La Cinématographie Française (1952)

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7 ... ET UNE AUTRE RENCONTRE CAPITALE : Dans les bureaux des Artistes Associés. M. Georges Rouvier (au centre) reçoit MM. Jean Hellmann et Alan Byre, directeurs-propriétaires du REX, Thévenct, représentant la Société Pathé, Richard et Fournier, représentant la SOGEC. Le plus sensationnel des contrats d’exclusivité vient d’être signé : LIMELIGHT sortira à Paris en même temps aux Marignan, Marivaux, Rex et Normandie. XXXXXTXXXX^XXTXTXXTXXXXXXXXgrx LA CINEMATOGRAPHIE FRANÇAISE TiiiixxxxiiniTTTirrrirrriïrg: deux jours ! Nous devons en faire deux chaque semaine... » Autrement dit, une moyenne de 77 pages à tourner tous les quatre jours. Les treize films devaient être terminés en six semaines, totalisant 500 pages de dialogue à mettre en scène en 26 jours avec plus de cent décors à éclairer ! On ne m’avait jamais octroyé moins de trois jours pour réaliser des trente-minutes, ce qui représente déjà un travail considérable, de sorte que ne me sentant pas capable de faire quelque chose de convenable, je refusais cette série et laissait la besogne à un autre. Les opérateurs protégés par leur syndicat en arrivent, avec leurs heures supplémentaires, à toucher autant sinon davantage que les metteurs en scène et la différence de salaire entre un réalisateur et son premier assistant, qui, lui, est payé à la semaine, n'est pas tellement grande. Beaucoup d’artistes connus acceptent de travailler dans des conditions dix fois inférieures à ce qu’ils touchent au cinéma, d’autres le font au pourcentage, mais il est incontestable que l’intérêt apporté par cette nouvelle industrie va chaque jour en augmentant. Dans certains cas, les décors sont quasi inexistants ou simplifiés à l’extrême et les architectes ou les chefs du département de construction passent leur temps sur les plateaux à repérer les fragments d’autres décors dont ils pourront se servir. Le budget des décorateurs est minime et le réalisateur doit faire preuve d’imagination et d’invention pour créer ce qui n’existe pas. Le prix total de trois productions de trente minutes s’élève à environ 45.000 dollars — sinon moins — et la durée de ces trois films de cinéma pourrait aujourd’hui envisager le tournage d’un film de quatre-vingt-dix minutes pour 45.000 dollars, c’est-à-dire environ 15 millions de francs ? Le public doit avaler beaucoup de ces pauvretés et c’est peut-être pour cela que, les meilleurs programmes de télévision mis à part, les spectateurs préfèrent regarder les films américains aux étrangers qui sont présentés chaque jour, même s’ils ne sont pas récents. Les grands studios possèdent un stock considérable de films produits depuis le début du parlant, dont ils pourraient alimenter la télévision pendant une certaine durée, mais, d’une part, ils ne tiennent à se concurrencer eux-mêmes en exhibant gratuitement ce qu’ils font payer pour voir dans les salles et, d’autre part, les syndicats des acteurs ne les autoriseraient pas à projeter des productions récentes. Les producteurs indépendants ayant fait signer aux artistes, qu’ils ont employés durant ces dernières années, des contrats leur donnant l’autorisation de montrer leurs bandes à la télévision, procèdent maintenant de la sorte et c’est ainsi que l’on peut voir les films de Selznick, Edward Small, Ben Bogeaus, Popkins et autres. Tous les films de René Clair, tournés à Hollywood, sont montrés régulièrement, excepté celui qu’il mit en scène à rUniversal, avec Marlène Dietrich, lors de son arrivée en Californie. Certains films français passent également, mais comme leurs titres, en anglais, ne correspondent plus avec ce qu’ils furent, il est impossible d’en connaître l’origine. J’ai tout de mêmes reconnu l’excellent Remorques dernièrement. Ces films français ont été importés pour être montrés dans les cinémas, car des sous-titres anglais paraissent en surimpression sur les images. Savait-on, en France, lors de la vente de ces films qu’ils seraient également loués à la télévision à raison de 100 dollars, ou plus, par projection dans chaque ville ? Depuis plusieurs années, de nombreux journaux et magazines, uniquement consacrés à la télévision, paraissent chaque semaine, les quotidiens consacrent une page à la programmation de la journée. Une de nos stations projette régulièrement des films muets tournés entre 1912 et 1925, sous le titre de « Movie Milestone ». Ce spectacle nostalgique nous plonge dans le passé, je retrouve ainsi des figures d’artistes disparus et parfois un certain effort m’est nécessaire pour me souvenir de leurs noms, je ne parle pas de vedettes telles que Charles Ray, William S. Hart, Douglas Fairbanks, Hobart Bosworth, Constance Talmadge ou William Farnum, mais des emplois secondaires, des traîtres, des pères nobles, des banquiers, des domestiques, des ingénues éphémères, des comiques avec lesquels je travaillais voici plus de trente ans et qui, un certain jour manquèrent à l’appel sans que personne n’y fasse particulièrement attention. La télévision exhume ces vieux amis desquels j’ai maintenant peine à me souvenir ! Grâce à la télévision, les grands studios ne pourront bientôt plus se permettre la confection de films bon marché. Pour continuer à attirer les foules vers les salles obscures, le cinéma devra produire des films coûteux de catégorie « A » que la télévision n’a pas encore les moyens de mettre en chantier. (A suivre.) (Copyright by Robert Florey and La Cinématographie Française.)