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34e Année. — 75 Francs
N 1490. — 1er NOVEMBRE 1952
y j A.,
CINEMATOGRAPHIE
française
LE CINÉMA FRANÇAIS
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revue hebdomadaire
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LA COULEUR EN FRANCE
Un entrefilet paru dans un « Figaro » récent déclarait que « notre pays était, jusqu'à présent, tributaire de l'étranger pour le développement des films en couleurs ». Si, quant à la pellicule spéciale, l'information est exacte, elle est erronée I en ce qui concerne le développement. Il y a peu de temps, le même journal j faisait compliment de ses couleurs, par ! la plume de Jean-Jacques Gautier, au film belge « Bongolo ». Or « Bongolo » a précisément été développé et tiré en copies par G.T.C. à Joinville (France). L'incident donne l'occasion de signa| 1er que nous possédons à Paris d'excellents laboratoires, équipés pour le traitement des négatifs et des positifs, en pellicules Agfacolor, Gevacolor, Ferraniacolor notamment, et que, dès que
Il'Eastman-Color sortira en Europe, il trouvera ici la même qualité de travail, puisqu'il s'agit de procédés à copulants analogues. Le laboratoire le plus ancien et le plus important dans cette spécialité est Eclair-Tirage. G.T.C. l'a suivi, et nous savons que L.T.C. doit commencer prochainement.
Beaucoup de pays confient leurs travaux couleurs aux labos de Paris, pour les films belges, espagnols, portugais, égyptiens, italiens, indiens, par exemple.
Cependant nous nous trouvons, en ce début de saison 52-53, devant un apport accru de grands films américains en couleurs, alors que notre production personnelle est encore, sauf quatre films cette année, en noir. Le fait est bien regrettable, et nous avons une fois de plus manqué d'allant, dans une voie où nous étions engagés avant bien d'autres.
Le film aboutit à l'écran. On pouvait jusqu'à présent laisser le producteur affirmer qu'un bon film se défend toujours et que la couleur ne sauve pas un film médiocre. L'exploitant pouvait arguer que la couleur ne fait pas une telle sensation qu'elle justifie une majoration de pourcentage. Mais une statistique du Centre National, dont nous indiquions l'intérêt la semaine dernière, vient de mettre en évidence des recettes importantes pour les films en couleurs. Cet attrait est donc un atout sérieux. Ne pas l'avoir peut se révéler d'un jour à l'autre comme une grave erreur, et s'il améliore la recette il joue dans le pour
cent du producteur autant que dans celui de l'exploitant.
Il a été publié des chiffres comparés, qui ne donnent pas une notion exacte des dépenses à engager dans les productions en couleurs. Je vais tâcher d'être plus précis.
Tout d'abord, quels sont les procédés ? Notre ami Richard en fait plus loin un exposé général sous la manchette de « Technique et Matériel », exposé qui montre bien l'abondance des recherches et les difficultés de leur aboutissement.
En novembre 1952, nous nous trouvons devant deux procédés courants. Pour le nombre et l'ancienneté, le premier est sans contredit le Technicolor, puisqu'il a été appliqué à des centaines de films. Sa pellicule vient des Etats-Unis. Ses tirages y sont effectués, sauf accessoirement dans l'annexe de Londres. Ses techniciens viendront-ils installer un laboratoire sur le Continent ? On en parle. Toujours est-il qu'une accélération de l'emploi du procédé est constatée cette année.
Le second procédé est celui de l'Agfacolor, et d'autres systèmes multicouches. Ses supports sont maintenant préparés en divers pays (sauf en France), avec certaines variantes, sous les noms que nous citons plus haut. Le traitement chimique en est également généralisé, et son usage s'étend.
Arrivons aux caractéristiques d'emploi :
Le Technicolor nécessite un équipement de prise de vues spécial, et un matériel d'impression des positifs que l'on sait délicat, et dont l'établissement pour chaque film revient à environ 20 millions. Cette mise en train réglée, une copie normale coûte, importée en France, de 220 à 250.000 francs.
Pratiquement, au delà de 100 copies, c'est un procédé économique.
Le procédé soustractif ou multicouches, type Agfacolor, n'exige pas de caméra spéciale. Sa pellicule vient d'Europe, et son traitement s'y effectue couramment. Développement et tirages ne nécessitent que 5 à 6 millions de mise en train. Par contre, le prix d'une copie est de 260 à 300.000 francs actuellement.
C'est le procédé le plus économique au-dessous de 100 copies.
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Martine Carol et Gérard Philipe interprètent une scène du film de' René Clair, LES BELLES DE NUIT.
(Cliché Frartco-London-Films.)
Pour tirer de ces indications une moyenne, on peut dire que le prix d'une copie en couleurs revient approximativement au double d'une copie en noir et blanc.
Concluons: La couleur ne présente plus de difficultés techniques, ni de restrictions dans ses fabrications et traitements.
Il ne paraît pas douteux qu'une généralisation se prépare, qu'accentue déjà en Amérique le besoin de programmes exceptionnels pour lutter contre la Télévision, besoin qui deviendra nécessité quand la Télévision elle-même sera en couleurs.
Les industries d'Europe ne pourront pas longtemps s'écarter de ce mouvement.
Devant cette nouvelle dépense, le problème de l'amortissement conservera toute son acuité. Mais s'il est fonction des prix de la pellicule et de notre main-d'œuvre, il l'est aussi de la qualité à laquelle atteindront les films en couleurs que nous réaliserons.
Si notre retard en la matière est un écueil, il porte en lui l'avantage de nous pousser à l'effort et nous arme de moyens plus parfaits et plus souples que ceux dont disposaient les réalisateurs qui nous ont précédés.
Pouvons-nous douter de la valeur créatrice et de l'originalité des Français dans cette voie nouvelle ?
P. A. HARLÉ