La Cinématographie Française (1936)

132 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ CINE!» FRi iRAPHïE ISE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦^ Bilan semestriel Nord 'Africain (De notre correspondant particulier.) Le premier semestre de 193>6 est termine. La crise n’a nullement épargné les salles nord-arncairtes qui, depuis un an, voient le nombre ce leurs hamtues diminuer progressivement comme une peau ne chagrin. Car au malaise general s'est mêle la création (te nouveaux etablissements. La plupart des exploitants font cependant de touabies eîrorts pour présenter des films de valeur mais le public ne répond pas toujours à rappel et le succès n’est pas souvent celui escompte. A côté de belles carrières fourmes au cours de ce semestre par : « Deuxieme Bureau », u La Kermesse héroïque », « Folies-Bergère », « La Dame aux Camélias », « Veille d’Armes », « Baccara », « Cigaion et Merlusse , » Samson », « Intelligence Service », « Mayerlmg », « IVSarinella », u La Garçonne », o Désir », etc..., combien d’autres, pourtant eux aussi de qualité, sont passés inaperçus. Les grandes salles de première semaine tiennent ainsi difficilement « le coup ». Si elles ont de temps en temps de bons rendements, elles ont souvent aussi d’importants déficits d’exploitation et leur équilibre est instable. Certains exploitants qui avaient pratiqué la politique d’abaissement du prix des places se sont vite rendu compte de leur erreur et ont ramené leur tarif à de plus justes proportions. Ce revirement est dû aussi à l’intransigeance de la concurrence qui maintint, malgré tout, ses prix. Oran est peut-être la seule grande ville de notre colonie à offrir des spectacles à prix ultra-réduits et le nombre exagéré des salles y est pour beaucoup. Et dire qu’il y a encore dans l’air oranais plusieurs projets de création de nouveaux cinémas! Une limitation du nombre ae salles sera.i à coup sûr un grand bienfait. D autre part, l’application d’un barême corporatif déterminant un minimum ou prix des places est a envisager. L’Association Amicale des Exploitants Algériens devrait s’occuper de la question. L’ACTIVITE GENERALE Bi M. Henri Murin, agent général de Pallié Consortium Cinéma pour l Afrique du i\ora, a choisi M. Gustave Besset pour le représenter en Tunisie. fil M. Corvietto vient de prendre la direction du Ciné-Lamur d’Oran qui s’appelle maintenant le Lux. M. Thibault, avantageusement connu dans le département de Constantine où il a dirigé plusieurs salles, vient de se voir confier la direction du Colisée de Tlemcen. Pour qui est un peu au courant de l’exploitation sa présence dans un établissement marque toujours une période de prospérité. fi .1/. Ed. Ténoudji, directeur général d’Islyfilm et d’Islythédtre, est de retour d'une tournée d'inspection au Maroc. Profitons de cette occasion pour signaler le changement du Rex de Rabat qui, récemment acquis par le circuit Ténoudji, va s'appeler Le Colisée et les traités de programmation par Islyfilm pour toute la saison prochaine (o2 programmes) avec les cinémas Régent de Meknès, Paris de Mazagan, Ciné-Palace du Guéliz de Marrakech, etc... El On annonce la création d’une nouvelle , aile à Sfcix (Tunisie). 3 L'inauguration du Vox d'Alger est remise à la rentrée d’octobre. El Le Secret de Polichinelle, Baccara, Vogue mon Cœur, Les Mariages de Mlle Lévy sont les récentes acquisitions d’ Islyfilm qui les distribuera dans toute l’Afrique du Nord. Paul Saffar AU MAROC (De notre correspondant particulier.) Casablanca. Le Maroc est bien le pays du paradoxe, puisque cette année le printemps a été particulièrement froid et pluvieux. L’ouverture des cinémas en plein air s’est donc trouvée retardée, et très souvent la pluie a empêché les spectateurs de se rendre dans les cinémas «ordinaires». Les films qui ont eu le plus de succès sont : Le Billet de Mille à l’Apollo, Désir à l’Empire, Maternité au Rialto, Tarass Boulba, Veille d’ Armes, Bourrue hon au Triomphe et au Colisée, Les Dieux s’amusent au Vox. Plusieurs directeurs, parmi les plus importants, sont contre la diminution du prix des places, qui avilit le spectacle en somme sans augmenter le nombre de spectateurs. La formule qui est la leur pourrait s’énoncer ainsi : des prix raisonnables et de beaux films. Il est difficile de n’y pas souscrire. L’application d’un barème corporatif déterminant les tarifs minimums du prix des places leur parait souhaitable, mais pratiquement impossible à réaliser, en raison de certains intérêts tout à fait opposés. De même pour la limitation du nombre des salles, qui serait un bien général! Au Maroc les taxes sont relativement légères (12 % contre 20 % en Algérie). Mais la police est obligatoire et il en résulte une dépense de 125 à 140 francs par semaine et par salle. Les directeurs demandent une atténuation de ces charges. Qp pen~ L’imposante masse du VOX de Casablanca (Photo Paul Saffar) Curieuse façade très attractive du Majestic de Nancy EN TUNISIE (I)e notre correspondant particulier.) La belle saison du cinéma touche à sa tin et le public se fail de plus en plus rare. A noter cependant les efforts de quelques salles, telles que le Colisée de Tunis qui vient de passer Un Oiseau rare, film qui obtint un gros sucés. Voici les films qui ont obtenu les meilleurs résultats : Les Trois Lanciers du Bengale; La Bandéra; David Copperfield ; Le Mouchard ; Princesse Tam-Tam; Intelligence Service; Samson; Les Derniers Jours de Pompéï; Les Mutinés de l'Elseneur et Marinella. La diminution des prix des places, opérée dès le début de la saison par la plupart de nos salles, n’a pas amené de meilleur rendement dans les recettes dont le plafond, en général, est resté sensiblement inférieur à celui des années précédentes. Les prix des places ont été ramenés de 3 à 10 et 12 francs pour les salles de première vision du Centre; celles de deuxième et troisième vision ne dépassent pas 7 et 8 francs. Quant aux salles de quartier, les prix sont en général de 1 franc à 3 fr. 50 prix maximum. Conséquences : les grandes salles ne s’en tirent qu’au prix d’efforts inouïs, et les salles de quartier ne font pas leurs frais : quelques-unes sont sur le point de fermer. La plupart des Directeurs approuveraient l’application d’un barème corporatif déterminant les tarifs minimums du prix des places car en tenant compte du marasme actuel une nouvelle baisse de prix n’amènerait pas un public plus nombreux. De l’avis de certains Directeurs, il y a trop de salles à Tunis par rapport à la population de la ville, la plus grosse partie de l’élément indigène ne fréquentant pas les salles du Centre. Dès qu’une ou deux salles de première vision projettent un gros film, toutes les autres sont désertées pendant la semaine, et le bruit court qu’une autre salle de première vision s’ouvrira au Centre au début de la saison prochaine... — Jean Rigopoulo.