La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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LE CINEMA ET LES MCEURS" Les Hasards du Cinema Les coupures qu'en toute secunte les censeurs commettent en invoquant le pretexte « ecole du crime » ont pour principal resultat d'affaibhr les films. Mais ces messieurs croient egalement proteger la morale : lis pensent que les parfaites deccriptions de vols ou de meurtres sont, dans leur precision et leur habilete, des exemples malsains pour les mauvaises tetes a qui, pour acccmplir de sombres projets, ll manque seulement cette ingeniosite et cette audace que certains films exa'tent si magistralement. Ces messieurs ont bien tort de prendre de semblables precautions. Les heros du revolver et de la pincemonseigneur encouragent rarement les spectateurs a lmiter leurs exploits. Certes, plus d'un, dans son fauteuil, admire en passant le « beau travail », mais ses poings et sa machoire se desserrent bien vite. Tout au plus, celui qui, avant Intervention de tel film, preparait un coup delicat, sera-t-il amene a Fexecuter plus elegamment, plus proprement, a prendre des precautions inedites ; mais ll le fera umquement pousse par la necessite, l'amour, la fohe ou la haine, — non pour le pittoresque dune expedition dangereuse. Vous souvenez-vous de ce precieux fait-divers ? Une petite bande denfants temeraires avaient sabote 1'aiguillage pour faire derailler un train. Interroges, ils repondirent avec plus de sincerite et moins de malignite que les gros yeux du lieu et les journalistes ne le crurent : « Nous voulions voir comment ca ferait ». L'un d'eux, ayant peut-etre decouvert du coup sa vocation, lacha le mot cinema. II n'en fallut pas plus pour faire baisser de moitie les recettes des salles avoisinantes et pour que maintes ames bien intentionnees denoncent le danger public, reclament la protection des faibles et des sanctions contre les ventables coupables. Or ll apparait que du cinema les jeunes entrepreneurs connaissaient plutot la sonnette invisible, les affiches sanglantes et les photos incomprehensibles que 1'ecran prestigieux; ne possedant pas la liberte ou la possibilite de s'offnr une bonne cure de salle obscure, ils se payerent, sans souci des consequences, limitation de film quils trouverent. Le cinema, n'est-ce pas, nexcite guere le desir de reahser. En nous en donnant l'expenence ll nous fait reculer devant des actes nouveaux qui nous tentent; il nous ecarte, dans la vie, de choses fascinantes en nous les faisant toucher du doigt. II nous acccable, nous humilie parfois. Le temps n'est pas loin ou, grace a une synchronisation de rayons ultra-violets, les spectateurs sortiront d'une exploration en Afrique equatonale avec le teint bronze. Si nous pouvons, grace aux films, sauter par-dessus le Po'e Nord, New-York, Tahiti, les Pyramides, le prestige des pays lointains diminue en nous a notre insu. Aussi bien la vue habituelle d'Hindenburg, d'Henry Ford permet a la foule d'avoir avec ces personnages une famihante de voisins, de domestiques. (I) Voir Le Cinema el les Mceurs dans notre N I : Le Cinema et /' Amour, par Bernard Brunius; La Fenetre Magique, par Jean George Auriol.