La Cinématographie Française (1952)

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13 LA CINÉMATOGRAPHIE FRANÇAISE LES FILMS FRANÇAIS ONT UNE PLACE TROP MINIME SUR LE MARCHÉ ITALIEN par Pierre MICHAUT. CETTE année encore le Festival de Venise se conclut par un succès retentissant de la production française. Trois films primés, sur quatre constituant notre Sélection, dont le Grand Prix international attribué à Jeux Interdits, affirmant la position dominante prise par nos films à la Manifestation vénitienne. De la même façon, rappelons-le, Manon en 1949, Justice est faite et Dieu a besoin des Hommes en 1950, Le Journal d’un Curé de Campagne en 1951 s’étaient portés au premier rang. Chaque année, la valeur de nos metteurs en scène, de nos scénaristes, de nos acteurs, de nos techniciens s’affirme par des qualités qui sont pleinement reconnues et admirées. Or l’éclat de ces succès contraste fort avec la place fort mince occupée par les films français sur le marché italien. Nous le constatons chaque année dans nos enquêtes et voyages que nous relatons ici, au retour de Venise. Cette ois l'expression de notre désenchantement devient un véritable cri d’alarme. En fait, un nombre infime de films français entrent dans l’exploitation véritable ; quelques dizaines de films à peine se montrent, en version originale, au programme de quelques salles d’exclusivité à Rome et à Milan, s'y maintiennent deux jours, parfois trois ou quatre, pour ne plus reparaître. Combien de doublages sont restés pour compte ou même, indéfiniment ajournés, ont été finalement abandonnés ? Certains, parmi ces « Lauréats de Venise », se voient confinés dans une exploitation en V.O. dont les résultats, point négligeables si l’on veut, restent cependant très au-dessous de ce qu’on pouvait raisonnablement attendre. Manon a été ainsi exploité avec une prudence extrême ; Dieu a besoin des Hommes s’est heurté, sans être guère défendu, à des réticences et des scrupules ; Le Diable au Corps a été presque aussitôt retiré de l’affiche ; à peine le dernier Festival était-il clos qu’on savait déjà à Rome que Jeux Interdits ne serait pas autorisé (ou à peine) . Le public italien n’a guère vu, cette année, comme films français que Caroline Chérie ; à Rome, lors de notre passage, la seule affiche que nous avons vue était celle de Ils étaient cinq. Dans notre voyage à travers dix villes italiennes, nous aurions compté sur les doigts d'une seule main les films français an noncés. Car, bien entendu, en Italie les triomphes« bombes » de Don Camillo et de Fanfan la Tulipe sont au compte du Cinéma italien. Du moins, ces succès nous permettront-ils de fixer un ordre de grandeur : on estime couramment que Camillo atteindra un milliard et demi de lires brut (plus que David et Bethsabée ) ; et Fanfan probablement 800 millions. Sans envisager de tels chiffres, la puissante Lux Films avait pris en distribution après le Festival de 1951 La Nuit est mon Royaume, « peu populaire et trop triste » et qui est resté faible ; Justice est faite et Le Journal d’un Curé de Campagne dont on se dit « content, étant donné ce qu’étaient ces films » : c’est-à-dire promis pratiquement à une exploitation dans les seules grandes villes ; Le Garçon Sauvage, bénéficiant Une attitude de Madeleine Robinson dans JE SUIS UN MOUCHARD. (Cliché Sirius.) d'un certain « caractère louche », et « trop triste » pour le public italien, tint seulement quelques jours ici et là. La Lux, cette année, n’a pas persisté dans cette politique. A PROPOS DU PUBLIC ITALIEN Sans doute le choix des films capables de convenir au public italien est-il délicat ; avoir triomphé à Venise sert de caution seulement auprès d’un étroit public artiste et intellectuel. En fait, le spectateur ne cherche absolument pas à réfléchir à de graves problèmes : il n’est anxieux que de sentir. Ce n’est pas là un grand secret ; et