La Cinématographie Française (1952)

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LA CINEMATOGRAPHIE FRANÇAISE 10 % LA P RESPECTUEUSE (A.) Drame psychologique (95 min.) Origine : Française. Prod. : Films Agiman-Artès Films 1952. Réal. : Marcel Pagliéro, Charles Brabant. Auteurs : Pièce de théâtre et dial, de J. -P. Sartre ; adapt. de J.-L. Best et A. Astruc. Chef-Opérateur : Eugène Shuftan. Musique : Georges Auric. Décors : Maurice Colasson. Dir. de Prod. : Sacha Kamenka. Montage : Monique Kirsanoff. Chef-Opér. du son : T. Leenhardt. Interprètes : Barbara Laage, Ivan Desny, Walter Bryant, Marcel Herrand, M. Olivier, R. Bailly, Y. Laffon, Hilling, Dhéry, N. Vogel, A. Valmy, Martin, Lepage, Paulet, Harold. Première représentation (Paris) : 8 octobre 1952. Prix pour la Meilleure Musique à Georges Auric à la Biennale de Venise 1952. CARACTERE. — Précédé d’une scandaleuse renommée, provoquée plus par son titre que par son sujet, ce très bon film judicieusement adapté et parfaitement réalisé d’après la célèbre pièce de Jean-Paul Sartre est certainement destiné à effectuer une très belle carrière. Son sujet d’ailleurs est beaucoup plus philosophique que répréhensible par son caractère audacieux. C’est, vu par un esprit libre et indépendant, le problème Noir tel qu’il existe aux Etats-Unis. Outre la mise en scène qui est parfaite, il convient de signaler les excellents débuts de la jeune comédienne Barbara Laage. SCENARIO. — Aux U.S.A., Teddy, neveu dit sénateur Clark (M. Herrand), a tué un Noir. Les seuls témoins de ce drame sont une entraîneuse, Lizzie (B. Laage), et un homme de couleur, Sidney (I. Desny). Fred (W. Bryant), le fils du sénateur, séduit Lizzie et tente d’obtenir d’elle qu’elle déclare avoir été victime d’une tentative de viol de la part des Noirs ; Teddy serait venu à son secours. Après de violents refus et de longues hésitations, Lizzie, subjuguée par le Sénateur à qui cette affaire risque de coûter la situation, finit par accepter. La foule outrée veut lyncher Sidney qui se réfugie chez Lizzie. Fred le découvre chez elle et s’apprête à le livrer, lorsque Lizzie, revolver au poing, prend la défense du Noir et assure sa retraite. REALISATION. — L’excellent travail d’adaptation qui rend plus accessible encore ce problème au grand public européen, est soutenu par une mise en scène précise qui crée admirablement l’ambiance voulue. La technique, excellente elle aussi, parvient souvent, grâce à l'habile montage des vues tournées aux EtatsUnies mêmes et des scènes réalisées à Paris, en studios, à donner l’apparence d’authenticité nécessaire. Tous les efforts des auteurs, des réalisateurs et des interprètes sont destinés à mettre en valeur le sujet et le drame psychologique qu’il développe. Tous y parviennent admirablement. INTERPRETATION. — Le rôle délicat de Lizzie a été confié à une jeune chanteuse de cabaret qui fait là de sensationnels débuts de comédienne. Sans jamais être bassement vulgaire, Barbara Laage campe avec recherche une fille de joie moraliste dont les réparties lapidaires font apprécier à sa juste valeur l’esprit du dialoguiste. Elle sait aussi, dans un simple jeu de physionomie, faire apparaître les remous qui bouleversent son âme. Ivan Desny, comédien américain de couleur, est étonamment expressif et émouvant. Marcel Herrand sait avec grandeur et conviction exprimer des sentiments révoltants par la basse machination qu’ils laissent deviner, par son cynisme. Tous les autres interprètes s’incorporent parfaitement à leur personnage. — P. R. + 'LE COMTE DE MONTE-CRISTO" 4* Jorge Mistral. Elina Colomer, Santiago Gomez et Nelly Meden sont les principaux interprètes du Comte de Monte-Cristo, production argentine de Sono, réalisée par Léon Klimovsky. CRITIQUES DES FILMS $ /er Novembre 1952 — i JE L'AI ETE TROIS FOIS (A.) Comédie humoristique (83 min.) Origine : Française. Prod. : S. N. E. G.