La Cinématographie Française (1937)

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351 L’Œil du Cyclope UNE NOUVELLE MÉTHODE DE PUBLICITÉ APPLICABLE AUX FAÇADES C’est un spectacle qui a fait — car c’est déjà du passé, hélas! — les beaux jours et lesi belles nuits de l’Exposition. Il se donnait à l’ombre de la Tour Eiffel et des jets d’eau en fleur. Une petite foule est; là, badauds agglomérés, retenus au passage par un gigantesque panneau scintillant d’arabesques électriques : l’orgueilleux fronton du Palais de la Publicité, accoté au flanc de son meilleur ami, le pavillon de la Presse. Cet œil de cyclope, crépitant de lumière, qui mesure cinquante mè Itres carrés, qui peut s’illuminer de 2 1 .000 lampes à la fois, que chacun, tête levée, regarde, c’est l’un des plus violents pôles d’attraction de l’Expo'sition, c’est le Luminograph, puisqu’il faut l’appeler par son nom quelque peu barbare. Ville dans la ville, l’Exposition Internationale a donné droit de cité à la Publicité. Grande et légitime victoire pour celle-ci qui, naguère encore, s’intitulait peureusement la « réclame ». Le temps passe. Dame Réclame est morte et sa fille, aujourd’hui, claironne son nom, son utilité, ses mérites par le monde. Pourquoi non? Elle fait vivre des millions de gens par le monde. Et la voilà en passe de devenir un art... Imprévu, tentant, « accrocheur », — on nous permettra l’expression, — le Luminograph a séduit le public. Et le public en a oublié le feu d’artifice, méprisé l’embrasement de la Tour pour celui du panneau aux 21.000 lampes. C’est ce que tout cela est fort réussi. Les contours d’une bouteille s’inscrivent en traits de lumière. Et c’en est assez pour que ce brave père de famille, tout encombré de marmaille, coupant court aux « Dis, papa, qu’est-ce que c’est? », lance le nom de son apéritif préféré. Tout s’éteint. Entr’acte, panneau aveugle. Oh! pour une seconde. Voici qu’un parapluie se dessine... une pluie lumineuse, une cascade dorée vient le battre joyeusement. Avant que les mots n’aient précisé le sens de l’image, la tante de province s’écrie : « Ça me fait penser que je voulais acheter un dixième pour le prochain tirage. On ne sait jamais, il ne faut qu’une fois, et... » Mais la pluie s’est arrêtée. Jambes mollement étendues, un monsieur sans tête (l’homme invisible, évidemment) se prélasse sur un siège qu’on devine confortable. Un titi, allègrement, s’écrie : — Alors, il est garanti pour longtemps ! C’est ainsi que le Luminograph pose des devinettes, éveille la mémoire, attire le regard, retient, charme et, en vérité, émerveille. Et il émerveille d’autant mieux que personne ne comprenant son fonctionnement, chacun, cependant, est séduit par la vertigineuse rectitude avec laquelle, d’ampoule en ampoule, les graphiques s’inscrivent, forment un tout parfait, meurent enfin. A l’instant, d’autres succèdent. Cet appareil, c’est à ses créateurs que nous allons demander comment il a été conçu. Il offre un triple mérite — et d’abord celui d^être une invention française. Les deux aladms de ces lampes merveilleuses sont, en effet, M. Armand Zouckermann, inventeur du procédé, et le grand illustrateur Jean Carlu. Jamais l’art et la technique n’auront été mieux associés. Second mérite — mérite suprême à nos yeux — le Luminograph est un spectacle. On le subit, mais par plaisir. Il vous a arrêté. Et alors que vous étiez libre de poursuivre votre chemin, il vous retient invinciblement. Là où la publicité cherchait à s’insinuer, elle s’impose. Elle plaît. Elle parle merveilleusement à l’imagination. C’est un succès. Est-ce parce que — troisième mérite — elle est inédite? Elle constitue en tout cas, dans le domaine de la publicité lumineuse, un mode entièrement nouveau. Nous en étions restés à l’enseigne fixe ou mobile et au journal qui ceinture le front des immeubles de son aérienne typographie. Celui-ci demande du lecteur un effort prolongé d’attention. On sait que la phrase est fragmentaire et par là même lente. Quant à l’enseigne, qui n offre que des possibilités très réduites de combinaisons (deux ou trois) , elle détruit rapidement elle-même son effet de surprise. Le panneau lumineux du Palais de la Publicité à l’Exposition de Paris Le Luminograph, au contraire, permet un nombre de combinaisons illimitées. Les graphiques qu’il compose — textes, figures ou dessins — sont, répétons, -le, variables à l’infini. Et cela sans que le dispositif électrique, une fois mis au point et monté, ait à subir la plus légère modification. Enfin, le tableau Luminograph, constitué par des lampes juxtaposées, inscrit les graphiques à la cadence de l’écriture, donnant ainsi au spectateur l’impression qu’ils sont tracés devant ses yeux au fur et à mesure. Graphiques en une, deux, trois ou quatre couleurs simultanées... Passons au fonctionnement. Les dessins élaborés par l’artiste sont placés dans une machine qui les traduit en perforations sur une bande de papier sans fin. Chaque point du croquis est enregistré sous forme de trois perforations : l’un correspond au secteur de l’appareil auquel il appartient, le second à la zone, le troisième à la lampe. Cette bande sans fin est ensuite introduite dans le Luminograph et mise en marche. L’éclairage de la lampe se fait par électro-aimant. Enfin, on a résolu avec élégance un autre problème : une lampe qui s’éclaire au cours d’un dessin doit rester allumée jusqu’à la fin de ce dessin. Mais celui-ci terminé, un nombre considérable d’électro-aimants (6.000 dans un même motif, parfois) sont enclenchés. Afin de réaliser l’extinction simultanée, on fait usage de l’air comprimé. Telles sont, brièvement résumées, quelques-unes des innovations qui font du Luminograph un appareil qui n’a pas aujourd’hui son rival. Les effets qu’on en obtient ne seraient limités que par une chose : l’imagination de l’artiste qui est infinie... R. Chalmandrler.