un peu de psychologie pourrait guider utilement, dans le choix des films, les experts. Pourtant le nombre est grand de films français qui mériteraient un vrai succès, mais dont l’exploitation reste incomplète, à peine amorcée ou nulle. Ne croit-on pas que Barbe-Bleue, par exemple, aurait dû atteindre le plus vaste public ? Trop de films passent en juin et juillet, mois sacrifiés. LE FILM ITALIEN EN REPRISE Sans doute, beaucoup de films italiens parmi ceux que nous estimons, connaissent de semblables déboires : on nous dit que Le Miracle a plafonné à 41 millions, malgré la présence d’Anna Magnani ; Le Voleur de Bicyclette s'était arrêté d’abord à 140 millions, puis bénéficiant de la publicité « en retour » à la suite de ses succès à l’étranger, a finalement doublé ce chiffre en reprises. Rossellini et Ingrid Bergman ensemble n’ont poussé Stromboli qu’à 240 millions. Cependant des productions commerciales telles que Catena, La Sepolta Viv a, Tormento dépassent 600 millions ; Toto cherche un appartement atteint 470 millions. Pourtant, d’une manière générale la situation intérieure du Cinéma italien s’améliore. Sans restreindre l’importation américaine (fixée à 225 films pour les Grands et plus de 60 Indépendants) la politique de soutien relativement onéreuse (dégrèvements, ristournes) donne des résultats. Le film italien progresse sur ses propres écrans, nous dit-on chaque année de 10 % ; par rapport au film américain il gagne régulièrement des « points », passant de 12 à 15 à 18, 20, 22, 25 et à présent 28 « points ». INQUIETUDE OFFICIELLE Visiblement, cette année, le Cinéma français dans la Péninsule est resté trop en deçà de ce qu’on pouvait espérer et attendre. Les milieux français officiels et responsables, à Rome, s’alarment, s'inquiètent et commencent à penser qu’il faut changer de méthodes. Tandis que notre théâtre, nos livres, nos éditions d’art, nos professeurs dans les divers instituts et écoles, connaissent une visible faveur, nos films s’attardent dans une pénible stagnation. MOINS DE FILMS ; DES MEILLEURS D’abord, il faudrait qu’un choix plus judicieux des films ne vienne pas freiner le goût du public : l’afflux de films inégaux ou secondaires est nuisible. Sans doute, les Distributeurs italiens devraient mieux choisir... et nous avons dit comment en Suisse, une crise analogue avait été résolue par une politique stricte et sévère des Distributeurs suisses eux-mêmes qui, en raréfiant les importations, ont relevé le niveau des programmes français. Trop souvent, en Italie, les films français sont introduits par des importateurs disposant de peu de moyens et qui n’ont en vue qu'une opération spéculative. U leur arrive d’être déçus et, bien entendu, ils font partager leur déception à leur vendeur... Seules, en fait, quelques maisons, fortement armées sur le plan technique et commercial, — et disposant d'un grand prestige sur l’Exploitation, — peuvent résolument soutenir la carrière d'un film étranger. LE ROLE DE L’E.N.I.C. Il faudrait s’assurer le soutien de l’Enic, à la fois société de distribution et circuit d’Etat, disposant dans toutes les villes des salles les meilleures, les mieux aménagées et les plus modernes. Nous le disons et répétons dans chacune de nos enquêtes : répétons-le à nouveau. Or, voici les sélections de l'Enic-distribution : en 1948-49, sur 36 films, un seul film français, Eternel Conflit de Georges Lampin ; en 1949-50, sur 37 films, le film français, Jour de Fête, auquel s’ajoutent deux coproductions : La Beauté du Diable et Femmes sans nom ; en 1950-51. sur 21 films, 1 français : Rendez-vous de Juillet, auquel s’ajoute Pour l’Amour du Ciel; en 19511952, sur 20 films, 1 film français : Le Cap de l’Espérance, de Raymond Bernard (la programmation E.N.I.C. pour 1952-53, pour les films étrangers n’était pas arrêtée lors de notre passage à Rome) . Il ne doit pas être tout à fait