-Cinéphonic-P. Wagner, 1952. Réal. -Auteur : S. Guitry. Chef-Opérateur : Jean Bachelet. Musique : Louiguy. Dir. de Prod. : André Deroual. Montage : Raymond Lamy. Chef-Opérateur du Son : F. Janisse. Interprètes : Sacha Guitry, Lana Marconi, Bernard Blier, M. Lemonnier, P. Carton, S. Paris, S. Varenne, Arius, G. Taffin, S. Mallet, P. Perrey, J. Camp, J. Anguetil, Ch. Darbel, de Funès. Premières représentations (Cannes) : 20 août 1952 ; (Paris) : 24 octobre 1952. CARACTERE. — L’esprit de Sacha Guitry transforme cette transposition à l’écran, d’une comédie, dont il est l’auteur, en un feu d'artifice de répliques, ou la finesse et l’humour ne s’amenuisent pas un instant. Les mots d'auteur, les réparties spirituelles, ne cessent de s succéder. Par ses situations osées, son texte audacieux, cette œuvre reste accessible à un très large public. SCENARIO. — Jouant à MonteCarlo, le comédien Jean Renneval (Sacha Guitry), séduit Thérèse Verdier (Lana Marconi), qui l’attend chez elle après le départ en voyage, de son mari, Henri Verdier (Bernard Blier). Celui-ci, au dîner, raconte à Thérèse et à son amie Henriette (Meg Lemonnier), comment Lucie (Simone Paris), sa première femme, l’a trompé avec Hector (Bernard Blier), son sosie, et Juliette (Solange Varenne), sa deuxième épouse , l’a trompé avec le Sultan de Hammanlif (Louis de Funès). Ayant raté son train, Henri trouve un homme dans le lit de Thérèse. Renneval sort de la chambre en cardinal. Usant de l’autorité du costume, il convainct Henri qu’il doit accepter ce troisième cocuage, sans que celui-ci se doute que son interlocuteur est un acteur en costume de scène. REALISATION. — Aucune recherche technique n’apparaît dans cette production, dont tout l’intérêt reste axé sur le dialogue. Les décors réels ont été utilisés avec habileté, donnant ainsi une grande variété de décors. Les extérieurs, peu nombreux, ont été bien choisis. INTERPRETATION. — Sacha Guitry est lui-même avec son jeu si personnel et sa diction aux inflextions si typiques. Bernard Blier est « un « cocu-né », résigné à ses malheurs conjugaux répétés. Lana Marconi a de très jolies toilettes qu’elle porte avec élégance. Meg Lemonnier en confidente, Pauline Carton en habilleuse blasée, sont excellentes. Les nombreux autres rôles sont joués avec sobriété. — P. -A. B. L’ILE DES AMOURS (G.) (New Mcon) C’cmédie musicale à grand spectacle (104 min.) (V.O. D . ) Origine : Américaine. Prcd. : Robert Z. Leonard 1940. Réal. Robert Z. Leonard. Auteurs : Dial, de J. Deval et R. Arthur. Chef-Opérateur : William Daniels. Musique : Sigmund Romberg. Dir. artistiques : C. Gibbons, E. Imazu. Décors : Edwin B. Willis. Montage : Harold F. Kress. Interprètes : Jeanette M?c Donald, Nelson Eddy, Mary Boland, G. Zucco. H. B. Warner, G. Mitchell, S. Fields, R. Pureell, J. Miljan, J. Simpson, W. Tannen, B. Cutler. Premières représ mations (Mcnte-Carlc) : 21 août 1949 ; (Paris) : 22 octobre 1952. CARACTERE. — Les deux célèbres vedettes du chant, Jeanette Mac Donold et Nelson Eddy, réunies à nouveau. animent cett transposition d’une cpérette célèbre. Des séquences vivantes alternent avec d’autres où « bel canto » et amour s'entremêlent plus statiquement. La réalisation est fort luxueuse, les airs agréables à entendre. SCENARIO. — En 1789, de par son attitude antiroyaliste, le Duc Charles de Vidier (Nelson Eddy), sous le nom de Charles-Henri Michon, est déporté en Louisiane. Vendu comme esclave, il est au service de la Comtesse Marianne de Beaumanoir (Jeanette Mac Donald), qu’il ne peut s’empêcher d’aimer. Charles soulève les autres esclaves blancs, s’empare d’un navire pour regagner la France. Marianne, éprise en secret de Charles, cingle alors vers la métropole pour l’y retrouver. Son navire est pris à l’abordage par Charles. Un naufrage les isole tous sur une île. Pour éviter le pire, Marianne accepte d’épouser Charles. Peu à peu, ils s’avouent leur amour. La nouvelle de la prise de la Bastille rend honneur et liberté à Charles. REALISATION. — Robert Z. Leonard a traité cette comédie musicale en reconstitution historique et film d’aventures. Certaines erreurs feront sourire : la « Marseillaise » chantée en 1789, de même que le drapeau tricolore sous la Royauté. La photographie soignée comporte des éclairages intéressants. L’enregistrement sonore e_gt excellent. INTERPRETATION. — Jeanette Mac Donald n’a rien perdu de sa belle voix. Elle porte les costumes avec distinction. Nelson Eddy, plein, d’allant, campe un personnage vivant, qui chante d’une voix chrude et prenente. Mary Boland est amusante. Les chœurs sont bien réglés et dirigés. P.