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DU CINEMA
Dents Blanches. Vous ne chercherez pas autre chose, je pense, que « des aventures dramatiques » dans cette longue histoire, rendue un peu plus compliquee encore que nature par les soins d'une censure diplomatique et completement idiote. C'est a cause des Espions et des Contre-Espions que par mesure de prudence... Mais s'il y a la un film remarquable c'est que par bonheur aucune notion « morale » ne s'y trouve impliquee, a l'encontre de tons les ignobles films de genre recemment edites. La seule opposition, elementaire, nette et indispensable aux actes, du traitre et du loyal, du voleur et du contre-voleur, met tout en marche. Entrent tour a tour en jeu des personnages dont le caractere est evident : le maitre (durete, cruaute, genie de la cruaute, etc..) ; le chef de la surete (ridicule et impuissant) ; le jeune detective et Fespionnefemme-fa>'ale-qm-tombe-amoureuse-de-sa-proie. Ce sont des cas. Je ne les prends pas au serieux, mais des qu'ils bougent, des qu'ils luttent, des qu'ils se chassent a travels des decors bruyants et quelque peu gigantesques, je ne lis plus. II s'agit de savoir « comment lis vont sortir de la » et « comment tout cela va finir ». II y a de tres beaux mouvements, une poignante rapidite d'echanges entre les decisions et les volontes, de folles transformations a vue, et une de ces « centrales d'energie », un de ces dedales de complots et de crimes patiemment cousus, d'ou peut par miracle sortir quelque chose de grand. Le seul gachis provient de Metropolis et de cet insupportable gout pour le faste esoterique qui tient Fritz Lang, ce melange de faux luxe amencam et de niaises historiettes a ressorts. Mais je n'oublierai jamais ce voleur de documents (un beau role) qui filait en motocyclette avec le vrai visage de la delivrance.
ANDRE DELONS.
A GIRL IN EVERY PORT (POINGS DE FER, CCEUR D'OR) , par Howard Hawks (Fox-Film) .
Le succes de ce film n'a, dans son unanimite, nen de suspect. C'etait exactement, dans la production amencaine courante, A Girl in Every Port qui devait le mieux combler l'attente engourdie des amateurs de cinema, le mieux faire diversion. Fehcitons de leur flair ceux qui eurent l'idee de passer cette bande aux Ursulines.
II y a longtemps que j'attire l'attention sur Howard Hawks, sur son style simphficateur, sa facon de composer un film par tranches violentes, et l'etonnante seduction de ses images. Hawks execute tout ce qu'on sait qu'il faut lui donner a fane avec la meme simplicite, la meme surete reconfortante. II est un de ceux qui, — sans vieillir, assistes d une quantite calculee de collaborateurs courageux, sachant et adorant leur metier et devenant dans leur specialite de ventables magiciens, — continuent la bonne tradition americaine (1). Les films de cette sorte me donnent a peu pies tous autant de satisfaction et de plaisir.
(1) Le cinema vit encore sur les habitudes de l'ecole amencaine qui 1 onl domine jusqu'a present; — meme si Sternberg, avec un ouvrage
J'espere que tout le monde a maintenant vu A Girl in Every Port. Je signalerai tout de meme, a mon tour, la beaute de la petite hollandaise, de la petite argentine (Maria Alba) , la perfection athletique de Louise Brooks, aussi attirante et aussi a gifler que de coutume. Les consequences impayables de la colere de Mac Laglen chaque fois qu'il voit sur les femmes qu'il trouve la marque d'un predecesseur inconnu, toujours le meme. La parfaite evidence des brutales rencontres des deux copains avec la police maritime. Et la scene de taquinerie amicale oil Armstrong met un morceau de quelque chose sur son epaule pour faire l'officier, et ou ll se laisse tomber dessus quatre fois de suite et de quatre manieres differentes, obligeant Mac Laglen a venir a son secours et a interrompre ainsi a chaque instant un flirt engage avec une belle fille. Et quand a la fin les deux amis tombent dans les bras l'un de l'autre apres s'etre casse la figure.
Et tout le reste. Mais oui ! On assiste a ce qui arrive dans ce film comme par une chance inesperee, cache derriere une pahssade et en se tapant sur les cuisses.
J. G. A.
LA ZONE, par Georges Lacombe.
Un documentaire ou Fanecdote ne joue aucun role; oil les evenements vus avec la simplicite et la cruaute quotidiennes revetent une necessite implacable, font la chaine de toute une vie ; ou l'ecran est l'ceil de verre. Jusqu'ici, a part les films de voyages qui prennent l'aventure aux pieges relativement faciles de l'exotisme et l'emotion aux pieges de la curiosite et d'un certain decalage des fac.ons de vivre, il n'y avait pas de bon documentaire. La Zone prouve peremptoirement qu'un documentaire peut nous emouvoir sans avoir recours au pittoresque ou aux accidents de la vie. La Zone n'est pas sans presenter une certame analogie avec Moana — analogie qui n'a rien a voir avec la technique du film — : meme simplicite, meme souci d'objectivite; des deux cotes l'effacement du metteur en scene devant une realite qu'il veut rendre evidente. C'est ainsi qu'apparait une certaine forme du fantastique qui vient, aussi bien dans La Zone que dans Moana ou Chang, de notre intrusion dans un monde oil toutes les valeurs sont modifiees; les gestes et les attitudes, l'atmosphere generale et les incidents prennent pour nous a travels leur expression directement reelle un sens mysterieux et symbolique (a la facon des Memoires de l'Ancien Regime ou du Cahier Rouge de Benjamin Constant, si Ton veut) . II ne s'agit d'ailleurs pas de reahsme
formidable comme Ics Nuils Jc Chicago depasse ces usages, si Murnau ne les accepte que de loin en loin par amabilite, par ruse.
Les quelques oeuvres spontanees, creees en Europe par des poetes qui nous ont permis d'entrevoir autre chose, ne pourronl jusqu a nouvel ordre se reproduire que par miracle; car les industries cinematographiques sont dans un drole d'etat dans nos pays et bien etrangemcnt gouvernees. La prochaine revolution viendra encore d'Amenque ; elle est deja proclamee, c'est celle du film parlant et sonore. II ne nous est pas encore possible d'ailleurs den soupconner les consequences.