La Revue du cinéma (1928 - 1929)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

DU cin£ma ... Nous savons que le Cinema a cree une Chair, une Mer, un Desir qui lui appartiennent exclusivement. Quelques-unes de ses images nous ont conduit a l'extreme limite de la jouissance. Par lui, nous avons connu des etats de grace... Essayer de nier cette Chose qui se nie elle-meme, presque a chaque manifestation, est devenu impossible. Nous sommes dans le Noir, le Noir absolu, le Noir d'lvoire. Le Noir... Oui... Nous sommes en dehors de l'espace... Une apres-midi, par un beau soleil, entrez dans une salle... Asseyez-vous, comme un aveugle. Vous etes mort; l'ecran vous ressuscite. Helas! au bout de quelques minutes, votre oeil se fait a la demiobscurite, vous pensez que votre voisine est bien lmprudente, vous etes gene par ces petits jeunes gens en costume de pelotari qui passent et repassent; ces A." .*m LA FOULE. de K,n§ Vidor. M.C.AI. femmes-matelots vous msupportent, elles vont meme jusqu'a refuser des pourboires. C'est affreux!... Mais votre premiere sensation a ete feconde... Vous sentez votre chair se fondre et vous vous dites : « C'est cela, la Mort... Mais c'est merveilleux... Tout le monde va savoir... » Done, outil admirable... Prenez-le en mains, le suicide vous guette. La grenouille veut se faire aussi grosse que le bceuf. \Jauteur dun film est oblige, pour conserver son potentiel de creation, de se referer a ses reactions de spectaleur. II ne touche jamais, durant son travail, la matiere meme du poeme. II est en dehors de la duree poetique. Et c'est pourquoi Ton sent, dans la coulisse de chaque film, un ennui prodigieux; ll semble que l'auteur, a ses moments de conscience et de lucidite, se soit trouve en presence dune Industrie humiliante dont le fruit, neanmoins, pourra donner des effets inegalables. Ne serait-ce pas aux conditions qui entourent le Cinema, et, en particuher, a ce Noir dont nous parlions tout a l'heure, que le fruit devrait sa pnncipale saveur? Combien de fois n'entend-on pas dire: « Les films les plus stupides m'interessent, je ne m'ennuie jamais au Cinema. » On dirait un livre dont, a chaque mouvement de page, se degage un parfum qui trouble le cerveau, qui le reduit a une vie embryonnaire et le conduit vers une apparition, par un chemin ou l'art et la culture n'ont rien a faire. ... Je comprends de moms en moins... Une sorte de poesie animale m'envahit. En moi, le besoin de produire se developpe en raison inverse du discernement... Lanterne magique? Soit! Ces deux mots sont magnifiques. Je l'ai dit souvent a Jean George Aunol : j'espere que cette Revue facilitera la decouverte d'un modus Vivendi, qu'elle inventera une autre enseigne a notre travail que ce mot : Cinema, lequel correspond, dans l'espnt de beaucoup de gens, a une immense ngolade, a une vulgarisation honteuse. Le Cinema est un mode d'expression populaire. Vulgaire, non. Nulle matiere nest plus propre, plus same, plus etincelante. (Les ouvneres mettent des gants pour manipuler le negatif.) Une simple robe peut y gagner une extraordinaire grandeur. On parle souvent de films « pornos »... Je ne crois pas qu'ils puissent exister. Ce qu'on entend par la, ne sont que taches de collegiens. Les apparences sont contre moi, je le sais... Je sais, j'avoue n'avoir jamais vu, dans