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LA ciNÉMATOGRAPHiE FRANÇAISE
CHASSE AUX
IMAGES
8
EN FAMILLE
L’EXPEDITION CINEMATOGRAPHIQUE ALBERT MAHUZIER EN AFRIQUE
Après avoir tourné trente-cinq films documentaires professionnels en 35 mm., Albert Mahuzier s’est converti au 16 mm. et a pris rang parmi ces cinéastes itinérants, qui passent une moitié de leur vie à visiter les hommes qu’on appelle sauvages pour pouvoir aller, durant l’autre moitié, visiter les hommes qu’on appelle civilisés, et réciproquement. Les premiers lui fournissent les images, qui serviront à renseignement et à la récréation des seconds, et ceux-ci, par les recettes des « conférences illustrées », organisées à leur intention, lui procurent les fonds nécessaires à de nouveaux reportages sur les terres lointaines.
Mahuzier a choisi l'Afrique comme théâtre de ses pacifiques opérations (pacifiques, sauf pour les fauves, qui ont eu la vedette de ses
Après la pluie, c’est en plein soleil, cette fois, que la famille pose aux côtés de cet écriteau mi-géographique, mi-publicitaire.
films de grandes chasses). Il y est allé plusieurs fois, en a rapporté des kilomètres de film, des milliers de photos et quatre ou cinq livres décrivant les circonstances de ses tournages.
Si vaste que soit le continent africain, on aurait donc pu croire qu’il ne lui restait plus grand’chose à y faire. C'eût été oublier qu’il est aussi prolixe dans sa contribution à la repopulation que dans son travail de cinéaste, et cela lui a inspiré une nouvelle expédition, à nulle autre pareille : avec, pour coéquipiers, sa femme et leurs neuf enfants (âgés, au départ, de 22 mois à 22 ans) .
A la manière de ces artistes de music-hall, qui ne changent jamais de numéro, mais seulement de public, Albert Mahuzier a renouvelé l’Afrique en y retournant avec une équipe neuve et comme on n’en avait jamais vu.
UNE EXPERIENCE SANS PRECEDENT
Partie de Paris le 1er janvier 1952, à bord de trois camionnettes, emportant au total trois tonnes de matériel (plus une demi-tonne de père, mère, frères et sœurs), la famille vient d’y rentrer, porteuse d’une immense moisson d’images et de souvenirs merveilleux.
Onze au départ, ils étaient onze au retour. Les filles aînées n’ont pas épousé des rois nègres, comme elles avaient menacé de le faire, et la moustiquaire bi-place, spécialement conçue pour les parents, est la seule conception nouvelle qu’il y ait eu à enregistrer au cours de ces neuf derniers mois.
Onze, comme une équipe de foot-ball. Et c’est, en effet, une équipe sportive, au meilleur sens du mot, que cette famille, qui a toujours eu le goût de l’aventure et du risque abordés en commun, le goût de l’effort partagé dans la bonne humeur et la fantaisie.
Cette image, prise à quinze mètres, était vraiment risquée. L’angle de la prise de vues atteste que l’opérateur était à pied. Or, l’éléphant arrive droit sur lui, et les oreilles décollées, ce qui n'est pas bon signe.
Déjà, Albert Mahuzier avait associé le= siens à plusieurs de ses films de tourisme et de camping. Mais cela se passait en France, où il est assez rare de rencontrer sur son chemin un lion ou un éléphant et de dormir sous une tente entourée de hyènes.
Or, justement, c’est ce qui faisait envie à la famille, les lions, les éléphants, les hyènes et leurs confrères de tout poil, et la savane, et la forêt vierge, l'Afrique pour tout dire.
TROIS KILOMETRES DE FILM EN TRENTE MILLE KILOMETRES D’AFRIQUE
L'Expédition cinématographique et familiale Mahuzier 1952 a parcouru 30.000 kilomètres à travers l’Afrique du Nord, le Sahara, l’Afrique équatoriale et l’Afrique Orientale, sans autres
Les Pygmées de l’Ituri (Congo Belge), dont la taille est précisée par la présence à leurs côtés de trois Mahuzier (notamment, Yves, treize ans, 1 m. 50), sont venus au spectacle. Mais, ce n’est pas un film qu’ils verront, mais un frigidaire...
par Jean THEVENOT
incidents que 175 ensablements et d’innombrables fractures de ressorts (changés par les fils aînés, devenus des mécaniciens avertis).
Au cours de ce gigantesque voyage, 1.500 photos ont été prises (dont un tiers en couleur) et 3.000 mètres de pellicule Kodachrome impressionnés.
Avec l’expérience qu’il a maintenant acquise dans le tournage ambulant et dans l’emploi du 16 mm. couleur sous le ciel d’Afrique, Albert Mahuzier a pu limiter à des proportions infimes le déchet des prises de vues, et le montage
Cet étonnant personnage, si beau, si majestueux, qu’il ne pouvait ne pas être un jour vedette de cinéma est un guerrier Masaï (Kenya).
auquel il procède actuellement donnera deux programmes distincts de une heure et demie chacun.
PYGMEES ET GORILLES
Le premier sera surtout consacré aux Pygmées de llturi, avec qui les « onze » ont vécu pendant une semaine et aux animaux du Congo Belge et du Kenya.
Cette fois, Mahuzier s’est surtout intéressé aux animaux vivants et l’autorisation qui lui a été exceptionnellement consentie de camper dans les parcs nationaux du Kenya lui a permis d’enregistrer des images d’une richesse et d’une variété extrêmes. Mais cela lui a valu aussi d’avoir à organiser des bivouacs littéralement au milieu des fauves. Les voitures étaient alors disposées en triangle autour des lits, et c’est à l’abri ou à l’intérieur de ces remparts que la famille s’endormait, entendant les buffles, les éléphants et les hyènes rôder à quelques mètres de là !
Deux scènes de chasse seulement ont été tournées. La chasse à l’antilope au filet, à laquelle la famille participa au complet, chaque enfant étant accompagné d’un « Pygmée protecteur ». La chasse au gorille, d’où furent naturellement exclus la plupart des enfants, et la poursuite par laquelle elle commença (cent kilomètres de marche, dont cinquante de reptation), fut l’occasion de prises de vues paraît-il uniques au monde.
L’EQUIPEE FAMILIALE Le deuxième programme traite plus particulièrement de l’odyssée familiale.
Ce que fut cette aventure, on l’imagine assez aisément» en songeant aux multiples aspects d’une existence nomade (125 changements de camp), où les habitudes de la vie française et citadine devaient être accordées avec les con
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