-A. B. LES CRITIQUES DE NOTRE DERNIER NUMÉRO (N 1489, 25 octobre 1952) PAGE 10 : PLUME AU VENT, 97’. Dist. : COCINOR. LES CONQUERANTS SOLITAIRES, 92'. Dist. : SEINE PRODUCTION. FAUST, 85'. Dist. : DISCIFILM. TROIS DAMES ET UN AS, 89'. Dist. : VICTORY FILMS. LE MUR DU SON, 110'. Dist. : CINEDIS. PAGE 12 : PLAISIRS DE PARIS, 90'. Dist. : DISCIFILM. UMBERTO D, 80'. Dist. : CINEDIS. LA MAUDITE, 102'. Dist. : MONDIAL FILMS. BOMBA DANS LE VOLCAN EN FEU, 76'. Dist. : CINEFI. ALERTE AUX HORS LA LOI, 56'. Dist. : DISMAGE. L'AGONIE DES AIGLES (G.) Drame historique (83 min.) Gevacolor Origine : Française. Prod. : Trianon Films, 1951. Réal. : Jean Alden-Delos. Auteurs : Scén. de Jad, d’après le roman de G. d’Esparbès, « Les DemiSolde », adrpt. et dial de J. AldenDelos. Chef-Opérateur : Jean Le Hérissey. Musique : François-Julien Brun. Participation de la Garde Républicaine de Paris. Chansons de T. Richepin. Décors : Claude Bouxin. Dir. de Prod. : Jean Velter. Montage : Madeleine Bagisu. Chef-Opérateur du Son : R. Teisseire. Interprèt s : Roger Pigaut, Noël Roquevert. Ch. Moulin, Rognoni, P. Morin, J. Mauvais, G. Castrix, G. Bréhat, R. Allan, J.-M. Lambert, P. Lalloz. L. Corne, J. Berton, M. Dorléac, H. Valbel, C. Pearl. Présentation corporative (Paris) : 24 octobre 1952. CARACTERE. — Le roman célèbre d’Esparbès inspire cette nouvelle version cinématographique en Gevacolor. A cet excellent sujet, la couleur ajoute son charme. L’intrigue narre les aventures des anciens soldats de l’Empereur, mis en d mi-solde et conspirant sans cesse peur rétablir leur idole, puis son fils, à la tête de la France. La participation de la Garde Républicaine, constitue un fort bel apport avec sa cavalerie et sa fanfare. SCENARIO. — En 1822, dans toutes les grande villes de France, le Gouvernement réprime, avec une sorte de rage, les conspirations fomentées par une poignée d’hommes, les demi-solde. Vainqueurs sur tous les champs de batailles de l’Europe, ils rénovent dans le peuple le culte de l'Empereur. De la masse des agitateurs, des énergies se dégagent : le colonel de Montander (R. Pigaut) et le capitaine Doguereau (N. Roquevert). Une femme perd Montander et, avec lui, ses camarades. Lise (C. Pearl) avait juré de venger son amant, M. de Breuilly, tué en duel par Doguereau. Devenue la maîtresse de Montander. elle permit à la police de le surprendre avec ses camarades. Le conseil de guerre condamne à la peine de mort Montander, Doguereau et quatre autres demi-solde. Les soldats français ayant refusé de tirer sur ces braves, il fallut aller chercher les Suisses pour procéder à l’exécution. REALISATION. — Habile réalisation d’un sujet connu, dont la version précédente, avec Constant Rémy, reste encore présente dans bien des mémoires. La couleur est excellente et l’opérateur a profité au mieux des chatoyants uniformes de cette époque, contrastant avec les redingotes noires des demi-soldes. Jolie évocation très spectaculaire, du retour de l’Aiglcn, passsnt en revue les soldats de l’Empereur. INTERPRETATION. — Noël Roquevert crée, avec un relief étonnant, son personnage de soldat infirme, fidèle à un grand souvenir. L’autorité de son jeu domine le film. Roger Pigaut est un Montander séduisant, dc-nt le penchant peur le beau sexe cause la perte. La jolie Colette Pearl, seule interprète féminine, s'acquitte avec intelligence de son rôle d'artiste séduisante, recourant à son charme pour se venger. L’ensemble de l'interprétation mérite des éloges. — G. T. "L'HOMME TRANQUILLE" bat le record de violence 4» John Ford qui a obtenu trois Oscars au cours de sa carrière, vient de battre, avec L’Homme Tranquille, un nouveau record. Dans cette importante production en Technicolor qui a reçu un Grand Prix International à la Biennale de Venise, le maître du film d’aventures nous offre un combat de près d’un quart d'heure dont la durée n’avait jamais été égalée au cinéma. Opposant John Wayne et Victor Mac Laglen — les deux plus célèbres bagarreurs de l’écran — ce pugilat bat aussi, faut-il le dire, le record de la violence. Première comédie de John Fcrd, L’Homme Tranquille est fidèle à la réputation de son auteur.