La Cinématographie Française (1936)

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♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ La Technique du Montage de Film par Léonide MOGLY Le spectateur a appris non seulement à distinguer un bon film d’un mauvais, mais à se rendre compte de la technique, de la mise en scène, et du jeu des artistes qui at; tire particulièrement son attention. Toutefois, la majeure partie du public ignore la « cuisine du film », les divers éléments auxquels il doit de voir se dérouler devant ses yeux un film parfaitement régulier. Je veux parler ici du MONTAGE DU FILM Un metteur eu scène, avant même d’aborder les prises de vues compose son film en séquences et en scènes séparées. Il connaît les épisodes indispensables à l’action, et crée des scènes de transition qui en assurent la liaison logique. Il monte son film dans son scénario et découpage, car le découpage c’est la ligne générale du montage. Malgré ce minutieux travail de préparation, un film dont le métrage total, une fois terminé, varie entre 2,200 et 2.600 mètres, nécessite l’utilisation d’environ 10 à 20.000 mètres de pellicule, en moyenne. On connaît même, dans le cinéma, certains films de 2.500 mètres pour lesquels 50.000 et 100.000 mètres de pellicule furent utilisés. Les raisons qui provoquent ces dépassements sont très nombreuses : présence sur la pellicule image ou son de personnes, d’objets ou de bruits étrangers à la scène, éclairage ou maquillage défectueux, pannes d’appareils, erreurs de texte, etc... On pourrait écrire des livres sur les causes qui empêchent le travail normal au studio, et qui obligent à tourner une scène cinq, dix, quinze fois de suite. On fait ensuite tirer les prises qui paraissent satisfaisantes, et après les avoir reçues du laboratoire, le metteur en scène et ses collaborateurs choisissent pour chaque scène la meilleure prise. Enfin, une fois les prises de vues terminées et les scènes choisies on commence le montage du film ou plutôt une nouvelle mise en scène dans le montage. QU’EST-CE QUE LE MONTAGE? Le montage n’est pas un découpage mécanique, ou un simple assemblage des scènes tournées, mais une composition artistique. Un film artistique, c’est une œuvre composée avec le sentiment et la compréhension des mesures et des proportions. Le montage est en quelque sorte la syntaxe du film : c’est le problème de stylisation. Un film bien monté c’est une précision dans et de l’action. Chaque scène, chaque détail, chaque pause dans un film doit se trouver dans la ligne générale du film — dans l’action directe de celui-là. Les longueurs, les pauses des images en trop nuisent à l’action et au rythme du film. Léonide Moguy, un de nos meilleurs spécialistes du montage, a bien voulu écrire pour nos lecteurs un article sur le montage. On sait que M. L. Moguy vient d’aborder la mise en scène avec le film « Le Mioche ». 1° Peut-on apprendre à monter un film? 2° L’école du montage existe-t-elle? Dans « la bonne cuisine » du cinéma dans le montage — c’est comme par exemple, dans la peinture. On peut apprendre les éléments du montage comme on apprend les couleurs, les petits dessins — mais pour composer un beau tableau, où chaque détail « parle » il faut du goût, de l’instinct et de l’intuition. DE LA MESURE, DU RYTHME Un peu de couleurs par ici, par là, une, deux images dans une scène, trois, quatre, dans une autre un mot, une parole, un geste, une pause à couper ou à ajouter, pour tout cela il faut savoir la mesure, il faut sentir le rythme. Pour cela une école n’existe pas. On ne peut dire pourquoi il faut couper ou ajouter quelques images en faisant le montage d’un film. On le sent ou on ne le sent pas. Le montage des scènes séparées crée l’épisode, le montage des épisodes crée le film. L’échafaudage du sujet a comme base le montage de plans déterminés, groupés en épisodes dont la succession assure la bonne exposition du sujet. Parallèlement à l’action dramatique proprement dite, la succession d’épisodes diamétralement opposés tant par le rythme qui les anime que par l’ambiance qu'ils créent, arrivent à provoquer la tension et l’intérêt du spectateur. C’est David Griffith qui a innové ce système de montage par contrastes; il l’a utilisé en particulier dans son film Intolérance lors des scènes de poursuites, de siège et de sauvetage des héros. De même, dans les Deux Orphelines, lorsque la lame de la guillotine s’apprête à faire son œuvre, il crée chez les spectateurs une tension fiévreuse en opposant le ralenti des préparatifs de l’exécution, au temps rapide de l’approche de ceux qui doivent sauver le condamné. Le premier souci de celui qui monte un film est de ne pas fatiguer le spectateur physiquement. Un bon metteur en scène, un bon monteur de film, doivent être d’abord de bons spectateurs. L’art cinématographique, particulièrement en ce qui concerne le scénario, la mise en scène et le montage, est le résultat d’une grande observation. Il est difficile à un metteur en scène de créer un film artistique, sans connaître les lois physiologiques et psychologiques de la nature humaine. Ceci est élémentaire, comme il est élémen taire pour tout véritable artiste de penser à son futur spectateur ou à son futur lecteur en créant son œuvre. Le spectateur veut voir un film calmement, sans avoir à dépenser d’énergie ou à fournir un effort. Quand il est contraint de forcer son attention pour comprendre le dialogue, ou quelque scène rendue incompréhensible par la mise en scène ou le montage, il se met en colère, et... comme il a raison ! LES CHANGEMENTS DE PLANS Le changement de plans, le passage du plan général au plan moyen, au gros plan, ne peut pas s’effectuer au gré de l’inspiration comme pendant le montage des films muets. Actuellement, le monteur doit ménager l’attention du spectateur non seulement dans le changement des plans visuels, mais aussi dans le montage du son, et cela l’oblige à observer scrupuleusement une ligne de travail. Les yeux et l’oreille du spectateur acceptent volontiers la succession rapide et inattendue des images et des sons, à condition qu’elle se fasse conformément aux règles esthétiques et logiques. Dans le cinéma, comme dans chaque art, il faut attribuer moins d’importance aux effets techniques qu’à Yeffet psychologique. Le metteur en scène doit savoir quel est le plan qui lui sera nécessaire pour produire cet effet : il donne à chaque scène un rythme déterminé par le style du film, et il ne donne pas le même rythme aux films psychologiques et aux films comiques. Par contre, un montage long et lent (employé de préférence dans les films d’ordre psychologique) accentue l’action, développe l’intensité de l’effet dramatique, et par conséquent émeut plus profondément. La physiologie du film ne doit pas exister pour le spectateur. En regardant l’écran, le spectateur doit s’abandonner à l’impression psychologique qu’il subit et cela pour une même scène, ou encore les « trucs ». Le montage comme la mise en scène, la photo, le décor doit être dans l’ambiance, dans l’action de l’histoire, sans attirer particulièrement l’attention du spectateur. LA PERCEPTION VISUELLE Dans certaines scènes dont le dialogue prend une importance capitale pour le déroulement de l’action et attire l’attention du spectateur, toute scène, les détails, tout mouvement, acte ou son qui ne sont pas dans l’action directe du film détourneront l’attention du spectateur qui en sera agacé. Le lieu et le temps sont donc basés, au montage, sur les données empiriques de la psychologie de perception visuelle du spectateur. C’est ainsi que des images tournées