle. Le temps des belles filles qui n’arrivent pas à être autre chose, est passé. Dans les petits centres, loin des grandes lignes de communication, on apDrécie beaucoup les très longs métrages, les histoires sentimentales et les comédiennes sachant porter la toilette et ayant l’habitude de se parer d’un grand nombre de robes dans un film, ce qui constitue pour les spectatrices de ces trous perdus la seule façon de se tenir au courant des variations de la mode.
Les exploitants des salles de ces petites localités ont une façon à eux de faire la publicité des films qu’ils projettent. Ils démontrent l’utilité qu’on peut avoir de venir les admirer, ils en expliquent le scénario, en vantant la tenue morale et l’activité. Les spectateurs sont prévenus de ce qui les attend.
« Le titre d’un film ne signifie rien », m’a-t-on dit, car le spectateur a été si souvent roulé qu’il ne se laisse plus prendre. Il tient à être fixé, à l’avance, sur les qualités du plaisir qu’on lui offre. On va toujours « un peu fort » en Amérique en matière de publicité.
Chat échaudé... finit par se méfier de l’eau froide.
La chose naturelle.
Que conclure ? Mon enquête m’a appris que s’il y a vraiment une crise du cinéma en Amérique, on ne peut dire qu’elle soit grave ni qu’elle sévisse partout avec la même acuité. Elle est fonction de la situation économique des diverses régions de ce vaste pays ; elle est fonction également de l’évolution du goût du public. Il y a aussi l’attrait de la nouveauté d’amusements d’un autre genre.
Somme toute, comme on me l’avait laissé entendre, rien de catastrophique mais non plus pas de quoi permettre aux producteurs de dormir paisiblement sur leurs deux oreilles. Ils ont à veiller au grain. — J. V. C.