La Cinématographie Française (1952)

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34' Année. — 75 Francs N° I486. — 4 OCTOBRE 1952 LA CINÉMATOGRAPHIE française LE CINEMA FRANÇAIS REDACTION, ADMINISTRATION : 29, rue Marsoulan, Paris (12«) R.C. Seine : 216.468 B. Téléphone : DIDEROT 85-35 , 85-36, 85-37 abonnement annuel : France et Union Française : 2.000 fr. — Pays étrangers : 3.500 fr. — U.S.A. : $ 12. Changement d'adresse : 50 fr. Chèques postaux : 706.90, Paris rimtiiTTTtmiTTTTTTiTTTTTTmTn REVUE HEBDOMADAIRE :iXZXXXXZIXIXXZXZIXIXXXXXXXXXXXZXZ3 Directeur : 1948 + Valéry Roger. Directeur général : Paul-Auguste Harlé. Directeur commercial : Antonin Eytard. Conseiller de Direction : M. Colin-Reval. Rédacteur en Chef : Laurent Ollivler Le DRAME DES PRIX L'application aux places dans les cinémas des Arrêtés du 11 septembre, qui fixent aux prix atteints le 31 août 1952, toutes taxes comprises, le niveau maximum des prix ensuite pratiqués, vient de causer une vive surprise à la suite de la visite de contrôleurs locaux. Chacun connaît, et approuve, les raisons de M. Pinay. Mais l'industrie du Cinéma présente, dans son travail de la clientèle, un caractère particulier. Celuici oblige de toute évidence à déterminer ce qu'était le niveau réel des prix de places au 31 août, car ce serait une erreur d'interprétation entraînant de lourdes conséquences, que de juger strictement sur les prix pratiqués à cette date, où d'ailleurs beaucoup de salles étaient fermées. Les prix de places sont étroitement contrôlés. Ils font même l'objet du pointage quotidien de l'administration des Finances, et de l'envoi de bordereaux hebdomadaires au Centre du Cinéma. Les hausses nécessaires des prix, étant donné le fléchissement de la fréquentation du public depuis plusieurs années, n'ont pu suivre la courbe normale ^ du prix de la vie, et il a même dû être procédé à une limitation minimum des tarifs, au moment où, en 1948, une liberté relative a remplacé les tarifications systématiques précédentes. L'orientation du marché du film va donc à l'inverse des tractations commerciales habituelles, et la pression sur les prix de places risque de trouver un acquiescement excessif de la part de 1 ensemble de l'exploitation, au détriment de la marchandise de base : les films, dont l'Etat a, jusqu'ici, au contraire, cherché à protéger l'offre contre les réserves de la demande. Les prix qui étaient pratiqués le 31 août sont, en général, des prix de mortesaison, correspondant pour les salles restées ouvertes à des programmes de second ordre, films B ou films de reprise. Ils ne sauraient rémunérer suffisamment les programmes de la pleine saison qui commence, avec des films de qualité, réalisés à des prix très élevés, films pour lesquels ce début de recette-producteur représente une part importante de l'amortissement. Il faut se souvenir que les dates de sortie d'un film déterminé dans de successifs établissements, de même que la succession des films dans un établissement donné, correspondent à des contrats de location établis plusieurs mois à l'avance, et dès lors immuables. L'importance en recette probable des établissements choisis, leur capacité plus ou moins intense de fréquentation, enfin les prix de places qu'ils peuvent se permettre de pratiquer (en galas par exemple), temporairement, ainsi agencés par avance et calculés quant à leur rendement, conditionnement, pour un grand film, toute sa vie commerciale. Un exemple nous fera mieux comprendre : Le grand film « Don Camillo », qui sort actuellement à Paris et en province, et qu'une interprétation limitative des Arrêtés contraint à des prix de places inférieurs à ceux prévus il y a plusieurs mois dans ses contrats, ne peut décaler ses sorties. II perdra de ce fait des recettes-producteur se chiffrant par dizaines de millions, et non-récupérables ultérieurement. Il en sera de même pour les exploitations qui l'ont traité à des conditions proportionnelles à sa valeur de programme, et devront subir des déficits vraiment impressionnants. Le cas d'un cinéma d'une ville de la vallée du Rhône est également typique. Une salle ancienne, vaste mais de faible confort, faisait cependant des « pleins » honorables avec un prix d'entrée de 100, 130 et 150 francs et des films courants. Son directeur reconstruit sa salle, réforme son matériel, et prépare le confort de son public. Il rouvre le 4 septembre avec des films de haute qualité. N'est-il pas indispensable qu'il accroisse ses recettes pour amortir ces investissements ? N'est-il pas justifié à passer dans la catégorie supérieure à 100, 150 et 170 francs ? Il y a là un changement dans la nature de la marchandise vendue. Changement, naturellement, officiellement déclaré. La variation de l'offre n'est donc pas seulement saisonnière, à la manière du charbon en été, mais en quelque sorte occasionnelle. Elle est commandée pour chaque semaine par la valeur d'attraction du programme et la réputation locale acquise par la salle. Elle répond cependant à des dépenses précises, en production des films comme en aménagement du Spectacle, qui ne se récupèrent que dans un alternance, de succès saisis sur l'heure, de demis succès, d'insuccès encore fréquents, que l'on compensera avec méthode et patience, au cours de longues périodes de travail. De là la faculté laissée au directeur de changer sa catégorie de tarit de places, Une scène du film de Jean Renoir, LE CARROSSE D’OR, avec Anna Magnani. (Cliché Panaria Film-Hoche Prod.) les dérogations spéciales accordées pour certains films, et l'institution du Fonds d'aide, intervention ménagée par l'Etat, afin d'étaler les risques reconnus, au delà même des efforts de stabilité fournis par les professionnels. Le « Biarritz », de Paris, a pu projeter « Autant en emporte de Vent » à 800 francs par place pendant plusieurs mois. Quel film retrouvera une pareille possibilité ? Il serait aussi illusoire de prendre ce chiffre éminemment temporaire comme tarification possible, que de déterminer un maximum de prix de places sans considérer l'époque, le lieu, la nature du programme, qui sont les bases réelles, pourtant essentiellement variables en baisse comme en hausse, des tarifs de places que le commerçant de cinéma peut se proposer de pratiquer. C'est d'ailleurs en ce sens que le rigoureux contrôle officiel s'exerce depuis plusieurs années, non seulement sur le prix des places, mais sur les conditions de production et de location des films. Décision d'Etat, décision forte, les arrêtés du 1 1 septembre bloquant tous les prix ne pouvaient tenir compte à leur origine des détails qui nous préoccupent. Répétons que les dérogations dont on constate ici l'urgence, et prévues d'ailleurs par les Arrêtés, n'auront pour résultat que de déterminer le niveau réel des prix en saison normale, et non d'en produire une élévation. Il appartient aux dirigeants du Cinéma, de son Administration et de la Profession, d'accélérer les mesures indispensables pour mettre un terme à une hémorragie de recettes dans une industrie déjà exsangue, et concurrencée de toutes parts. P. A. HARLÉ